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Politique mondiale du style (reprise du séminaire, Univ. Paris Cité)

Politique mondiale du style (reprise du séminaire, Univ. Paris Cité)

Publié le par Vincent Berthelier

Notre travail de réflexion sur la politique des formes littéraires continue cette année, et la première séance du séminaire aura lieu le vendredi 26 septembre à 16h (Grands Moulins de Paris, bât. C, 6e étage, salle 679C). Nous poursuivrons lors de cette séance les réflexions transnationales et translinguistiques entamées lors de la journée d'étude de juin dernier, avec les interventions de Julien Sibileau (INALCO, CEFREPA) et Eveline Su (UPCité, CERILAC).Vous trouverez ci-dessous les titres et les résumés de leurs interventions. Le programme provisoire de l'année peut également être consulté à l'adresse suivante : https://u-paris.fr/cerilac/seminaire-politique-du-style-25-26/

La séance est ouverte à tou⋅te⋅s.

Julien Sibileau (INALCO, CEFREPA) : « Politique linguistique et style : les réflexions de Ǧurǧī Zaydān sur la langue arabe au tournant du 19ᵉ siècle »

Mon intervention portera sur les enjeux relatifs à l’adoption d’une langue nationale (arabe littéral ou dialecte ?) pour les Égyptiens au moment où le nationalisme arabe s’enracine et cherche à se libérer de la tutelle des Ottomans. Ǧurǧī Zaydān est un des intellectuels arabes ayant le plus réfléchi sur cette question. Dans un article célèbre où il répond à un diplomate britannique du nom de William Willcocks qui pensait que le dialecte était la variété linguistique idoine pour devenir langue nationale, Ǧurǧī Zaydān expose un argumentaire dans lequel il déconstruit cette idée en défendant l’adoption de l’arabe littéral en tant que future langue nationale tout en mettant l’accent sur la nécessité de la simplifier et de l’adapter à la modernité.

Eveline Su (UPCité, CERILAC) : « Réception stylistique de Rabelais dans L’Acrobatie aérienne de Confucius de Dai Sijie »

L’Acrobatie aérienne de Confucius (2009) de Dai Sijie s’éloigne du modèle de rencontre Est-Ouest observable dans les autres livres de l’auteur : loin de tracer le parcours d’un protagoniste chinois qui serait amené à s’ouvrir à la culture française (ou occidentale) par le biais de ses lectures ou de ses rencontres dans un récit réaliste ancré au XXe siècle, L’Acrobatie parodie le genre du récit historique pour relater la vie de débauche de l’empereur chinois Zhengde (1505-1521). Néanmoins, l’interculturalité caractéristique de l’œuvre de Dai Sijie se manifeste dans le corps même d’une écriture qu’on pourrait qualifier de transculturelle en tant qu’elle est traversée et nourrie par les stylèmes reconnaissables d’un écrivain non-chinois, Rabelais. Ce dernier apparaît comme personnage historique contemporain de Zhengde et le texte porte la marque de quelques transpositions stylistiques de l’écrivain français. Li Shuangyi mentionne en particulier la « transformation du corps » (celui de Zhengde, qui entreprend de se faire greffer le pénis d’un homme noir) et celle du « corpus » caractérisée par une expérimentation « avec les différents styles narratifs [...] qui peuvent être décrits comme fragmentaires, erratiques, hétérogènes, métafictionnels et délibérément anachroniques et antirationnels, saturés d’une rhétorique moqueuse et subversive qui rappelle l’"humour carnavalesque" propre au monde rabelaisien selon Mikhail Bakhtin ».Comment le choix de ce modèle éclaire-t-il le projet esthétique, voire politique – s’il en est un – de Dai Sijie dans L’Acrobatie ?  Que soient tournés en dérision l’autorité politique et morale d’un empereur et du philosophe et penseur politique Confucius ne nous semble pas anodin. L’objectif de notre travail sera de montrer dans quelle mesure il peut être question d’une « écriture rabelaisienne » dans L’Acrobatie aérienne de Confucius, d’observer les aspects du style de Rabelais qui ont été retenus et, enfin, de voir en quoi ce parti pris stylistique crée une puissance de subversion à l’encontre de la morale confucéenne et, plus généralement, de l’ordre établi.