L’essor du symbolisme à la fin du XIXe siècle a coïncidé avec le développement technologique fulgurant des moyens de communication et de transport qui ont facilité la circulation transnationale des personnes, des textes, des images et des objets d’art. Les écrivains et les artistes affiliés au symbolisme ont donc pu bénéficier d’une plus grande mobilité à travers le monde : ils ont intégré des formes et des idées d’autres cultures afin de donner naissance à de nouvelles pratiques et théories artistiques ; ils ont cherché à remodeler les normes esthétiques en promouvant des perspectives transnationales et cosmopolites ; ils ont refaçonné leurs propres identités artistiques et sociales. Cet élargissement de vision a mené à un bouleversement des hiérarchies et des systèmes de valeurs traditionnels. Dans le même temps, ce processus a aussi été lié à la mise en place de nouvelles formes de concurrence et d’inégalité, en particulier en ce qui concerne l’évolution des relations entre les cultures européennes, africaines et asiatiques.
Le présent colloque entend apporter un nouvel éclairage sur les processus dynamiques de mondialisation du symbolisme, en prenant en compte tant les cultures littéraires, matérielles que visuelles. Il interrogera, par exemple, la façon dont les écrits et les théories esthétiques du symbolisme ont interagi avec le mouvement d’œuvres représentatives, en incluant tant les beaux-arts que les objets décoratifs conçus pour l’usage quotidien. Comment les expositions artistiques et industrielles, qui se sont multipliées à cette époque, ont-elles affecté la circulation littéraire ? Comment la forme matérielle des livres et des périodiques a-t-elle contribué à la diffusion du symbolisme au-delà de multiples frontières ? Et, inversement, quel a été l’impact de la circulation transnationale des textes et des théories symbolistes, par exemple, par le biais de la traduction, sur les pratiques artistiques ?
Alors que la critique a longtemps cherché à déterminer les limites du symbolisme, en réfléchissant par exemple à sa relation complexe et insaisissable avec le mouvement décadent, ce colloque s’attache à étudier la dynamique de mondialisation, qui a vu la littérature dialoguer avec une variété d’autres médias visuels, de la publicité aux arts de la scène et de l’illustration au cinéma. En se concentrant sur la manière dont le symbolisme a évolué et s’est développé dans différents pays et zones linguistiques, il vise également à remettre en question la chronologie du mouvement et son chevauchement avec d’autres mouvements (décadence, expressionnisme, modernisme, etc.). De même, puisque l’étiquette symboliste semble appliquée de manière moins restrictive dans les arts visuels qu’en littérature, le colloque encourage également le croisement des approches intermédiale et transnationale afin de pouvoir mieux cerner la circulation du mouvement à travers les arts et les langues.
Le colloque aura lieu à l'Université libre de Bruxelles le 16 et 17 mai 2024. Les propositions de communication attendues concernent toutes les zones géographiques et linguistiques, et s’inscrivent dans une définition étendue du symbolisme, depuis ses premières origines au milieu du XIXesiècle jusqu’à ses retombées dans l’entre-deux-guerres. Les propositions pourront aborder la mondialisation du symbolisme sous un ou plusieurs des angles suivants :
- La circulation mondiale des objets et des théories artistiques
- La traduction et le visuel
- L’illustration et la typographie
- La matérialité textuelle (papiers, reliures, formats)
- Les artistes et écrivain·es pluridisciplinaires
- La culture des périodiques et des revues internationales
- Les technologies (télégraphe, électricité, courrier, dactylographie, transport)
- Le façonnage des identités nationales/locales/mondiales
- Le colonialisme/décolonialisme
- L’esthétique et l’éthique de l’appropriation culturelle
- Les archives et bibliothèques symbolistes
- Les réseaux publics et privés
- Les expositions et les cafés littéraires
Les propositions de communication en anglais ou en français sont les bienvenues. L’organisation veillera à permettre aux participant·es d’échanger dans les deux langues.
Les propositions comporteront des résumés de maximum 300 mots accompagnés d’une notice biographique de maximum 150 mots et devront nous parvenir avant le 19 janvier 2024 par le biais du formulaire suivant : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdBAf_0z8oMTeZAumx_ed6r6n2Vf7gV9_d7Ti9pA5SlU1eBHA/viewform.
Cet événement s’inscrit à la suite de deux journées d’étude précédentes qui ont exploré le rôle de la géographie et du voyage dans la littérature symboliste. Le projet « Symbolism and Decadence as World Literature » est une collaboration entre les universités de Bruxelles et d’Oxford financée par la Fondation Wiener-Anspach. Pour plus d’informations, veuillez consulter : https://symbolistworlds.com.
Les organisateurs de la conférence, Clément Dessy, Stefano Evangelista et Patrick McGuinness, peuvent être contactés à l’adresse suivante : symbolistworlds@proton.me.