
La littérature habite le musée. C’est là un compagnonnage au long cours, qui s’intensifie aujourd’hui : l’un et l’autre sont à la recherche de publics nouveaux et d’espaces insolites. Le musée cesse d’être le lieu d’une mémoire artistique, où s’entreposent les œuvres d’autrefois, pour renouer un lien vif avec la création actuelle, tandis que se développent les soupçons contre le livre, amenant à investir de nouveaux espaces, voire à considérer l’existence d’arts littéraires émancipés du support livresque. Le volume supervisé par Laurent Demanze sous le titre Les musées imaginaires de la littérature contemporaine (Quodlibet) achève de faire la preuve que bibliothèques et musées ne sont plus deux espaces étanches mais au contraire des lieux où circulent à l’oblique parfois les mêmes écrivains ou artistes, en organisant des expositions comme Jean-Philippe Toussaint, Toni Morrison, Michel Houellebecq, Umberto Eco ou Jean-Marie Gustave Le Clézio. Au-delà de ces compagnonnages intensifiés, le volume interroger les persistances dans la littérature de l’extrême contemporain du musée imaginaire, élaboré par André Malraux. Car ce "musée sans mur", qui est une manière de musée idéal, est désormais investi physiquement par les écrivains, qui redonnent au musée imaginaire sa puissance de concrétude et sa force d’expérience. On trouvera à l'entrée "Musée" de l'index d'Acta fabula plusieurs comptes rendus d'ouvrages relatifs à la façon qu'a la littérature d'habiter le musée.
(Illustr. : la collection "Ma nuit au musée" des éditions Plon)