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L'esprit de Montesquieu

L'esprit de Montesquieu

Publié le par Marc Escola

S’engager dans l’œuvre de Montesquieu constitue un défi pour le lecteur contemporain. L’érudition prodigieuse de son auteur déconcerte ; son écriture, satirique ou elliptique, désoriente. De ce fait, on a invoqué, au gré de l’histoire, un Montesquieu monarchiste ou républicain, archaïque ou révolutionnaire, féodal ou libéral. Dans Servitude et Empire. Montesquieu. Des Lettres persanes à L’Esprit des lois (Vrin), Céline Spector vient entend à la disposition des étudiants une sélection d’études portant sur des concepts centraux de son œuvre : les passions, la métaphysique, la liberté politique et civile, l’esclavage, l’empire, la guerre, la justice, la religion. Les notions de servitude et d’empire, décisives dans l’ensemble de l’œuvre, sont au cœur de l’analyse. Roman, histoire, pamphlet, ou traité : tous les écrits de Montesquieu ont un mot d’ordre commun qui résonne comme un avertissement aux princes – accroître son pouvoir conduit à le rendre moins sûr.

Bernard Manin rassemble de son côté dans un recueil sobrement intitulé Montesquieu (Hermann) ses études décisives sur l'auteur de L'Esprit des lois, adossées à un long essai inédit consacré à sa théorie de la monarchie. Comment le recours à des lois fixes borne-t-il la souveraineté de l’intérieur  ? Pourquoi y a-t-il en politique un seul mal, le gouvernement despotique, mais plusieurs biens ? En quoi consiste la séparation des pouvoirs ?

Rappelons au passage le récent sommaire de la revue Lumières : "Autour des Lettres persanes : Montesquieu et la fiction", supervisé par Aurélia Gaillard. Et signalons par anticipation la réédition dans quelques semaines de De l'Esprit des lois dans la collection "Quarto" (Gallimard), dans le texte établi par Laurent Versini et par Roger Caillois et révisé par Benjamin Hoffmann l'édition par les soins de Benjamin Hoffmann, ainsi que du volume de la Correspondance choisie, réunie par Philip Stewart (Classiques Garnier) et des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, éditées par Gonzague Truc.

Et saluons une seconde fois la réédition au printemps du Montesquieu de Jean Starobinski, Montesquieu, dans une édition établie par Martin Rueff, qui en signait aussi la préface dont Fabula donnait à lire les premières pages…