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Cycle "Nature et littérature" (La Vallée-aux-Loups)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Sébastien Baudoin)

Nature et littérature au XIXème siècle

Le cycle "Nature et littérature au XIXe siècle" présente une série de Conférences grand public autour de grands auteurs de la littérature française, depuis Rousseau jusqu'à George Sand, qui ont décrit leur rapport à la nature. La part belle est faite à Rousseau, Chateaubriand, Hugo mais aussi à Goethe, Elisée Reclus, Humboldt ou encore George Sand. Ce panorama vise à cerner les rapports profonds qu'entretiennent ces grands écrivains avec une question redevenue d'une actualité brûlante : la nature, ses enchantements, ses limites et ses dangers, conduisant au frisson du sublime.

Programme

30 septembre 2023 à 15h : Conférence inaugurale. Sébastien Baudoin, « La nature chez Chateaubriand : lecture éco-imaginaire ».

Dans la préface de la première édition d’Atala, Chateaubriand s’élève contre la « pure nature » célébrée par Rousseau comme n’étant pas à ses yeux « la plus belle chose du monde ». Déclarant qu’ « avec ce mot de nature, on a tout perdu », il prône alors la peinture de « la belle nature » selon le credo du « beau idéal » néoclassique, issu des théories de Winckelmann. Mais cette vision esthétisée de la nature – Alain Roger dirait « artialisée » – passe aussi par le filtre de l’imaginaire. Notre propos visera à adopter une perspective « éco-imaginaire », adaptant les théories de Bachelard et Gilbert Durand pour lire la nature telle qu’elle s’exprime dans les œuvres de Chateaubriand. Nous décèlerons alors un système de rêverie et de représentations mentales qui, se conjuguant aux principes esthétiques et apologétiques, innerve les descriptions de paysages chez notre auteur, tant dans ses écrits américains que dans ses fameux Mémoires d’outre-tombe.

Lecture d’extraits de Chateaubriand par Olivier Martinaud (comédien et metteur en scène formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique). 

18 novembre 2023 à 15h : Jacques Berchtold (Professeur émérite à l’université Paris-IV Sorbonne, directeur de la Fondation Bodmer), « Théories du jardin et espace romanesque : de La Nouvelle Héloïse de Rousseau aux Affinités électives de Goethe »

On connaît le diapason rousseauiste de la description de la nature chez Chateaubriand. Marquant son hostilité au jardin à la française, la description inventive du jardin de Rousseau en son roman (1761) exerça une influence immense. Rousseau séjourna et mourut en 1778 dans le parc philosophique du marquis de Girardin à Ermenonville. Le rôle inspirateur conjugué de ces deux modèles se manifeste chez Goethe dans un roman caractérisé par un dense faufilage d’allusions à la nature.   

 9 décembre 2023 à 15h : Reynald André Chalard (Professeur de Première Supérieure, lycée Pierre d’Ailly, Compiègne): « Lève la nature, Dieu est dessous. » : Victor Hugo, la nature et le divin.

Agrégé de l’Université, Reynald André Chalard est professeur de Lettres en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Pierre d’Ailly de Compiègne. Il a publié des études et des articles sur la poésie des XIXe et XXe siècles. Il s’intéresse aux rapports que la poésie entretient avec la métaphysique, et plus largement la philosophie, ainsi qu’à la prégnance du romantisme dans la poésie moderne.

Dans un livre récent consacré à Baudelaire, Roberto Calasso rapporte le jugement péremptoire du poète des Fleurs du Mal sur Victor Hugo. L’auteur des Contemplations ne serait pas un esprit spéculatif, mais il incarnerait une force océanique dont le secret résiderait dans une « affinité avec certains phénomènes naturels ». Voilà qui intrigue et demande que l’on y regarde de plus près : de quelle force la nature relève-t-elle ? Appartient-elle au monde immanent auquel l’homme ne peut que se confronter, faisant de la nature l’une des trois luttes de l’humanité, comme il est écrit dans la préface des Travailleurs de la mer ? Ou bien est-elle inséparable de « l’infini vivant », Dieu, ainsi nommé dans William Shakespeare, dont la présence obsède le rapport de Hugo à la nature ? Suffit-il de lever le voile d’Isis pour comprendre ?

25 février 2024 à 15h : Bertrand Guest (Maître de Conférences en Littérature du XIXe siècle, Université d’Angers): « Humboldt et Reclus, essayistes du cosmos »

Alexander von Humboldt et Elisée Reclus, d'une extrémité à l'autre d'un long XIXe siècle qui voit se décliner en de multiples directions, dans la littérature scientifique, l'anthropologie comparée des Lumières, l'avènement de l'idée écologique, et de sciences des milieux (mésologie) ou sciences des relations (écologie, 1866), articulent significativement une pensée de la liberté (du libéralisme à l'anarchisme) et une description physique du monde en tant que processus changeant. Un "cosmos" dont la question essentielle devient peut-être celle de sa cohérence sans théologie, d'une harmonie du monde plus ou moins laïcisée même si elle ne prend pas congé de tout horizon divin. Entre cosmos et chaos, entre exploration du divers et pensées de l'universalisable, quelles géographies de l'humain et de l'autre qu'humain dessinent leurs œuvres, qui puissent possiblement encore inspirer nos lectures du monde contemporain ?

10 mars 2024 à 15h : Yvon Le Scanff (Maître de Conférences et directeur de recherche en littérature française à l’Université Sorbonne Nouvelle). « La philosophie romantique de la nature »

Ses recherches portent essentiellement sur l’esthétique et la poétique du paysage (Le paysage romantique et l’expérience du sublime, Champ Vallon, 2007) ainsi que sur la philosophie romantique de la nature (Senancour : penser nature, Garnier, 2022).

La nature romantique, sous toutes ses formes (paysage sauvage ou jardin naturel) et dans toutes ses dimensions témoigne d’une perception de la nature comme une force vivante, productive, qui s’oppose ainsi à toute une tradition dite classique, mécanique ou naturaliste qui voit dans la nature un répertoire de formes ou de produits à inventorier ou de matières à dénaturer. La nature romantique est ainsi comparable à un flux qui exprime aussi bien la totalité et l’unité que la variété et la continuité du vivant. 

27 avril 2024 à 15h : Pascale Auraix-Jonchière  (Professeure des Universités en Littérature du XIXe siècle, Université de Clermont Auvergne) : « Les jardins selon Sand : faire monde et faire nature »

Spécialiste de Barbey d’Aurevilly et de George Sand. Ses recherches s’articulent autour de la sociopoétique (notamment la réception des mythes et des contes) et de l’écopoétique (jardins, forêt…). Rédactrice en chef de la revue Sociopoétiques, elle est membre du comité directeur des Lettres modernes-Minard (coordinatrice éditoriale) où elle dirige la série « Barbey d’Aurevilly » des Lettres modernes. Elle a récemment co-dirigé les Nouveaux récits sur la forêt publiés aux PUBP, et publié un article intitulé « George Sand et la merveillosité de la nature. Linéaments d'une écopoétique » dans la Revue des Sciences Humaines

Amoureuse des jardins, conteuse et botaniste, George Sand élargit les frontières des jardins, a priori définis par leur clôture de même que, réciproquement, elle élit des parcelles de nature qu’elle identifie comme autant de jardins. Il s’agira d’explorer cette réversibilité sensible, esthétique et poétique à l’aune de ses considérations pionnières sur l’environnement.