Il ne manque pas de livres pour se demander à quoi pense la littérature, mais il est plus rare que l'on s'interroge sur le comment. François Jullien s'attelle courageusement à la tâche dans Puissance du pensif ou comment pense la littérature (Actes Sud) en se demandant d'abord "pourquoi la production littéraire, elle qu’on voit fleurir depuis toujours et partout dans le monde, n’a trouvé pourtant son nom propre de “littérature” qu’au seuil du XIXe siècle, en ouvrant la modernité ? Ne serait-ce pas qu’est resté dans l’ombre son propre mode de penser et que pensif pourrait exprimer ?". Être pensif, c’est laisser aller sa pensée en même temps qu’on s’y trouve absorbé : "la pensée s’y relâche apparemment, mais elle ne nous lâche pas. Elle évolue au gré en même temps qu’elle est concentrée, mais au gré de quoi qu’on ne saurait dire ?" En explorant comment pense un roman, un poème, on fera apparaître du même coup un autre universel que l’universel abstrait. Fabula vous invite à lire quelques pages de l'essai.