L’œuvre de Pasolini est un songe né, comme une fleur du mal, des cauchemars de l’Italie d’après-guerre. Conçu par Martin Rueff, le numéro spécial que la revue Critique lui consacre fait la part belle aux voix italiennes. Celle de Pasolini, d’abord, dans un article fondamental resté inédit en français ; celle de l’écrivain Walter Siti, savant éditeur des Œuvres complètes ; et celles de plusieurs autres critiques importants de son œuvre qui ont accepté notre invitation. Des voix françaises leur font écho, dont celle de René de Ceccatty, à qui la diffusion de Pasolini en français doit beaucoup.
Paraît dans le même temps aux éditions Bartillat la traduction française de La Divine mimesis, écrite entre 1963 et 1967, publiée en 1975 comme "document", selon la volonté de Pasolini lui-même, qui constitue l’un des textes les plus importants sur la crise qui amène le poète italien à passer de la littérature au cinéma et à s’intéresser au Tiers Monde. Imitation des premiers chants de l’Enfer de Dante dans laquelle il se livre à une critique acerbe de la société italienne et de l’intelligentsia des années 1960, elle met en scène Pasolini qui incarne lui-même Virgile et Dante à la fois et se place sous l’invocation de Rimbaud.
Rappelons encore l'essai récemment publié par Philippe Di Meo, Pasolini poète et romancier. De la pulsion de régression à la crise de la représentation (La Lettre volée), et parmi nos ressources propres l'article donné par Nikol Dziub à Fabula-LhT : "Le cinéma de poésie, ou l’identité du poétique et du politique", mais aussi dans Acta fabula : Quand les peuples font face. Entrevoir les figurants de l’histoire avec Didi-Huberman, par Nicolas Pottier Casado, "Guetter les catastrophes, parler au présent historique. Pasolini vu par Didi-Huberman", par Roberta Agnese, et "Les archéologies terrestres & lunaires de Fellini et Pasolini", par Amandine Gouttefarde-Rousseau.