À quoi bon s’intéresser au menu fretin des romans, ceux pour lesquels, au cinéma, on recrute des figurants ? L’hypothèse qui a donné lieu en 2021 au thème du 43e Congrès de la Société française de littérature générale et comparée (SFLGC) à l'initiative de F. Lavocat, est que la façon dont un univers fictionnel est peuplé est un élément structurel important qu’il importerait peut-être d’intégrer à l’histoire littéraire, ou celle d’autres médias. Ce que l’on peut appeler un "style démographique" – le volume de la population fictionnelle, la répartition des personnages en termes de genre, la distribution des occurrences du nom propre, la présence ou non de foules – caractérise en effet des genres littéraires, des époques, certains auteurs, et même (du moins au xixe siècle) le fait que le roman ait été écrit par un homme ou une femme. Les Colloques en ligne en accueillent aujourd'hui les actes sous le titre "Populations fictionnelles".