Les ouvrages sur la Révolution française partent généralement de juillet 1789 pour désigner dans les décennies précédentes les événements qui conduisirent à la prise de la Bastille. Dans L'humeur révolutionnaire. Paris, 1748-1789 (Gallimard), Robert Darnton arrive à juillet 1789 en partant de la multitude d’agitations, de troubles, d’insurrections qui parcoururent le royaume, et Paris tout particulièrement. Pourquoi aucun de ces moments ne donna-t-il lieu à l’équivalent de la prise de la Bastille ? Darnton, à travers le système d’information si particulier au petit peuple du XVIIIᵉ siècle — rumeurs, nouvelles orales ou à la main, épigrammes et chansons pornographiques contre la Cour, gazettes venues de l’étranger ou tracts parisiens —, reconstitue les cycles de violence du XVIIIᵉ s. L’humeur révolutionnaire : c’est-à-dire la haine du despotisme, la résistance face à l’inégalité devant l’impôt, et la confiance dans les pouvoirs de la raison et des Lumières. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…
Paraît dans le même temps un essai de Jean-Jacques Tatin-Gourier, Le complot en partage (Hermann), qui s'attache à montrer comment certains révolutionnaires – de Camille Desmoulins à Robespierre et son entourage – ont envisagé l’élaboration d’une histoire de la Révolution comme continuum de complots. Dans quelle mesure le contre-révolutionnaire Barruel s’est-il inscrit – avec les redéfinitions qui lui sont propres – dans le sillage de cette promesse montagnarde d’une histoire de la Révolution française conçue comme chaîne monstrueuse de complots ?
Les éditions Amsterdam rééditent de leur côté Les Jacobins noirs de C. L. R. James, qui raconte la seule révolte d’esclaves qui ait réussi, la première lutte anticoloniale de l’histoire et les obstacles immenses dont elle a dû triompher.