
« Je rends chaque coup dans la langue de Césaire ». Le texte de rap, entre poésie et récit francophones (Sorbonne Université, Paris)
Colloque international
Sorbonne Université / Université de Bourgogne / Université Libre de Bruxelles
« On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire »
Kery James, « Le poète noir »
Jeudi 20 novembre 2025
9h : accueil des participants
9h30 : mot d’accueil et d’introduction
10h – 12h : Rap et intertextualité
· Wendmy Garba, Université virtuelle du Burkina Faso : « De l’intertextualité romanesque à l’oralisation dans le rap de Smarty : héroïsme et espérance en dialogue »
· Louiza Kadari, Université Sorbonne Nouvelle : « La pratique d’un art triste : le rap du réel »
· Fadoua Roh, Sorbonne Université : « Casey ou une dialectique de la négritude rythmée »
Pause déjeuner
13h30 – 15h30 : Rap et esthétique plurilingue / pluriculturelle
· Mohcine Ouhiya, Faculté des lettres et des sciences humaines Saïs-Fès, Maroc : « Etude de l’alternance codique dans le rap français : cas des morceaux des rappeurs d’origine maghrébine » (en ligne)
· Clovis Okourou, et Marthe Oyane Metogho, Université Omar Bongo de Libreville, Gabon : « Jouer les échelles de l’oralité : Chef Ella et l’hybridité culturelle au Gabon » (en ligne)
· Olivier Salès, Université Internationale de Floride, États-Unis : « Guérilla linguistique : le multilinguisme comme tactique spatiale dans le rap français »
15h30 – 16h00 : pause
16h00 – 18h00 : Rap et poésie
· Stéphane Chaudier, Université de Lille : « La profération sacrée dans le rap : “sur des énonciations antiques, faisons des énoncés nouveaux” »
· Magali Nachtergael, Université Bordeaux Montaigne : « Youssoupha Mabiki, lyricisme engagé et négritude au futur »
· Léonard Rembert, Université Paul-Valéry Montpellier 3 : « "Le démon du lyricisme" – Lyrisme du crime et crime(s) du lyrisme chez Lino »
Vendredi 21 novembre
09h30 – 10h45 : Narrativité du rap
· Adrien Cazzetta, Université Libre de Bruxelles, Belgique : « Le « quatre mesures » : une unité narrative pour étudier les punchlines des storytellings raps. »
· Cyril Vettorato, Université Paris Cité : « La voix narrative : flow et récit dans quelques morceaux de rap français récents »
10h45-11h00 : Pause
11h-12h15 : Postures et mises en scène
· Keivan Djavazadeh, Université Paris 8 : « Diam's, rappeuse "black-blanc-beur" ? Une persona entre genre, banlieue et métissage »
· Francesca Aiuti, Université de Brême, Allemagne : « (Dé)raper les codes : afroféminité et fierté diasporique chez Epoque, entre poétique rap et performativité numérique »
Pause déjeuner
13h30 – 15h30 : Revendiquer ou refuser la posture littéraire : une affaire de stratégie ?
· Emily Shuman, Radboud Institute for Culture & History, Pays-Bas : « Figures de style à charge et résistance face à la pénalisation dans Regain de tension de la Rumeur »
· Sérigne Sèye et Aliou Seck, Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal : « Passer d’une oralité urbaine à l’autre : l’œuvre de Matador entre rap et slam »
· Benoît de Courson, Institut Max Planck de criminologie, Freiburg, Suisse : « Un repérage automatique des références dans un grand corpus de lyrics »
15h30 – 15h45 : pause
15h45 – 17h45 : Écrire l’authenticité
· Julia Cela, Université de Lausanne, Suisse : « Effet d’authenticité et pacte d’écoute. Deuil et récit de classe dans la trilogie JVLIUS »
· Joachim Mileschi, Université Sorbonne Nouvelle : « Le sigle dans le rap : un stylème d’authentification multidimensionnel et paradoxal, entre marqueur sociolectal et trope discursif »
· Marion Coste, Sorbonne Université : « La “street credibility” : entre pacte autobiographique et pacte sériel »
Samedi 22 novembre
09h – 11 h : Rap et études postcoloniales
· Hervé Georger, Université de Princeton, États-Unis : « “Ma gueule est un musée” : le devenir-animal décolonial de Gaël Faye »
· Jinane Rrguiti, Sorbonne Université : « La mémoire de la langue dans le rap de Booba »
· Éloïse Brezault, Saint Lawrence University (NY), États-Unis : « “L’Histoire rappée” : Réappropriation des héritages intellectuels africains à travers le Hip Hop sénégalais »
11h-11h15 : pause
11h15 – 12h15 : Rap et écriture de la violence
· Sara Federico, Université de Sassari, Italie : « “Texte, mon corps”. Mise en discours de la violence chez les rappeuses de Marseille »
· Carl-Émanuel Rioux, Université du Québec à Montréal : « “Combattre on sait faire que ça” : Lutte de l’oralité et de l’écrit chez Booba »
Mot de clôture
Le rap est un genre musical dans lequel le texte, qui est la responsabilité du MC, est d’une importance cruciale. Très fréquemment, dans les interviews, les rappeur·euses mettent en avant leur activité d’écriture comme partie essentielle de leur art. Nous voudrions par ce colloque rendre compte des phénomènes de continuité qui peuvent exister avec les autres genres poétiques et les genres narratifs des littératures francophones, tout en nous montrant sensibles aux spécificités de l’expression rap.
Afin d’éviter des approches textualistes qui réduiraient le rap à ses paroles[1], nous souhaitons que la dimension performée et musicale du texte soit prise en compte. Il nous semble en effet essentiel d’inclure dans toute réflexion sur ce genre cette dimension intermédiale[2]/transmédiale[3], et de faire porter l’analyse à la fois sur le texte, la musique, l’image et les conditions de la performance, voire l’influence des circuits de distribution et de leurs acteurs et actrices[4]. Cette hybridité médiatique du rap est d’autant plus cruciale qu’elle peut amener à le voir comme une « contre-littérature[5] », telle que Bernard Mouralis a établi le terme pour de tout autres corpus. C’est une pratique qui se fait en opposition à la littérature, parce que le rap intègre d’autres procédés d’expression et parce qu’il s’est construit sur une « illégitimité paradoxale »[6] ; mais il ne cesse d’entretenir une relation avec la littérature, soit explicitement en la citant, soit implicitement en adoptant des stratégies d’écriture qui peuvent y faire écho, soit en affirmant ostensiblement ses distances avec une certaine littérature présentée comme canonique.
Interroger cette relation à la littérature francophone et confronter le rap aux outils d’analyse des études francophones nous semblent ainsi à même de révéler des éléments de continuité et de rupture susceptibles d’enrichir la compréhension des spécificités d’écriture de ce genre, tout en l’inscrivant dans une histoire de la pensée qui ne s’est jamais réduite à l’objet livre. Par exemple, se pencher sur la textualité du rap demande de considérer une hybridité formelle à l’aune d’une histoire culturelle marquée du sceau du politique, toutes choses que les études francophones ont développées au fil de leur évolution. Il ne s’agit donc pas de considérer le rap comme relevant des littératures africaines, caribéennes ou maghrébines, mais d’éprouver l’analyse de la textualité du rap à l’aune de méthodologies francophones, et de voir en retour ce que cette intégration du rap apporte à ces méthodologies.
[1] Emmanuelle Carinos et Karim Hammou, « Approches du rap en français comme forme poétique », in Stéphane Hirschi, Corinne Legoy, Serge Linarès, Alexandra Saemmer et Alain Vaillant (dir.), La poésie délivrée, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2017, p. 269-284.
[2] Karim Hammou, Une histoire du rap en France, Paris, La Découverte, 2012 ; Magali Nachtergael, Poet against the machine : une histoire technopolitique de la littérature, Marseille, Le Mot et le reste, 2020 ; Irina Rajewsky, « Le terme d’intermédialité en ébullition : 25 ans de débat », in Caroline Fischer (éd.), Intermédialités, Paris, SFLGC, 2015.
[3] Rémi Besson, « Prolégomènes pour une définition de l'intermédialité à l'époque contemporaine », 2014, HAL, https://univ-tlse2.hal.science/hal-01012325v2, consulté le 28 juin 2024.
[4] Keivan Djavadzadeh, Hot, cool and vicious : genre, race et sexualité dans le rap états-unien, Paris, Les Prairies ordinaires, 2021.
[5] Bernard Mouralis, Les Contre-littératures, Paris, Hermann, coll. « Fictions pensantes », 2011 [1975].
[6] Karim Hammou, Une Histoire du rap en France, op.cit., p. 12. Voir aussi : Séverin Guillard et Marie Sonnette, « Légitimité et authenticité du hip-hop : rapports sociaux, espaces et temporalités de musiques en recomposition », Volume !, 17 :2, 2020 :2, p. 7-23.
Comité d’organisation :
· Florian Alix, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Virginie Brinker, CPTC – Université de Bourgogne
· Marion Coste, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Romuald Fonkoua, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Laurence Rosier – Université Libre de Bruxelles
Comité scientifique :
· Florian Alix, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Francesca Aiuti –Université degli Studi Roma tre
· Virginie Brinker, CPTC – Université de Bourgogne
· Marion Coste, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Romuald Fonkoua, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
· Anaïs Goudmand, CELLF – Sorbonne Université
· Magali Nachtergael, Plurielles – Université Bordeaux Montaigne
· Laurence Rosier – Université Libre de Bruxelles
· Serigne Seye –Université Cheikh Anta Diop
Cyril Vettorato, Cerilac – Université Paris Cité
Pour assister au colloque, veuillez écrire avant le 17 novembre à l'adresse suivante : florian.alix.13@gmail.com