
Nous sommes toutes et tous, en nous-mêmes, à la croisée d’intersectionnalités divergentes : à la fois opprimé·es et oppresseur·es selon les perspectives. Comment se fait-il que tant de parts en nous aspirent à cette solution de facilité que sont les rapports de pouvoirs ? Comment agir, depuis ces contradictions qui nous traversent, sans convoquer nos parts de dominant·e "au service" de nos luttes ? La thèse défendue par Sébastien Charbonnier dans Pouvoir et puissance (Vrin) est qe refuser de "devenir oppresseur·e" (souci des autres) résout le problème de l’emprise : "échapper au statut d’opprimé·e" (souci de soi). C’est en réalité un seul et même problème : il s’agit d’échapper à la logique des rapports de pouvoirs qui nous rivent à l’impuissance d’une vie sans relations avec soi, les autres et le monde – en rendant enviable d’"avoir" du pouvoir.
Rappelons dans un déjà lointain numéro d'Acta fabula, le compte rendu signé par Sébastien Charbonnier de l'essai d'Yves Citton Renverser l’insoutenable (Seuil, 2012), sous le titre "Réinventer notre imaginaire politique".