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Éditer la poésie (XIXe–XXIe s.). Avec Pauline Khalifa, Yves di Manno, Isabelle Garron (Sorbonne nouvelle)

Éditer la poésie (XIXe–XXIe s.). Avec Pauline Khalifa, Yves di Manno, Isabelle Garron (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Serge Linarès)

Séance 6, 14 juin 2023, 16h-19h
 
Pauline Khalifa, « “La passion de la chose imprimée” : créations et rencontres aux Éditions Le Soleil Noir »

Dans son entretien lors de l’exposition rétrospective Le Soleil Noir : recherches, découvertes, trajectoire en 1993, François Di Dio insiste sur sa rencontre avec l’édition et la poésie mallarméenne. Fulgurante, la rencontre amorce l’aventure collective que sont les Éditions du Soleil Noir (1950-1983), nommées initialement Les Presses du Livre français (1948). Porté haut par l’éditeur, cet amour du livre est une invitation aux poètes et aux artistes à y prendre part, et donne naissance à des créations plurielles marquées par la réciprocité et le dialogue constant. Accordant une grande place à l’autonomie de ses participants, François Di Dio a fait de sa maison d’édition un creuset dans lequel se dessinent des espaces perméables, faisant correspondre le texte et l’image.
Des revues Positions (1952-1953) aux tracts à détruire des Cahiers noirs du soleil (1967-1970), les Éditions du Soleil Noir se caractérisent par l’étoilement de ses productions. Enfin, ce sont sans aucun doute ses livres-objets qui concrétisent et inscrivent durablement les traces multiples du geste créateur. Entre livre et sculpture, le livre-objet a le mérite de réinterroger les frontières poreuses du texte et de l’image, du livre et de l’objet artistique, des supports et des formes poétiques dans une négociation permanente. Il impose en effet la prudence : cette résistance à des critères classificatoires fait de lui une création atypique, transmédiale, convoquant au moins un artiste et un poète sous l’œil attentif de l’éditeur. Associée étroitement à la co-création, la notion de rhizome rend alors compte de ces cheminements esthétiques au sein du Soleil Noir. En revanche, cet éparpillement ne saurait évacuer, voire compromettre, la cohérence et le maintien d’une ligne éditoriale ; au contraire, il donne à voir et assume le déploiement de la subjectivité des participants, composant avec les écarts qu’elles innervent. 
 
Doctorante contractuelle à l’Université Lumière Lyon 2 au sein du Laboratoire Passages Arts & Littératures (XX-XXI) depuis 2020, Pauline Khalifa prépare une thèse de littérature française sous la direction du Professeur Dominique Carlat, consacrée aux Éditions du Soleil Noir. Ses objets d’étude portent principalement sur les politiques éditoriales, les rapports texte-image, les expériences transmédiales, intermédiales et co-auctoriales entre écrivains, artistes et éditeurs. 
 
Yves di Manno, entretien avec Isabelle Garron : « Poésie/Flammarion 1994-2023 : l’Idéogramme »
 
Yves di Manno (1954) a publié une trentaine d’ouvrages — parmi lesquels, pour la poésie : Champs (1984-1987 ; édition définitive en 2014), Kambuja (1992), Partitions (1995) et Un Pré, chemin vers (2003). Deux nouvelles suites : Terre sienne et une, traversée (avec Anne Calas), paraissent en 2012 et 2014. Terre ancienne (2022) et Lavis (2023) rassemblent quant à eux des textes antérieurs. Outre ses récits de jeunesse (Disparaître, 1997), il est également l’auteur d’un roman fantastique : La Montagne rituelle (1998), de deux « récits en rêve » : Domicile (2002), Discipline (2005) et d’un triptyque de poétique active : « endquote » (1999), Objets d’Amérique (2009), Terre ni ciel (2014). Il a traduit plusieurs poètes nord-américains (Williams, Pound, Oppen, Rothenberg…) et dirige par ailleurs la collection Poésie/Flammarion, où il a accueilli depuis 1994 près de deux cents titres, d’une soixantaine d’auteurs. Il a également conçu avec Isabelle Garron une importante histoire anthologique de la poésie française depuis 1960 : Un nouveau monde (2017).
 
Isabelle Garron vit et travaille à Paris. Elle est enseignante-chercheure au département Sciences économiques et sociales de Telecom Paris - IpParis. À la suite d’un doctorat sur la place de la typographie dans la mise en page du poème moderne, elle a permis la réédition à l’identique de la Lucarne Ovale de Pierre Reverdy, au Théâtre Typographique (2001). Elle est l’auteure de plusieurs livres parus chez Flammarion dans la collection Poésie : Face devant Contre en 2002, Qu’il faille en 2007 et Corps fut en 2011, tous trois conçus dans l'idée d'une trilogie, ainsi que Bras vif, en 2018. Deux titres ont été traduits en anglais et publiés aux États-Unis : Face before against (Litmus Press 2007, trad. Sarah Riggs) et Body was (Litmus Press, 2021, trad. Elena Rivera).  Elle a collaboré à plusieurs anthologies ainsi qu’à diverses revues et manifestations collectives. Elle fut membre de 2004 à 2012 du comité de rédaction d’Action poétique et a participé de 2005 à 2009 au plateau de Peinture Fraiche, émission de Jean Daive, sur France Culture. À ce jour, elle n’a publié qu’une seule prose, « Ensemble vide », dans l’ouvrage collectif Surveillances ( Publie.net, 2016), sous la direction de Céline Curiol et Philippe Aigrain.  Elle a composé avec Yves di Manno Un nouveau monde : poésies en France 1960-2010, un passage anthologique, Flammarion, 2017, coll. « Mille & une pages ».  Dans d’autres champs,  elle a rédigé une postface pour Cinq le Chœur ( Flammarion, 2014), volume rassemblant les œuvres complètes d’Anne-Marie Albiach (1937-2012), et publié en 2020, chez José Corti, une traduction du volume Way de la poète américaine Leslie Scalapino (1944-2010), en collaboration avec la poète et éditrice américaine Tracy Grinnell.

Pour suivre la séance en ligne, écrire à: serge.linares@sorbonne-nouvelle.fr