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Colloque Michel Tournier : l’art de la brièveté (Angers)

Colloque Michel Tournier : l’art de la brièveté (Angers)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Mathilde Bataillé)

Colloque « Michel Tournier : l’art de la brièveté »

Université d'Angers

L’année 2024 marquera le centenaire de la naissance de l’écrivain Michel Tournier (1924-2016). Afin de lui rendre hommage, l’université d’Angers organise un colloque intitulé « Michel Tournier : l’art de la brièveté », qui se tiendra les 28 et 29 novembre 2024.

 Le prisme d’étude retenu pourrait surprendre au regard de l’importance, dans la production littéraire de l’auteur, des grands romans mythologiques auxquels il doit sa popularité auprès des lecteurs tout comme sa reconnaissance académique. C’est en effet par la publication de Vendredi ou les Limbes du Pacifique, en 1967, que Tournier fait son entrée en littérature, salué par la critique et récompensé par le Prix de l’Académie française. Les deux récits suivants, Le Roi des Aulnes (Prix Goncourt à l’unanimité en 1970) et Les Météores (1975) répondent à une logique de l’amplification croissante et confirment la tentation de romans ambitieux, où se mêlent philosophie et imaginaire, érudition et provocation. Ces romans, comme également Gaspard, Melchior et Balthazar (1980) ou Gilles et Jeanne (1983), ont donné lieu à de nombreuses études critiques (parmi les dernières en date, mentionnons le numéro de la revue Roman 20-50, paru en 2020 et consacré à une lecture renouvelée de Vendredi ou les Limbes du Pacifique, du Roi des Aulnes et des Météores). Ils ont été rassemblés dans une édition de la Pléiade en 2017, suivis du Vent Paraclet.

S’intéresser aux formes brèves chez Tournier, c’est alors explorer un aspect de son œuvre encore peu étudié, bien qu’essentiel. Les lecteurs ont pu être surpris de l’évolution de ses récits vers la réduction et la simplification, amorcée par la réécriture de Vendredi ou les Limbes du Pacifique pour un jeune public. Peut-être le succès de Vendredi ou la vie sauvage, version épurée et condensée du roman de 1967, a-t-il conforté l’auteur dans cette voie de la concision puisqu’il procède de même, en 1983, à une reprise plus courte et ramassée de Gaspard, Melchior et Balthazar sous le titre Les Rois Mages. Suivront notamment plusieurs recueils de contes et nouvelles (Le Coq de bruyère, 1978 ; Le Médianoche amoureux, 1989), et de textes brefs non-fictionnels (Le Vagabond immobile, 1984 ; Petites proses, 1986 ; Célébrations, 1999, ou Journal extime, 2002), où abondent annotations, sentences, proverbes et courtes citations.

Cette évolution de l’œuvre vers la brièveté, tout comme les déclarations de l’auteur sur l’idéal qu’elle représente, mériteraient d’être questionnées. Évoquer une évolution est-il d’ailleurs tout à fait juste ? Car l’attrait de l’écrivain pour les formes lapidaires et frappantes est perceptible dès les premiers romans mythologiques, par le recours aux épigraphes notamment. De même, Les Météores, le plus long roman de Tournier, ne renferme-t-il pas de courts contes énigmatiques, aussi poétiques que les jardins japonais admirés par le personnage principal du récit ? Comme l’a montré Arlette Bouloumié, Vendredi ou les Limbes du Pacifique et Le Roi des Aulnes devraient beaucoup à un premier manuscrit non publié, Les Plaisirs et les Pleurs d’Olivier Cromorne, qui emprunte largement à la forme fragmentaire du journal.

Interroger la place des formes brèves dans l’œuvre de Tournier supposerait également de prendre en considération sa sensibilité aux arts visuels, notamment à la peinture et à la photographie. Dans les années 1960, il réalisa une cinquantaine de films de trente minutes, consacrés à de grands photographes pour l’émission télévisée « Chambre noire ». Il fut également l’instigateur, avec le photographe Lucien Clergue et le conservateur des musées d’Arles, Jean-Maurice Rouquette, des Rencontres internationales de la photographie à Arles. Or, n’est-ce pas par de courts essais, dépassant rarement deux-trois pages, que l’auteur rend le plus magistralement hommage aux artistes, peintres et photographes, qu’il apprécie ? Plusieurs ouvrages sont ainsi nés de cette association entre textes et images (Vues de dos, 1981 ; Des clefs et des serrures, 1983 ; Le Tabor et le Sinaï, 1988 ; Le Crépuscule des masques, 1992).

L’exploration des formes brèves dans la production de Tournier ouvre ainsi un large champ de réflexion interdisciplinaire qui pourra porter sur d’autres supports que ceux mentionnés et être envisagé par différentes approches (générique, génétique, stylistique, etc.) dès lors que celles-ci procéderont à une lecture renouvelée de l’œuvre.

 Les propositions de contribution (200-300 mots) devront être envoyées à Mathilde Bataillé et à Cécile Meynard, en français, jusqu’au 2 mars 2024.

mathilde.bataille@univ-angers.fr

cecile.meynard@univ-angers.fr

Composition du comité d'organisation 

Carole Auroy (UA, laboratoire CIRPaLL)

Mathilde Bataillé (UA, laboratoire CIRPaLL)

Pauline Boivineau (UCO, laboratoire CHUS)

Anne-Rachel Hermetet (UA, laboratoire 3.LAM)

Cécile Meynard (UA, laboratoire CIRPaLL)


Composition du comité scientifique 

Carole Auroy (UA, laboratoire CIRPaLL)

Mathilde Bataillé (UA, laboratoire CIRPaLL)

Arlette Bouloumié (UA, laboratoire CIRPaLL)

Pauline Boivineau (UCO, laboratoire CHUS)

Anne-Rachel Hermetet (UA, laboratoire 3.LAM)

Cécile Meynard (UA, laboratoire CIRPaLL)


Bibliographie sélective 


Sur les formes brèves

Aubrit J.-P., Le Conte et la Nouvelle, Paris, Armand Colin, 2002.

Belmont N., Poétique du conte. Essai sur le conte de tradition orale, Paris, Gallimard, 1992.

Dessons G., La Voix juste. Essai sur le bref, Paris, Manucius, 2015.

Godenne R., Études sur la nouvelle de langue française, Paris, Champion, 1993.

Harmat A.-M. (dir.), La Nouvelle en Europe. Destins croisés d’un genre au xxe siècle, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2014.

Meynard C. et Vernadakis E. (dir.), Formes brèves au croisement des pratiques et des savoirs, Rennes, PUR, 2019.

Montandon A., Les Formes brèves, Paris, Hachette, 1992.

Roukhomovsky B., Lire les formes brèves, Paris, Nathan/VUEF, 2001.

Sur les formes brèves dans l’œuvre de Tournier (quelques références)

Alessandrelli S., Les Modalités de l'écriture ironique et humoristique dans l’œuvre de Michel Tournier, thèse de doctorat de littérature et civilisation françaises, dir. A. Bouloumié, Université d'Angers, 2004.

Bataillé M., Michel Tournier. L'écriture du temps, Rennes, Presses Universitaire de Rennes, 2017.

Beckett S., De grands romanciers écrivent pour les enfants, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1997.

Bouloumié A., Michel Tournier. Le Roman mythologique, suivi de questions à Michel Tournier, Paris, Librairie José Corti, 1988.

Bouloumié A. (dir.), Dictionnaire Michel Tournier, Paris, Honoré Champion, 2019.

Bouloumié A. et Poirier J. (dir.), Michel Tournier. Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Le Roi des Aulnes et Les Météores, Roman 20-50, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, n° 69, juin 2020.

Machta M. (dir.), Contes et conteurs dans Le Coq de bruyère de Michel Tournier, Actes de la journée d'études organisée le 11 mars 2003 par l’Institut Supérieur des Langues de Tunis, Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, 2003.

Poirier J., « Célébrations ou la mosaïque du monde », in Bouloumié A. (dir.), Michel Tournier. La réception d'une œuvre en France et à l’étranger, Actes du Colloque International, Angers, les 20-21 mai 2011, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013.

Vray J.-B., Michel Tournier et l’écriture seconde, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1997.