À l’aube des années Dix de ce siècle, alors que la sous-direction antiterroriste frappait à la porte et sur les ami•es des éditions La Fabrique, un groupe de poètes et écrivain•es publiait « Toi aussi, tu as des armes », sous-titré poésie & politique. Ce livre, où il était question de poésie, réunissait des écrivain•es qui avaient en commun de ne pas trop aimer qu’on les traite de poètes. Il venait témoigner d’une conversation presque clandestine à propos des manières de faire de la poésie une politique et de rendre à la politique sa poésie. Il y a plus de dix ans ce geste constituait une petite bizarrerie. Aujourd’hui, le mot "politique" est partout en littérature, peut-être au point d’en disséminer le sens et d’en atténuer la portée. Contre la littérature politique : le titre du nouveau volume signé par Pierre Alferi, Leslie Kaplan, Nathalie Quintane, Tanguy Viel, Antoine Volodine, Louisa Yousfi est aussi un clin d’œil à un ouvrage d’Olivier Neveux paru il y a quelques années aux mêmes éditions La Fabrique : Contre la littérature politique où la proposition signifiait : "contre ce qui neutralise [la littérature] et la politique dans le conformisme de leur alliance" nouvelle. Ici comme là, il s'agit de renouveler la tension entre littérature et politique – moins comme un thème ou une position mais davantage comme une manière de faire et de défaire. Fabula vous invite à parcourir la Table des matières et lire les premières pages de ce volume…