« Présences déplacées : exil, déracinement et mémoire dans l’art visuel et le cinéma iranien en exil », "Displaced Presences: Exile, Uprooting, and Memory in Visual Art and Iranian Cinema in Exile",
« Présences déplacées : exil, déracinement et mémoire dans l’art visuel et le cinéma iranien en exil »
  Jeudi 2 octobre 2025
  9h30 – 19h
  Maison de la Recherche – Université Sorbonne Nouvelle, Salle Athéna (4, rue des Irlandais, Paris 5e)
 
Cette rencontre rassemblera chercheur·e·s, artistes et spécialistes pour réfléchir aux questions de l’exil, de la mémoire et des récits déplacés à travers le cinéma et l’art visuel iranien en exil.
Au programme : conférences, projections et une table ronde finale avec la participation de l’historien de l’art Paul Ardenne.
Nous serons très heureux de vous accueillir à cette occasion et de partager ce moment d’échanges et de découvertes.
Study Day at Sorbonne Nouvelle
We are pleased to invite you to the study day:
  “Displaced Presences: Exile, Uprooting, and Memory in Visual Art and Iranian Cinema in Exile”
  Thursday, October 2, 2025
  9:30 am – 7:00 pm
 
Maison de la Recherche – Université Sorbonne Nouvelle, Salle Athéna (4, rue des Irlandais, Paris 5th)
This event will bring together researchers, artists, and specialists to reflect on exile, memory, and displaced narratives in Iranian visual and cinematic creation.               The program includes presentations, screenings, and a final roundtable with art historian Paul Ardenne.
We look forward to welcoming you to this inspiring day of exchange and discovery.
 
« Présences déplacées : déracinement et mémoire dans l’art visuel et le cinéma iraniens en exil»
JOURNÉE D’ÉTUDE ET PROJECTIONS D’ART VIDÉO
Organisés par - Organized by
Parya Vatankhah ( AIAC, AME, université Paris 8)
Kateryna Lobodenko ( IRCAV, AME, université Sorbonne Nouvelle)
Depuis la Révolution iranienne de 1979 et l’instauration de la République islamique, des milliers d’artistes, de cinéastes, d’écrivain·e·s et d’intellectuel·le·s ont été contraints à l’exil. La censure, les restrictions sévères sur la liberté d’expression et la répression politique ont façonné une génération d’exilé·e·s qui, loin de leur pays natal, réinventent leurs pratiques et leurs récits.
Ces artistes quittent souvent l’Iran pour des raisons politiques, en raison d’un travail déjà engagé et censuré dans leur pays. Comme le souligne Shirin Neshat, artiste iranienne en exil, « l’art iranien est un art politique ». Cette affirmation met en lumière la dimension intrinsèquement engagée de la création artistique iranienne en exil, où l’acte créatif devient un moyen de témoigner et de dénoncer la censure et la répression en Iran, tout en archivant et retraçant les réalités sociales et politiques que le pouvoir cherche à effacer.
Loin de chez eux, ces artistes profitent des espaces de liberté qu’ils trouvent dans leurs pays d’accueil pour s’exprimer à travers les arts visuels, la littérature, le théâtre et le cinéma, tout en explorant des formes de résistance. Leurs œuvres deviennent des témoignages vivants, porteurs de mémoire collective et de fractures identitaires, traversés par la nostalgie, l’absence et la dénonciation.
Cette journée d’étude propose une approche interdisciplinaire pour explorer les formes contemporaines de l’art plastique et du cinéma iraniens en exil. À travers des projections, des communications et des débats, elle mettra en lumière la puissance des œuvres engagées, qui interrogent la mémoire, revendiquent la liberté d’expression et inventent de nouvelles esthétiques de résistance. Plus qu’une analyse académique, cette rencontre offre un espace de dialogue entre chercheurs, artistes et cinéastes, où se croisent les voix multiples des Iraniens en exil.
La journée d’étude « Présences déplacées : déracinement et mémoire dans l’art visuel et le cinéma iraniens en exil » est organisée dans le cadre du post-doctorat de Parya Vatankhah, mené au sein du laboratoire AIAC/ EPHA de l’université Paris 8, et du projet « Exil.s, guerre.s et création.s : Images de résistance au service de l’histoire », soutenue par la FMSH de Paris et coordonné par le groupe de recherche Arts. Médias. Exils (AME) de l’IRCAV (université Sorbonne Nouvelle).
Programme :
9h30 Accueil des participants
10h00 Ouverture par Parya Vatankhah (AIAC, université Paris 8)
10h30 Panel I. Fragmentations, féminités et narrations diasporiques
Modération - Patrick Nardin ( AIAC, université Paris 8)
Quand le roman devient film : Désorientale de Négar Djavadi, Zeynab Sadeghi (université de Strasbourg)
Dérangée de Mina Kavani: figuration du départ par effraction, Delphine Edy (université de Strasbourg)
Fragments d’exil : hybridité et discontinuités chez Shirin Neshat et Sepideh Farsi,Chama Elazouzi (université de Fès) (en ligne)
12h00 Pause déjeuner
13h30 Panel II. Espaces sensibles et exils intérieurs : récits et héritages
Modération - Matthias Steinle (IRCAV, université Sorbonne Nouvelle)
Territoires écoutés, mémoires partagées, Azadeh Nilchiani (ACTE, université Panthéon-Sorbonne - Paris 1)
Une séparation d’Asghar Farhadi : l’exil intérieur, Majid Karimi (IRIEC, université de Montpellier)
Mémoire en exil : disparition et récit féminin dans le cinéma diasporique iranien, Razieh Golestani-Fard (université de Caen Normandie)
15h00 Pause
15h15 Projections : Art et exil : vers une liberté de dénoncer
Partie I : Fragments d’un ailleurs : corps, mémoire et déracinement
There …, Rojin Shafeie, vidéo, 7’00’’ , 2021
Métamorphose, Parya Vatankhah, video performance, 5’15’’, 2010
No smell, No touch, Shaghayegh Cyrous, vidéo, 3’48’’, 2018
Le Silence, Mandana Moghadam, vidéo, 5”59”, 2017
Obstacle (Hindrance), Mehregan Pezeshki, vidéo, 5’00’’, 2019
Partie II: Images de la répression : art et violences politiques en Iran
Inextricable, Mozhgan Erfani, vidéo, 4’32’’, 2018
Women Must Be Beautiful, Women Must Be Hidden, Parya Vatankhah, vidéo, 11’01’’, 2017
The Toester I used to live in, Rojin Shafeie, vidéo, 6'55”, 2017
Be Yad Ar (Remember), Shaghayegh Cyrous,video, 4’43’’, 2020
Le jour où la lumière s'est perdue dans la maison, Maryam Danesh, vidéo, 10’08’’, 2024
16h15 Pause
16h30 Table ronde : L’Iran en exil : créer sans rupture
Modération - Paul Ardenne (historien de l'art)
Avec les artistes : Maryam Danesh, Hanieh Delecroix, Mozhgan Erfani, Azadeh Nilchiani, Parya Vatankhah, Armin Zoghi
18:30 Mot de clôture
Resumé :
Panel I. Fragmentations, Femininities, and Diasporic Narratives
Quand le roman devient film : lecture cinématographique de Désorientale de Négar Djavadi
Zeynab Sadeghi (docteure en littérature française et comparée, université de Strasbourg)
Le terme de « force » prend une dimension particulière chez les femmes iraniennes, qui ont, tout au long de l’histoire, fait preuve d’un courage remarquable en s’impliquant dans les luttes pour la liberté et en contestant les normes sociales et politiques oppressives. Cette « force au féminin » se reflète dans leurs œuvres, où la résistance, l’émancipation et l’affirmation de soi occupent une place centrale.
C’est dans cette perspective que s’inscrit le roman Désorientale de Négar Djavadi, scénariste de cinéma et de télévision, dont l’écriture brouille les frontières entre littérature et cinéma. Djavadi transpose dans son récit des procédés cinématographiques tels que le montage, les flashbacks, les ellipses et les enchaînements de scènes, donnant au texte la forme d’un véritable « scénario en images ».
La mémoire de l’exil et du déracinement y est déployée comme un film intérieur, composé de séquences visuelles et de souvenirs fragmentés. L’expérience individuelle et collective de l’exil se transforme ainsi en une narration hybride, à la fois littéraire et cinématographique. Cette communication analysera la manière dont Djavadi crée une écriture sensorielle et rythmée, faisant de la mémoire un récit à l’esthétique profondément cinématographique.
Dé-rangée de Mina Kavani – Figuration du epart par effraction
Delphine Edy (docteure en littérature comparée, université de Strasbourg )
Qu’il s’agisse de raconter un pan de vie, la fuite du milieu d’origine ou l’exil, les écritures de soi, qu’elles prennent la forme de textes dramatiques ou de spectacles, occupent une place importante sur la scène contemporaine européenne et internationale.
Ce que j’appelle le « départ par effraction », qu’il soit familial, social ou politique, est au cœur de ces démarches artistiques. Pour cette intervention, je me concentrerai sur le travail de Mina Kavani, artiste iranienne en exil, écrivaine, comédienne, performeuse et metteuse en scène, qui a fait de l’exil politique le fil conducteur de son œuvre. Son livre récent Dé-rangée (Éd. du Faubourg, 2025) propose un récit autobiographique retraçant sa fuite d’Iran et l’impossible retour, tout en révélant la manière dont elle met en scène son histoire personnelle à travers la performance.
L’entretien explorera l’articulation entre fiction et non-fiction ainsi que la façon dont les choix esthétiques et performatifs traduisent le geste du départ et la mémoire de l’exil. Si la présence physique de l’artiste le 2 octobre n’est pas confirmée, en raison de possibles dates de tournage, un dispositif alternatif pourra être envisagé pour faire entendre sa voix et son récit.
Fragments d’exil : discontinuités narratives et hybridité dans le cinéma de Shirin Neshat et Sepideh Farsi
Chama ELAZOUZI (doctorante en linguistique, université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)
Cette communication propose d’analyser l’esthétique de la fracture dans le cinéma iranien en exil à travers l’étude de deux cinéastes de la diaspora : Shirin Neshat et Sepideh Farsi. Leurs films, réalisés hors d’Iran, développent une écriture fragmentaire où se mêlent fiction, archives et poésie visuelle pour traduire la complexité de l’exil et du déracinement.
En m’appuyant sur des extraits de Women Without Men (Neshat) et Tehran Without Permission (Farsi), j’examinerai comment la narration éclatée, les ruptures temporelles et l’alternance de registres esthétiques créent une mémoire fragmentée, reflet d’identités multiples et mouvantes. Cette esthétique de la discontinuité questionne la possibilité même de témoigner lorsque le récit est brisé par la censure, la perte et la distance.
L’analyse montrera comment ces formes hybrides et expérimentales déconstruisent le récit linéaire et ouvrent des espaces de résistance, entre silence et parole retrouvée. À travers ce corpus, il s’agira de réfléchir à la manière dont le cinéma iranien en exil élabore une poétique du fragment pour porter une mémoire collective et individuelle en constante recomposition.
Panel II. Espaces sensibles et exils intérieurs: récits et héritages
Territoires écoutés, mémoires partagées
Azadeh Nilchiani (docteure en arts et cultures sonores, chercheuse postdoctorale , ACTE, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
En prenant de la distance, qu’elle soit géographique ou temporelle, avec le territoire de son origine, nous pouvons le voir et l’entendre différemment. Cette nouvelle appréhension du lieu peut devenir une source féconde de création, prolongée aujourd’hui par les usages des cartes sonores. Grâce à leur dimension à la fois visuelle et sonore, elles nous donnent la possibilité d’apercevoir et d’écouter autrement la carte géographique du monde. En tant que dispositifs numériques de diffusion, ces cartes permettent de lier territoires, mémoire et récits déplacés.
La réflexion proposée trouve son origine dans la démarche créative de l’auteure, une artiste iranienne dont le travail est en partie influencé par l’expérience de l’exil. L’étude cherche à comprendre comment les enregistrements de terrain issus de territoires spécifiques en Iran participent à la construction de mémoires individuelles et collectives à travers le son. La communication aborde les liens entre mémoire, spatialité sonore et création à partir de deux usages concrets du principe de carte sonore, considéré comme un outil de création artistique et un cadre pour l’analyse des œuvres sonores dans un contexte d’exil.
Une séparation (2011) d’Asghar Farhadi ou l’exil intérieur
Majid Karimi (doctorant en études culturelles, IRIEC / université Montpellier Paul-Valéry)
Nous analysons le film primé d’Asghar Farhadi, Une séparation (2011), comme une articulation cinématographique de l’exil, du déplacement culturel et de la mémoire collective des Iraniens contemporains. Bien que produit en Iran, le film fonctionne comme une forme de cinéma diasporique, explorant la possibilité de vivre l’exil sans quitter physiquement le pays.
À travers le personnage de Simin, qui ne peut plus se rattacher aux valeurs du passé contrairement à son mari, le film met en lumière un exil intérieur façonné par les tensions culturelles, idéologiques et politiques. Réalisé après les manifestations du Mouvement vert de 2009, il révèle la manière dont les cinéastes iraniens naviguent entre expression artistique et censure.
Nous mobilisons la notion de « cinéma accentué » de Hamid Naficy pour montrer que Une séparation illustre un déplacement interne, où les Iraniens restent présents dans leur pays tout en étant aliénés culturellement et politiquement.
Memory in Exile: Disappearance and Female Narratives in Iranian Diasporic Cinema
Razieh Golestani-Fard (université de Caen Normandie)
Cette communication analyse la manière dont certaines réalisatrices iraniennes en exil utilisent le cinéma pour reconstruire une mémoire individuelle et collective fragmentée, souvent tue ou effacée, en plaçant l’expérience féminine au centre de leurs récits. L’exil est envisagé à la fois comme un déplacement géographique et comme un état intérieur d’exclusion, lié à la censure, à la marginalisation politique et à l’invisibilisation imposée.
Hors du territoire national, le cinéma devient un espace de recomposition symbolique, permettant de rompre avec les mécanismes d’effacement imposés par l’État iranien tout en créant des archives affectives, corporelles et politiques. À partir d’un corpus composé de trois films — Hitch – Une histoire iranienne (Chowra Makaremi, 2019), My Stolen Révolution (Nahid Persson Sarvestani, 2013) et Women Without Men (Shirin Neshat, 2009) —, cette étude met en lumière les stratégies esthétiques qui articulent la disparition, le silence et la transmission féminine.
En mobilisant les travaux de Laura Mulvey, Trinh T. Minh-ha, Marianne Hirsch et Hamid Naficy, cette communication montre comment ces œuvres proposent un langage fragmentaire et hybride, où le cinéma devient un espace de mémoire active, de résistance et de résilience pour le sujet exilé.
Les Organisateurs remercient
Emmanuel Siety (université Sorbonne Nouvelle), Matthias Steinle (université Sorbonne Nouvelle), Patrick Nardin (université Paris 8), Eric Bonnet (université Paris 8)
Informations pratiques :
La journée d’étude est ouverte au public et sera également accessible en ligne
Pour suivre l’événement en direct, cliquez sur ce lien
Horaires : 9h00 – 19h00 (heure de Paris)
https://meet.google.com/rqa-hrfp-dgc
Connexion téléphonique:
(US) +1 470-226-5446 — Code : 675 846 096#
Displaced Presences: Exile, Uprooting, and Memory in Visual Art and Iranian Cinema in Exile
Thursday, October 2, 2025
9:30 am – 7:00 pm
Maison de la Recherche – Université Sorbonne Nouvelle, Salle Athéna (4, rue des Irlandais, Paris 5th)
This study day will bring together researchers, artists, and specialists to reflect on exile, memory, and displaced narratives through Iranian visual and cinematic creation in exile.
Program highlights: presentations, screenings, and a final roundtable with art historian Paul Ardenne.