Faut-il considérer la confession comme un genre, ou voir en elle une modalité de la parole sur soi, définie par la revendication d’une pleine franchise — comme nous y invitent, entre autres, les travaux de Foucault sur la parrêsia ? L’horizon d’une publication (qu’elle soit large ou restreinte, immédiate ou virtuelle) influe-t-il sur la sincérité avec laquelle le scripteur se confie à la page blanche ? La confession écrite repose sur une alliance paradoxale entre la discrétion de la confidence et le fracas de la révélation et du scandale. Selon les œuvres, les époques et les milieux, l’aveu se fait protestation d’innocence, appel à la clémence, affirmation d’une singularité, ou revendication militante d’une différence collective. Issues d'un colloque tenu en Sorbonne en mars 2023, les études réunies par Agnès Cousson, Christine Noille, Emmanuelle Tabet, Alexandre Tarrête pour les Colloques en ligne de Fabula dessinent une histoire de la confession écrite de la Renaissance à nos jours, au prisme d’un corpus varié : les professions de foi religieuses, la parole dissidente des mystiques ou des possédées, les confidences des mémorialistes, les Confessions de Rousseau et les œuvres qui s’en inspirent, les écrits des diaristes, les confidences partagées sur le Web. De sa généalogie lointaine à ses formes actuelles, cet ensemble fait apparaître les virtualités générique et rhétoriques de la confession, et également sa profonde modernité.
Et signalons au sommaire d'octobre d'Acta fabula, le compte rendu donné par Lucie Robert de l'essai de Jean-Louis Jeannelle, Vies mémorables : variations littéraires sur le genre des Mémoires de la Libération à nos jours (Hermann) : "Retrouver les Mémoires : nouveaux regards critiques sur les Vies mémorables au XXe siècle".