« Traduire Annie Ernaux, c’était stimulant mais pas facile. Elle a un style très spécial. Quand on dit qu’elle écrit simplement, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas plat ». C’est ainsi que le traducteur Hector Poullet, évoque les difficultés qu’il a rencontrées lorsqu’il a cherché à transposer le style ernausien au créole (déclaration à l’AFP, avril 2023). Avec cette traduction (Plas-la, Caraïbéditions, 2023), menée à l’initiative des éditions Gallimard, Annie Ernaux est ainsi devenue la première personne non-antillaise à être traduite de son vivant en créole. De même, la traductrice espagnole Lydia Vázquez déclare à propos de La Place « C'est un livre, comme tous les livres d’Annie, qui a l’air d'adopter une écriture plate, une écriture blanche, comme on la décrit souvent. Pourtant, c’est une écriture qui est très exacte. Il faut donc essayer d’être aussi précis et juste qu’elle, ce qui n’est pas évident. Ce sont des textes difficiles à traduire » (entretien avec Marion Mergault, Le Petit Journal, publié le 02 février 2024).
Réfléchir à la traduction d’Annie Ernaux, c’est donc l’occasion de revenir sur les subtilités de son style, subtilités trop souvent balayées à la faveur du succès de la formule « d’écriture plate ». Mais c’est aussi comprendre comment un style, défini par son autrice contre les canons dominants, a pu devenir, si ce n’est dominant, du moins reconnu par des instances de légitimation internationale (tel le Nobel en 2022) et comment il peut circuler dans le monde entier. Ce colloque, mené dans le cadre du projet TRANSILANGUE (laboratoire POLEN), se propose précisément de revenir sur les enjeux propres à la traduction d’Annie Ernaux, dans une perspective socio-stylistique, et aura lieu les 19 et 20 mai 2025. Il s’agit bien d’étudier un style littéraire d’autrice, mais en comprenant la construction, la reconnaissance et la légitimation de ce style non pas comme le pur fruit d’une inspiration individuelle mais comme un processus de négociations avec différentes instances sociales et institutionnelles.
Les propositions de communication pourront s’inscrire parmi les axes de réflexion suivants.
I) On pourra s’interroger sur la manière de traduire certains traits spécifiques de l’écriture ernausienne.
• Traduire le métadiscours sur le style et sur la langue
Que devient, d’un point de vue terminologique, le métadiscours d’Annie Ernaux sur son propre style - que ce métadiscours apparaisse dans ses récits, dans ses journaux d’écriture ou lors d’entretiens - au moment de la traduction ? Comment sont appréhendés et traduits les concepts, désormais célèbres, forgés par l’autrice elle-même ? On pense à l’évidence à la notion d’« écriture plate » théorisée dans La Place (1983) aussi qualifiée d’« écriture photographique du réel » dans Le Journal du dehors (1993) ou d’« écriture neutre, objective » lors du discours de réception du prix Nobel (2022), mais aussi, plus généralement, à toutes les considérations d’Annie Ernaux sur le style. La traduction de ce métadiscours parait d’autant plus complexe lorsqu’il renvoie à des parlers pris dans des hiérarchies linguistiques - le « patois » et notamment les régionalismes normands (évoqués par exemple dans La Place, employés sans traduction dans Les Armoires vides) - ou littéraires, telles « la poésie du souvenir » et la « dérision jubilante » (La Place) auxquelles s’oppose l’«écriture plate ».
• Traduire l’écriture plate
Point névralgique de l’auto-théorie ernausienne, l’écriture plate constitue fondamentalement une écriture contre certains modèles et stylèmes de la littérature dite légitime qui peuvent être ou non mentionnés explicitement. La traduction doit-elle expliciter ces références? Que deviennent ces “signaux” des Belles-Lettres (comme le disait Barthes) comme le passé simple ou l’intrication des propositions subordonnées, dans d’autres langues ? La traductrice ou le traducteur doit-elle ou doit-il trouver des équivalents formels, et dans ce cas, quels sont-ils ? Plus encore, l’écriture plate est aussi une écriture contre la tentation populiste d’une représentation peut-être exotisée, aux accents caricaturaux, de la langue populaire - ce qu’Annie Ernaux explicite elle-même lorsqu’elle revient sur l’« écriture de dérision » (Ernaux 2002) dont elle usait dans ses trois premières oeuvres. On pourrait ainsi comparer la traduction du style de ces premières œuvres par rapport au tournant opéré par La Place.
L’écriture plate est aussi une écriture pour, une écriture qui opte pour certains choix stylistiques (le type de phrase assertif, le passé composé), pour la distance réflexive et métalinguistique. L’écriture plate serait ainsi un « style entre-deux » « un style de transfuge » (Véron et Abiven, 2024), intimement liée à l’identité de « transfuge de classe » de l’écrivaine. On pourra dès lors s’attacher à la traduction même de ce terme de « transfuge » (et de ses connotations négatives, particulièrement marquées dans class defector en anglais), et, plus généralement, au vocabulaire des classes sociales et au langage mobilisé dans les interactions entre des représentants de classes sociales différentes dans les oeuvres d’Ernaux.
Enfin, il reste à souligner que, contrairement à ce qu’a pu en dire Annie Ernaux, son écriture est loin d’être univoquement et constamment plate (Cini et Véron, 2025). Cette écriture fait en effet bel et bien place à l’expression de l’émotion, emploie des métaphores et des images, frôlant parfois la prose poétique, notamment dans Journal du dehors et Les Années. Ces images sont-elles maintenues lors des traductions ? On pense notamment aux réseaux d’images intertextuels, telle la métaphore du « lapin décarpillé ». L’écriture d’Annie Ernaux n’est pas vraiment non plus « la langue de tous » puisqu’elle est nourrie d’une ambition sociologique qui peut être explicitée par la mobilisation de références et de concepts comme la “domination culturelle » la « domination économique » (mentionnées à propos de la mère de la narratrice dans Une femme) ou être plus implicites (Cini et Véron 2025).
• Traduire un style polyphonique : l’insertion des discours autres
On peut qualifier le style d’Annie Ernaux de polyphonique (Meyer 2023). En effet, l’autrice fait entendre et entremêle plusieurs voix dans son récit : discours d’époque (dont l’origine est floutée, collective), sociolectes propres au langage des classes dominantes (celui du mari et de la belle-famille dans La Femme gelée) et des classes populaires (celui de la famille et des origines, argots collégien et adolescent), langages cryptés dont le sens ne se révèlent pas immédiatement. Face à cet enchevêtrement parfois difficile à démêler (incipit des Armoires vides), comment traduire ces voix qui renvoient à des spécificités historiques, sociales, mais aussi personnelles, sachant que cette intégration du discours autre est parfois explicitée (par les marques du discours rapporté), parfois simplement indiquée (notamment par les italiques) et parfois, au contraire, cryptée ? On s’interrogera ainsi sur les enjeux de la reproduction ou de la transposition des choix typographiques, tels que les italiques, guillemets, blancs, deux points ou encore virgules (Dürrenmatt 2015 ; Bordas 2017).
• La traduction entre langue d’origine et langue d’arrivée : les enjeux de la concision
Comment rendre compte de la force de concision de l’écriture ernausienne, de ce « détour par la simplicité » (Blanchot 1960), par la traduction ? S’agit-il de la conserver avant tout, ou plutôt de satisfaire aux exigences syntaxiques de la langue d’arrivée, tel que semble l’exprimer Hector Poullet lorsqu’il précise : « Une phrase sans verbe en créole, qui n’est pas du tout une langue passive mais une langue active, ça oblige à ajouter des mots » ? Faut-il aller jusqu’à parler, avec Barbara Cassin, d’ « intraduisible » en considérant qu’« [u]ne langue diffère d’une autre et se singularise par ses équivoques, la diversité des langues se laisse saisir par les symptômes que sont les homonymies sémantiques et syntaxiques » (Cassin cité par Froeliger, 2016).
On tentera ainsi de réfléchir aux différents partis pris de traduction et dynamiques à l’œuvre lors du passage d’une langue à une autre, selon une oscillation permanente entre explicitation, souci de compréhension, et contraintes de la densité du texte d’origine.
II) Il s’agira donc d’analyser également le geste de traduction lui-même dans une perspective traductologique et/ou sociologique. On pourra ainsi s’interroger sur les enjeux suivants :
• Cartographie et chronologie de la traduction de l’oeuvre d’Annie Ernaux
Pour dresser un état des lieux des différentes traductions de l’œuvre d’Annie Ernaux, de leurs enjeux respectifs ou communs, les communications pourront s’intéresser à la généalogie de cette traduction. Quelles œuvres ont d’abord été traduites, et pour quelles raisons ? Qui s’est attelé aux premières traductions, et quelles maisons d’édition ont initié cette démarche ? Qu’est-ce qui légitime par exemple cette traduction en créole par Hector Poullet, inédite du vivant de son autrice ? Comment expliquer la réception particulière d’Ernaux en allemand ? Qu’est-ce qui explique l’intérêt de plus en plus accru de la Chine et de l’Inde (Hugeny-Léger, 2025) pour les textes d’Ernaux ?
En effet, traduire « l’œuvre » d’Ernaux ne signifie pas nécessairement traduire toute l’œuvre. Quels sont les textes les mieux représentés à l’international, et comment peut-on expliquer, par exemple, l’engouement autour de Passion simple ? A l’inverse, quels ouvrages restent dans l’ombre de la traduction ? La réception n’est-elle pas dès lors orientée par ce jeu des traductions, faites, refaites, ou encore à faire, instituant un décalage entre différentes appréhensions de l'œuvre ?
Au-delà d’éléments factuels, il s’agit bien d’examiner les enjeux politiques qui sous-tendent ces questionnements : Annie Ernaux est-elle traduite en tant qu’autrice engagée pour la cause féministe (on peut penser aux traductions de L’Evénement par exemple) et/ou pour une cause sociale ? L'autrice n’est-elle pas traduite dans certaines langues ou certains pays pour ces mêmes raisons ?
• La traduction comme légitimation de l’oeuvre : traductions et retraductions
« Il faut être traduit pour obtenir le Nobel et en même temps le Nobel contribue à faire traduire », déclare Gisèle Sapiro (entretien publié dans Libération le 10/10/2024). Ce colloque pourra ainsi être l’occasion d’étudier la manière dont certaines traductions ont eu un « rôle catalyseur » (Hugeny-Léger, 2025) en amont - facilitant, dans une certaine mesure, l’accès d’Annie Ernaux à plusieurs récompenses et prix littéraires, jusqu’au prix Nobel - et, à l’inverse, l’effet, en aval, du prix Nobel sur les retraductions des oeuvres d’Annie Ernaux ou la traduction de nouvelles oeuvres.
Du point de vue de l’analyse textuelle, on pourra par exemple comparer la traduction et retraduction d’une oeuvre d’Ernaux dans une même langue pour analyser l’évolution des choix de traduction du texte même, mais aussi potentiellement de la maison d’édition, ainsi que de leur accompagnement graphique (choix d’illustration, etc.)
• L’encadrement (éditorial, médiatique, auctorial) de ces traductions
La traduction engendre à son tour un métadiscours. Les traductions sont présentées, reçues, critiquées, primées, ce qui contribue à légitimer l’œuvre d’origine. Des analyses sur le métadiscours éditorial et médiatique des traductions du style d’Annie Ernaux seront donc aussi bienvenues.
On pourra enfin s’interroger sur le rôle de l’autrice elle-même dans l’encadrement de ces traductions. Annie Ernaux maitrise, dans une certaine mesure, sa réception, que ce soit par le métadiscours inhérent à son œuvre (Véron et Abiven, 2024) ou par un réseau de relations et de collaborations avec des instances légitimantes (Charpentier, 2006). On peut alors se demander à quel point cette activité s’étend à la traduction, et selon quelles modalités spécifiques (collaboration, contrôle, opposition, etc.)
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Modalités de soumission
Les propositions de communication, de 500 mots maximum, devront indiquer dans quel axe elles comptent s’inscrire, et seront accompagnées d’une brève bio-bibliographie. Elles sont attendues avant le vendredi 31 janvier 2025 aux trois adresses suivantes :
sara.de-balsi@cyu.fr
clara.cini@sorbonne-universite.fr
laelia.veron@univ-orleans.fr
Comité scientifique
Bruno Blanckemann, Université Sorbonne-Nouvelle
Isabelle Charpentier, Université Picardie Jules Verne
Anne Coudreuse, Université Sorbonne Paris Nord
Elise Hugueny-Léger, Université de St Andrews
Bérengère Morichaud-Airaud, Université de Pau et des Pays de l’Adour
Corinne Oster, Université de Lille
Gisèle Sapiro, CNRS-EHESS
Claire Stolz, Sorbonne Université
Mathias Verger, Université Paris 8
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Comité d'organisation
Sara De Balsi, UMR Héritages, CY Cergy Paris Université
Clara Cini, Sorbonne Université, STIH
Laélia Véron, Université d'Orléans
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Ce projet s'inscrit dans le cadre du projet TRANSILANGUE, financé par le laboratoire POLEN (Université d'Orléans) et porté par Laélia Véron https://www.univ-orleans.fr/fr/polen/la-recherche/programmes-de-recherche-finances
Autres activités dans le cadre de ce volet sur le style d'Ernaux :
La langue dans/de Ernaux: comprendre, traduire, réécrire (I) (conférence participative polyphonique) https://www.fabula.org/actualites/122680/la-langue-dans-de-ernaux-comprendre-traduire-re-ecrire.html
La langue dans/de Ernaux: comprendre, traduire, réécrire (II) (conférence participative polyphonique) https://www.fabula.org/actualites/123788/la-langue-dans-de-ernaux-comprendre-traduire-re-ecrire-ii.html
"L'écriture plate selon Laélia Véron et Clara Cini" (France Culture, Questions du soir) émission du 08 novembre 2024 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-l-idee/l-ecriture-plate-selon-laelia-veron-et-clara-cini-7036229
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Bibliographie indicative
Barbéris Dominique, « La parataxe dans l’écriture d’Annie Ernaux », Tra-jectoires, Éditions Amaury Nauroy, 2006, p. 60 69.
Bikialo Stéphane et Rault Julien, « Expressivité, exclamation et ponctuation », Langages, vol. 4, no 228, 2022, p. 57-72.
Bordas Éric, « Qu’est-ce que la « valeur expressive » en grammaire ? Le cas de la ponctuation », Linx, no 75, 2017, p. 127-144.
Casanova Pascale, « Consécration et accumulation de capital littéraire. La traduction comme échange inégal », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 144, 2002.
Casanova Pascale, La République mondiale des lettres, Paris, Seuil, 1999.
Charpentier Isabelle, Comment sont reçues les œuvres, Paris, Créaphis, 2006.
Charpentier Isabelle, « “Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire…” », COnTEXTES 1, 2006. Mis en ligne le 15 septembre 2006. URL : http://journals.openedition.org/contextes/74.
Charpentier Isabelle, « De corps à corps. Réceptions croisées d’Annie Ernaux », Politix, no 27, 1994, p. 45-75.
Cini Clara et Véron Laélia, « L’écriture plate n’existe pas. Annie Ernaux : entre hyperconscience sociolinguistique et illusion stylistique », COnTEXTES, 2025 (à paraître).
Cini Clara, « Une poétique de l’endotique et de l’infra-ordinaire : arpenter le quotidien dans les journaux extimes d’Annie Ernaux », Nouvelles Études francophones, n°1, vol 39, 2024.
Coudreuse Anne, « ‘‘Toutes les images disparaîtront’’. Sur l’ouverture des Années d’Annie Ernaux », Territoires de la non-fiction, Cartographie d’un genre émergent, Alexandre Gefen (dir.), Leyde, Boston, Brill/Rodopi, « Chiasma », 2020.
Dugast-Portes Francine, Annie Ernaux, Étude de l’œuvre, Paris, Bordas, « Écrivains au présent », 2008.
Dürrenmatt Jacques, La ponctuation en français, Paris, Ophrys, « L’Essentiel français », 2015.
Ernaux Annie, Ce qu’ils disent ou rien, Paris, Gallimard, « Folio », 1989 [1977].
Ernaux Annie, « Entretien », Écritures blanches, Dominique Rabaté et Dominique Viart (dir.), Maison des Écrivains, Publications de l’Université de Saint-Étienne, « Lire au présent », 2009.
Ernaux Annie, Écrire la vie, Paris, Gallimard, « Quarto », 2011.
Ernaux Annie, L’Atelier noir, Paris, Éditions des Busclats, 2011.
Ernaux Annie, Le Vrai lieu, entretiens avec Michelle Porte, Paris, Gallimard, 2014.
Ernaux Annie, Discours de réception du prix Nobel, 10 décembre 2022, consulté le 23 août 2024. URL : https://www.nobelprize.org/prizes/literature/2022/ernaux/201000-nobel-lecture-french/.
Froeliger Nicolas, « Compte-rendu : Barbara (2016) : Éloge de la traduction – Compliquer l’universel. Ouvertures. Paris : Fayard, 258 p. », dans Revues Méta, 2016. URL : https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2018-v63-n3-meta04634/1060181ar/.
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Hunkeler Thomas et Soulet Marc-Henry (dir.), Annie Ernaux - Se mettre en gage pour dire le monde, MétisPresses, « Voltiges », 2012.
Meyer Suzel, « “La polyphonie bruyante des repas de fête” chez Annie Ernaux », Parler en mangeant, Johann Goeken (dir.), Presses universitaires de Strasbourg, 2023.
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Rabaté Dominique et Viart Dominique (dir.), Écritures blanches, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, « Lire au présent », 2009.
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Véron Laélia et Karine Abiven, “Langue dominée et langue dominante: vers un style de transfuge?”, Trahir et venger. Paradoxes des récits de transfuge de classe, Paris, La Découverte, 2024.