Programme 2023-2024
Lundi matin, 9h30-12h30
Que la philosophie puisse s’élaborer et s’exposer au moyen de fictions, que les fictions se nourrissent de problèmes et de thèses philosophiques, voilà qui n’est pas nouveau, que l’on pense simplement à Platon, Lucien ou Plutarque. Mais ce lien – peut-être consubstantiel – se rejoue dans la période de l’Âge classique et des Lumières. Il devient à la fois plus présent et plus problématique, plus indissoluble et plus dramatisé, plus fructueux et plus dissimulé. La feintise ludique y déploie ses enjeux épistémiques. Le travail philosophique pour définir les conditions de la science rend la place de l’imagination problématique, en même temps qu’il amène à l’invention de dispositifs hypothétiques. Mais ces mondes fictifs ont-ils nécessairement une relation au monde réel ? L’intérêt pour les mondes possibles ouvre (paradoxalement?) des espaces de discussion pour repenser la normativité scientifique à l’époque moderne aussi bien que les questions métaphysiques, politiques et morales. Le développement de la philosophie hors de l’Université l’oblige à inventer de nouvelles formes d’exposition. L’essor du roman, aussi bien que les tentatives d’un théâtre renouvelé, s’accompagnent d’une ambition philosophique manifeste, dans les thèmes abordés, les personnages et les discours qu’ils tiennent.
Ce qui nous intéressera dans ce séminaire est d'une part de recenser et d'étudier des cas, soit de philosophes qui produisent des fictions (distinctes des expériences de pensée, hypothèses, etc.) ou même réfléchissent sur notre rapport à la fiction, soit de romanciers, fabulistes, dramaturges, etc. qui écrivent des textes à ambition philosophique, et d'autre part de réfléchir sur les outils, notions, concepts, que nous avons pour aborder ces textes et les problèmes spécifiques qu'ils peuvent poser.
Le séminaire, entamé en 2022-2023 et poursuivi en 2023-2024, se continuera dans les années à venir. Toutes les propositions sont bienvenues.
22 janvier 2024 : Claire Etchegaray : « La fiction de l'existence indépendante des corps chez Hume » et Anne Duprat : « Y-a-t-il une causalité fictionnelle ? ».
26 février 2024 : Françoise Lavocat : « Que disent de la fiction les personnages et les auteurs qui se rencontrent ? Métalepses métafictionnelles au XVIIIe siècle » et Sophie Audidière : « Fictions philosophiques et médicales de La Mettrie »
25 mars 2024 : Helène Boons : « Presse et fiction au XVIIIIe siècle : drôle d'attelage ? » et Pierre Cassou-Noguès : « “Mes mains m’instruiraient mieux de ce qui se passe sur la lune que vos yeux …” : le toucher, la fiction et la théorie de l’information »
22 avril 2024 : Nathalie Kremer : « Le mythe de Pygmalion comme métaphore de la relation esthétique » et Marion Chottin : « L'Aveugle qui refuse de voir (1771) : un contrepoint au “regard éloigné” ».