Après Valet noir, sous-titré Vers une écologie du récit (dont Laurent Demanze a rendu compte pour Acta fabula sous l'intitulé "Pour une écologie de l’imaginaire", au sein d'un dossier "Écopoétique pour des temps extrêmes" adossé à un sommaire éponyme de Fabula-LhT) et Nature berce-le, l'un et l'autre essais accueillis dans la collection Biophilia des éditions Corti, Jean-Christophe Cavallin fait paraître Kong Junior au Seuil dans "La librairie du XXIe siècle" : à quelques encablures de Venise, sur l’horizon de la lagune se profile Poveglia. L’île abandonnée abrite les ruines d’un ancien asile. Lorenzo Kiesler prétend que King Kong est mort là-bas, au milieu des aliénés. Certain qu’il est son petit-fils, il regarde sa fin injuste comme une prémonition du meurtre de la nature. Quand la Mostra organise une soirée en l’honneur du King Kong de 1933, Lorenzo décide de s’y rendre et de venger son grand-père. Avec ses jeux de miroirs, ses rencontres équivoques, son naufrage au ralenti, la Venise de Kong Junior est la cité des lacunes. La réalité s’y noie sous le poids de ses reflets. La prose incandescente de Jean-Christophe Cavallin mêle la topographie incertaine de la ville au drame intérieur d’un homme obsédé d’apocalypses.