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Pour une approche critique de la notion de

Pour une approche critique de la notion de "récit de transfuge de classe". Usages littéraires, sociologiques, médiatiques et politiques (Sorbonne)

Séminaire de recherche organisé par

Karine Abiven (Sorbonne Université) & Laélia Véron (Université d’Orléans)

Les narrations des parcours de mobilité sociale ascendante, dits « récits de transfuge de classe » sont, depuis le début des années 2020, une formule à succès, ce qui est en soi paradoxal. D’abord défini en tant que catégorie marginale (ou désignant des espaces marginaux), le « récit de transfuge » s’institutionnalise et se canonise de plus en plus : en témoigne le prix Nobel reçu par Annie Ernaux. Cette institutionnalisation s’accompagne de critiques, de plus en plus audibles, liées à la manière dont ces récits représentent, commentent et politisent les mobilités sociales (en croisant notamment le concept problématique de méritocratie).

La notion de « transfuge » est en effet une notion interdisciplinaire : issue de la sociologie et diffusée par la littérature, elle s’est imposée au cœur du débat public – en témoigne la forte utilisation du mot dans les médias. Rares sont les concepts dont la médiatisation est passée en grande partie par la littérature et qui irriguent à ce point le débat public. C’est donc une notion extrêmement commentée, par le discours médiatique qui la véhicule, mais aussi par ses créatrices et créateurs, puisque le récit de transfuge de classe présente la particularité de s’accompagner très souvent d’un auto-commentaire (dans le texte même et dans les discours tenus par ailleurs par les écrivains), ce qui participe au balisage de sa réception.

Nous souhaitons interroger cette notion d’actualité – sans nous en tenir pour autant aux discours d’actualité – et à cette réception immédiate. Nous espérons donc proposer une approche critique interdisciplinaire de la notion de « récits de transfuge de classe », à travers les points suivants.

1) Pour une cartographie de la notion de « récit de transfuge de classe » 

En littérature, ce corpus devient-il un nouveau « canon » ? Comment (et faut-il) définir ce qui serait ou ne serait pas « récit de transfuge de classe »? Le « récit de transfuge de classe » s’écrit-il forcément à la première personne ? Se limite-t-il d’ailleurs à l’écrit ? Ce type de récit prend ses racines dans ou se réclame de divers genres : l’autosociobiographie, le récit de filiation, l’autofiction, le témoignage, le roman, etc. Il s’ancre pleinement, dans certains cas, dans le champ littéraire, mais il est aussi fortement traversé de sociologie. Il devient quelquefois difficile à distinguer de certains ouvrages politiques ou médiatiques. Comment le « récit de transfuge de classe » se distingue-t-il du récit, plus classique, du story-telling des trajectoires ascendantes ? Est-ce toujours aisé de les différencier ? On peut ainsi penser à Reste à sa place !... de Sébastien Le Fol, qui dresse le portrait de personnalités politiques pas toujours transfuges mais confrontées selon l’auteur au « mépris de classe » ou de l’ouvrage de Noémie Halioua, Les Uns contre les autres. Sarcelles. Du vivre-ensemble au vivre-séparé en 2022 (présenté par Gérald Bronner comme un « bon » récit de transfuge, car écartant les affects comme la honte, etc.).

Cette veine narrative apparaît ainsi comme un lieu privilégié du franchissement des frontières entre fiction et non-fiction, littérature et écrits de sciences sociales, mais aussi discours littéraire, politique, et médiatique : retrouve-t-on des récurrences communes indépendamment du genre du discours ? On se demandera comment les nombreux paratextes (entretiens, interviews, articles de presse, publications sur les réseaux sociaux, discours, préfaces) interagissent avec ce néo-canon. On verra comment d’autres paramètres sociologiques interfèrent avec la catégorie « transfuge » (le genre, l’origine géographique, les mélanges culturels etc.). On cherchera aussi ses cas limites/annexes : pourquoi la mobilité sociale descendante (le déclassement) semble-t-elle moins féconde dans ces récits de mobilité sociale que la mobilité ascendante ? Quels sont les liens entre « récits de transfuge de classe » et récits du travail, romans populistes, littérature prolétarienne, romans ruraux ?, etc. 

On se demandera également si le « récit de transfuge de classe » est une spécialité franco-française. Si un des premiers modèles de récits de soi sociologiques est celui de Richard Hoggart, lié à sa pensée de la culture populaire britannique, la notion est le plus souvent associée aux écrits d’Ernaux, de Bourdieu ou d’Eribon. Ce corpus-modèle sous-jacent tend à ancrer ce type de récit dans l’écriture et l’analyse de la société française, avec ses spécificités (scolaires, géographiques, culturelles). Pourtant l’autosociobiographie apparaît bien comme une « forme itinérante » dans le domaine allemand (Lammers et Twellmann 2021), de même que la « résilience » du ou de la transclasse commence à être étudiée sous ce nom dans les aires anglo- et hispanophones (Balutet et Camp 2023). On aimerait poursuivre ces réflexions en interrogeant les traductions, les réceptions des écrits français à l’étranger, autant que les manières différenciées de raconter les parcours de mobilité sociale selon les cultures.

Il est nécessaire de se poser la question des limites de la notion de « transfuges de classe » et par là de « récits de transfuges de classe ». Faut-il l’étendre, comme le fait Emmanuel Beaubatie en parlant de « transfuge de sexe » ? Lui ôter son association sémantique avec la honte ou la trahison, comme le propose Chantal Jaquet avec le terme transclasse ? Voire récuser la catégorie, soit parce qu’on critique l’étiquette en elle-même (c’est ce que fait Gérald Bronner) ou parce que le mot est devenue une étiquette floue qui englobe tous les écrits voulant rendre compte d’un sentiment d’illégitimité, lequel peut avoir des sources multiples non réductibles à la « classe » ?

Un tel questionnement appelle une analyse du discours, capable de traiter transversalement tous ces genres de discours (littéraires, sociocritiques/sociologiques, médiatiques et politiques).

2) Un « moment » éditorial et médiatique ? 

Ce phénomène littéraire ne s’accompagne-t-il pas d’une « mode » éditoriale et médiatique ? On constate un décalage entre l’impression d’omniprésence de la notion et la difficulté à cerner un corpus qui dépasse quelques autrices/auteurs : Annie Ernaux, Édouard Louis, (voire Nicolas Mathieu) en littérature et du côté des sciences sociales Richard Hoggart, Pierre Bourdieu, Didier Éribon et maintenant Rose-Marie Lagrave et Norbert Alter. 

L’étiquette « récit de transfuge de classe » devient-elle une opportunité éditoriale et marketing depuis les années 2020 ? Des genres comme le « feel good book » s’emparent par exemple de ce fonds thématique en 2023, après deux ans d’intense médiatisation de la notion (Aurélie Valognes, L’Envol). La catégorie éditoriale est  désormais identifiable : les éditions du Mauconduit lancent en 2022 une nouvelle collection « Vivre/Écrire » pour des recueils de textes autobiographiques sur une thématique choisie, dont celles des « transfuges de classe ». 

Le refus de certains auteurs et autrices (comme Marie-Hélène Lafon) de se voir attribuer l’étiquette « transfuges de classe »,  la nécessité qu’elles et ils éprouvent de se positionner par rapport à cette catégorie (on peut penser au positionnement assez ambigu de Nicolas Mathieu sur la question, qui revendique ou accepte plusieurs fois le terme, tout en rappelant sa méfiance vis-à-vis de l’utilisation politique et médiatique de cette étiquette) montrent qu’elle s’est remplie récemment d’une charge polémique et politique nouvelle. 

Des méthodes d’analyse des données numériques et du discours médiatique devraient permettre de voir l’évolution des mentions de ces thématiques sur les réseaux sociaux et dans la presse. Une approche sociologique du champ littéraire et éditorial pourrait permettre de comprendre l’expansion éditoriale de ce nouveau type de récit et d’analyser les positionnements des autrices et auteurs selon leur place dans le champ.

3) Une notion qui pose la question de la mobilité sociale dans l’histoire (et l’histoire de la littérature). 

À partir de quand peut-on parler de (littérature de/ récit de) « transfuges de classe » ? Quelle différence y a-t-il entre des personnages décrits comme des parvenus/ des ambitieux et, de l’autre côté, des transfuges (dans les médias, la figure de Rastignac est souvent, et étrangement, convoquée sur le sujet) ? Peut-on également délimiter à partir de quand la figure du « transfuge de classe » est devenue une figure potentiellement héroïque et non plus une figure problématique, symptomatique d’un désordre social ? (on pense à la vision de la mobilité sociale représentée dans Barrès, Les Déracinés en 1897 ou Bourget dans L'Étape en 1902).

L’inscription d’une mobilité sociale ascendante dans une pratique d’écriture à la première personne ne date pas de la fin du XXe siècle : peut-on lire par ce filtre d’autres expérimentations d’une langue littéraire nouvelle ? Jean-Jacques Rousseau, souvent pris comme modèle de l’écriture des humiliés ? Ou dès le XVIIe siècle, un des premiers écrivains au sens moderne du terme, Vincent Voiture, moqué pour sa roture et qui fait de cette indignité un lieu de l’expérimentation littéraire ? Ou, à l’époque contemporaine, Jules Vallès et sa langue imprégnée d’un « plurilinguisme social » (Meizoz 2014), Charles Ferdinand Ramuz qui revendique d’écrire la langue non pas d’un licencié de lettres classiques mais d’un  « petit-fils de vignerons et de paysans », Louis Guilloux qui voit sa Maison du peuple comme « un acte d’obéissance et de fidélité » et non de trahison envers les siens (cité par Golvet 2010), ou Albert Camus et la quête d’un passé mutique dans Le Premier homme ? Cette archéologie pourrait montrer une histoire parallèle de la langue littéraire, qui montre des choix revendiquant la simplicité, récusant la norme haute ou faisant de l’oralité une ressource littéraire aux enjeux sociaux inédits.

La réflexion aboutira à notre présent pour interroger le pourquoi socio-politique d’une telle actualité discursive : l’expansion de ce type de récits dans les années 2010-2020 correspond-il à une réalité de la panne de ladite « méritocratie » ? D’ailleurs, quelle est exactement la période historique représentée par ces « récits de transfuge de classe »: s’agit-il du présent (au moment où ces autrices et auteurs écrivent, et au moment où nous les lisons) ? ou d’un passé (au moment de l’enfance et des études de ces autrices et auteurs) où la mobilité sociale était davantage pensable voire possible ? D’autres critiques actuelles de la notion, qui récusent l’éviction de la race dans ces récits, par exemple (on peut penser aux écrits de Kaoutar Harchi) semblent pointer les points aveugles de la problématique sociale telle que saisie par ce prisme.

L’interdisciplinarité de la réflexion, en particulier avec l’apport de la sociologie et de l’histoire, pourra permettre d’éclairer les fonctions socio-historiques variables de ces récits. 

4) Poétique et stylistique du récit de transfuge de classe. 

On se demandera si on retrouve des épisodes spécifiques aux récits de transfuges (en particulier les épisodes scolaires), qui en feraient un nouveau sous-genre du récit de soi, ni tout à fait d’émancipation, ni d’apprentissage. La place du corps adopte-t-elle des traits spécifiques dans ces récits (la mue du transfuge s’accompagnant volontiers d’une transformation physique) ? Quel rôle y joue le document (en particulier la photo, mais aussi les extraits de lettres qui sont comme un vestige de la langue d’autrefois) dans la construction de cette écriture ? etc.

On constate que la dimension de la langue, de la confrontation à différents types de discours, et notamment au « marché linguistique » scolaire [Bourdieu 1982]) est très présente dans les « récits de transfuge ». Ces récits font-ils toujours sa part à une certaine diglossie (ou coprésence de deux variations du français, l’une basse qui serait celle du milieu d’origine, et l’autre haute, celle du milieu d’arrivée), ainsi qu’à son éventuel commentaire métalinguistique ? Quelles sont les différentes manifestations possibles de cette diglossie ?

 On s'interrogera également, dans la lignée des travaux de Sara de Balsi (2019, 2024) sur les points de convergence entre récit translingue et récit de transfuge de classe. D'une part on se demandera si la diglossie peut aller jusqu'au translinguisme. D'autre part, lorsque le récit est explicitement translingue (dans les cas, notamment d'enfants, passant d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre, d'une langue à l'autre, comme dans les oeuvres de Laura Alcoba, Maryam Madjidi ou Kim Thuy ) on se demandera s'il est aussi transclasse. En effet, le récit translingue est souvent un récit d'ascension sociale (dont l'apprentissage de la langue est une étape fondamentale) mais il peut être aussi récit de déclassement social.

D’un point de vue stylistique, les « récits de transfuge » ont-ils inventé un nouveau style? Comment définir celui-ci : est-ce un style social, politique ? Qu’est-ce, concrètement, qu’« écrire littérairement dans la langue de tous » (Ernaux) ? On se demandera s’il existe des stylèmes spécifiques aux récits de transfuge, indépendamment des styles spécifiques de leurs autrices et auteurs. 

Comment retrouve-t-on la tension entre marginalisation et institutionnalisation dans la langue et le style du ou de la transfuge ? Peut-on revendiquer un style « marginal » après l’obtention du prix Nobel par Ernaux? Comment peut-on être l’héritière ou l’héritier d’un style « de transfuge » ? On reviendra sur les ambiguïtés de certaines autrices et auteurs par rapport aux attendus du « jeu littéraire » notamment en termes de travail sur le style (on pense aux travaux d’Isabelle Charpentier sur Annie Ernaux). Le ou la transfuge peut-il ou peut-elle vraiment se débarrasser de toute allégeance au « style littéraire » (comme entend par exemple le faire Edouard Louis) ?

Ces questionnements supposent une approche poétique, socio-stylistique et/ou linguistique de ces récits. 

5) Les enjeux politico-discursifs de cette notion 

Peut-on légitimement parler pour autrui (ce qu’induit l’ambition de « venger sa race », énoncée par Annie Ernaux, rejointe par certains écrits d’Edouard Louis) quand on parle de soi ? Quel est alors le statut énonciatif du « récit de transfuge de classe » : s’agit-il de parler des autres, pour les autres, à la place des autres ? Le transfuge est-il ou est-elle porte-parole (sur l'ambiguïté de cette notion, voir Ferron, Née, Oger, 2022) ? La parole qui raconte l’expérience singulière peut-elle prendre en charge le collectif ? Pourquoi cette ambition est-elle parfois vue comme une confiscation ?

Pourquoi la littérature se fait-elle aujourd’hui le creuset de cette ambition (compensant peut-être l’invisibilisation des dominés économiques dans le discours public) ? Quelles sont les intersections avec d’autres paroles invisibilisées ? Le récit de transfuge de classe est-il réellement un récit d’émancipation ou une nouvelle variante d’un story-telling ou d’une success story (plus ou moins fantasmée) ? 

On s’interrogera notamment sur la place de l’émotion dans ces « récits de transfuge de classe». De la mobilité sociale résultent des conflits d’identité et de loyauté qui peuvent apparaître non seulement par les signes de l’« habitus clivé » (Bourdieu 2004) mais s’analyser aussi sous l’angle de la « névrose de classe » (Gaulejac 1987) et qui s’expriment par diverses émotions (culpabilité, empathie, colère), dans un possible parcours de « résilience » (Balutet et Camp 2023). Mais cette émotion, que d’aucuns taxent de « dolorisme » (Bronner 2023) peut-elle être politique et politisante ? 

C’est poser ici la question de la dimension politique de la littérature et, plus généralement, la dimension pragmatique du discours et du récit.


Séances du séminaire 

Séances ouvertes à toutes et tous sur inscription, en hybride, à Sorbonne Université, de novembre 2023 à mai 2024, à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28, rue Serpente, 75006 Paris).

Les séances auront lieu le jeudi ou le mercredi, de 16h à 18h30 environ, en salle D223 ou D040 :

-          Jeudi 23 novembre 2023 : Introduction. Définitions et cartographie du concept de « transfuge ». Emmanuel Beaubatie, Karine Abiven, Laélia Véron

-          Jeudi 07 décembre 2023, salle D040  :  « Anachronismes contrôlés » : (pré)histoire  du « récit de transfuge de classe ». Avatars anciens depuis Marivaux et Rousseau en passant par Vallès, Péguy et Poulaille.

Jérôme Meizoz parlera de la posture des auteurs transfuges de classe, à la lumière de ses analyses sur Rousseau, Vallès, Péguy et Poulaille.

Jean-Christophe Igalens : « "Je n'ai jamais oublié cette scène là". Du mépris dans le Paysan parvenu de Marivaux  (au prisme des théories de la reconnaissance d'Axel Honneth) »

Jean-Louis Jeannelle et Fanette Mathiot parleront de la figure de l'autodidacte : «Universités populaires et récits d’acculturation :  la tentative pour "aller au peuple"» 

-          Mercredi 10 janvier 2024  : approches du « récit de transfuge de classe » : sociologie et littérature, sociologie de la littérature. Isabelle Charpentier, David Vrydaghs, Paola Boué.

David Vrydaghs, Université de Namur, NaLTT et COnTEXTES : « “Il faudrait pouvoir être vieux toute la vie” : effets du vieillissement social sur les récits de transfuge de classe. »

Cette intervention reviendra sur la notion de notion de vieillissement social, dans les champs littéraires et universitaires. Il s’agira d’interroger cet effet du vieillissement à deux niveaux (celui des trajectoires d’auteur·rices, celui du genre lui-même) dans ses aspects productifs (autorisation à écrire, ou à écrire différemment) mais aussi plus coercitifs (difficulté de se défaire d’une image, obligation de gestion d’une œuvre, etc.). Appliquer cette grille de lecture aux récits de transfuge de classe devrait permettre de faire apparaître l’institutionnalisation progressive du genre du récit de transfuge, institutionnalisation différente selon le champ d’appartenance des producteurs.

Isabelle Charpentier, professeure de sociologie à l'Université de Picardie Jules Verne, chercheure au CURAPP-ESS et associée au CESSP-CSE : « 'A jamais transfuge de classe'... Fabrique d'une oeuvre 'braconne', construction d'une posture auctoriale et usages littéraires stratégiques de la sociologie par Annie Ernaux" » 

Cette intervention reviendra sur la manière dont Annie Ernaux, a, pour fabriquer une position auctoriale en lien avec la thématique du "transfuge" qui traverse son oeuvre, fait un usage de plus en plus stratégique de la sociologie (notamment à partir des attaques critiques qui la fragilisent lors de la publication de Passion simple). Cette stratégie comporte des tentatives d'encadrement de la réception de son oeuvre.

Paola Boué: « Le "marquage" de la traduction d'"En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis aux Etats-Unis »

En France, une fois leur texte publié à compte d’éditeur, la plupart des auteures espèrent une traduction en anglais, synonyme pour elleux de consécration. Or, la structure fortement hiérarchisée de l’espace littéraire transnational rend l’exportation des œuvres littéraires françaises outre-Atlantique particulièrement délicate. En effet, les traductions représentent environ 3% de la production éditoriale aux États-Unis, et la frilosité des éditeurs envers les traductions est notamment attribuée à l’idée préconçue selon laquelle le public américain n'est pas intéressé par des textes traduits. 

Pourtant, le premier roman du jeune auteur français Édouard Louis a bel et bien réussi à surmonter les obstacles de la traduction et la publication aux États-Unis. À la croisée de la sociologie de la traduction, de l’édition et de la réception, notre étude se propose de reconstituer comment un texte à priori « si français » a été introduit au lectorat étasunien.

  •         Jeudi 1er février 2024  : Points de vue littéraire et stylistique sur les « récits de transfuges de classe ». Laure Depretto, Frédéric Martin-Achard, Karine Abiven, Laélia Véron.

Frédéric Martin-Achard : L’ironie interdite des transclasses ? À partir de l’exemple d’Annie Ernaux

Je reviendrai dans un premier temps sur les raisons du refus de l’ironie, sur les valeurs qui lui sont associées chez Ernaux (apanage des classes dominantes, gage de littérarité et de surplomb, connivence avec un lectorat bourgeois) et sur les stratégies scripturales pour s’en préserver, notamment dans la représentation du discours d’autrui. Dans un deuxième temps, je resituerai ce choix « tonal » dans le contexte d’écriture et de publication de La Place au tournant des décennies 1970-1980 et analyserai la posture singulière qu’il confère à Ernaux. En effet, ce positionnement intervient à contretemps dans un « moment énonciatif » (Philippe) marqué par un essor sans précédent des travaux sur l’ironie en linguistique (Kerbrat-Orecchioni, Sperber & Wilson, Berrendonner, Ducrot), en poétique (Allemann, Genette, Hutcheon, Muecke, Hamon) et de l’ironie sous toutes ses formes dans la production littéraire (Echenoz, Toussaint, Redonnet, Gailly, Oster, Chevillard…). Dans un troisième temps, j’étudierai la tentation ironiste qui parcourt l’œuvre, par delà les dénégations et les mises à distance (l’ironiste, c’est toujours « l’autre » : le mari, les enfants ou soi-même comme une autre révolue), et en particulier dans Les Années, ouvrage ébauché en 82 « sous forme distanciée ironique, un ton à la Böll » (L’Atelier noir, p. 76). J’avancerai l’hypothèse que Les Années marque un retour de l’ironie, discret comme le charme de la bourgeoisie, et m’interrogerai sur le sens de ce retour, lui aussi à contretemps. Enfin, dans un dernier temps, on se demandera si ce modèle ernausien d’une posture d’auteur construite en partie contre l’ironie se retrouve dans d’autres récits de transclasse (chez Édouard Louis ou Rose-Marie Lagrave par exemple). 

Laure Depretto: "Mes parents, ces transfuges" : un récit de transfuge est-il toujours autobiographique ?

Il semble aller de soi que le récit de transfuge est une des espèces du genre autobiographique, le ou la transfuge racontant sa propre trajectoire de mobilité, son changement de classe ou d’espace et le sentiment de trahison des origines qu’il ou qu’elle associe à cette mobilité. À l’occasion de cette séance de séminaire, je voudrais interroger la possibilité, dans une perspective de théorie littéraire, d’un récit de transfuge qui ne soit pas majoritairement autobiographique. L’identité auteur-narrateur-personnage, l’une des conditions posées par Philippe Lejeune pour qu’il y ait autobiographie, est-elle un invariant du récit de transfuge ? Peut-on envisager que le choix de la personne grammaticale soit, en outre, décorrélé de l’instance narratoriale ? Dans le cadre d’un projet de poétique historique sur les récits d’ascendants, je propose d’étudier des vies de parents racontées par les enfants et d’analyser quelques cas de narrateurs-descendants évoquant la mobilité sociale, culturelle et géographique de leur père ou de leur mère. De telles variantes et déviations par rapport au modèle théorique dominant du « récit de transfuge » permettent-elles d’envisager autrement la traversée de différents univers ? Le sentiment de transfuge se transmet-il comme un héritage, s’invente-t-il même comme une hérédité ? Que reste-t-il des affects associés à l’expérience-transfuge quand c’est celle d’un.e autre ou quand on la transfère sur un parent ? Raconter l’ascension d’un prédécesseur, ou de ce que Jérôme Meizoz appelle un « précédent », c’est aussi devoir arbitrer entre l’hommage admiratif relevant de la piété filiale, l’impérieuse urgence de réparer humiliations, injustices et remords, et le besoin de faire parler ces transfuges restés taiseux avec leur progéniture.

Karine Abiven et Laélia Véron: Langue de transfuge, langue politique ?

« Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et de chicanes douloureuses, bien plus que l’argent » écrit Annie Ernaux dans La Place. Cette phrase résume bien l’importance de la langue, capital acquis par le ou la transfuge, qui le ou la sépare de son milieu d’origine. La question de la langue fait partie des quasi-invariants de la plupart des récits de transfuge mais elle est particulièrement marquée dans les récits littéraires de transfuges devenus écrivains et écrivaines. En effet, dans ce cas, la langue n’est pas un simple symbole du passage d’un monde à un autre, mais elle est aussi ce que crée le ou la transfuge, l’outil avec lequel ce ou cette transfuge choisit de représenter le monde social, voire d’agir sur le monde social. Quelle est alors cette écriture ? Une « écriture plate », comme l’a proposé Ernaux à un certain moment de sa carrière ? Une « écriture blanche », comme l’a dit Barthes à propos de Camus dans L’Étranger, créant une notion qui a connu un tel succès qu’elle en devient parfois floue ? Dans les deux cas, on retrouve l’idée d’une mise à distance d’une langue dite littéraire, au profit d’une langue épurée, voire commune. La question est souvent posée dans ces récits eux-mêmes, qui comportent fréquemment des passages méta-stylistiques : dans quelle langue écrire quand on est transfuge ? Faut-il être fidèle à sa langue d’origine ou à sa langue d’arrivée ? Comment représenter l’une et l’autre ? La langue du récit peut être comprise comme une manière de prendre position politiquement, de venger ou de trahir.

  •         Jeudi 14 mars : Les « récits de transfuges de classe », le champ éditorial et le champ journalistique français. Avec Lionel Ruffel, Nassira El Moaddem.

Lionel Ruffel:  – La fin d’un récit ?

 Quiconque lit beaucoup de manuscrits sait la part toujours croissante qu’y occupent les écritures personnelles. Et leurs auteurices n’ont pas tort car iels ont compris que c’était la stratégie la plus payante non seulement pour accéder à la publication mais aussi pour accéder après la publication à une certaine visibilité. L’évolution du marché éditorial (volume constant, multiplication des titres, diminution des copies par titre, augmentation du cycle de rotation) favorise les stratégies de visibilité. Il n’y a pas plus évident qu’une homologie entre l’histoire personnelle de l’auteur·ice et ce qu’iel en raconte dans son livre. La sphère éditoriale cherche des récits à raconter sur les livres en plus des histoires que ces livres racontent. Le récit classique, le plus commun, dans un pays qui a vécu la baby-boom des « Trente Glorieuses », c’est celui du transfuge de classe, car de fait, il est statistiquement peu d’habitant·es de ce pays et des autres pays d’Europe occidentale, qui ne puisse l’activer dans son histoire familiale récente. Mais c’est un récit de plus en plus contesté par les nouvelles générations qui écrivent, non seulement parce que les perspectives de progression sociale se sont, depuis une ou deux générations, brisées sur le mur de la récession et de la précarité mais aussi parce qu’elles font la part trop belle à la centralité de la bourgeoisie blanche au détriment d’autres catégories de population, notamment issues de l’immigration. Les écritures personnelles évoluent, la sphère éditoriale tente de les conformer en produisant de nouveaux récits.

Entretien avec Nassira El Moaddem, autrice et journaliste 
Nous reviendrons avec Nassira El Moaddem sur deux de ses productions en lien avec le récit de transfuge :
- Le livre Les Filles de Romorantin (L’Iconoclaste, 2019) qu’on peut lire comme un récit hybride, qui emprunte certaines caractéristiques du récit-type de transfuge de classe tout en s’en démarquant. En effet, l’autrice retrace, à l’occasion d’un retour dans sa ville natale, Romorantin (comme Didier Eribon qui retournait à Reims), sur son enfance et son parcours : issue de milieux populaires, elle est devenue journaliste et elle a changé de classe sociale. Elle compare ainsi son parcours à celui de son amie d’enfance, restée sur sa place, comme Caroline. Cependant, ce livre a l’originalité de mêler les souvenirs du passé à une participation à des mouvements sociaux bien présents (les Gilets Jaunes, les luttes des femmes de ménage). Nassira El Moaddem propose une nouvelle hybridité du récit de transfuge en allant moins vers l’auto-socioanalyse que vers le récit en immersion de l’enquête journalistique, un choix qui permet, selon nous, à l’autrice de rejouer au présent les tensions propres aux transfuges. 
- L’émission Parcours de combattants, qu’elle a produite et présentée à l’été 2021 puis à l’été 2022 sur France Inter. Le projet de l’émission est de mettre en récit des vies qui peuvent être comparées à des parcours de transfuges de classe : chaque épisode est un entretien avec une personne venue de milieux pauvres ou de territoires dits périphériques, souvent enfant de parents immigrés, puis devenue tantôt avocate, championne olympique, banquière, agrégée d’histoire, comédien, entrepreneur, etc. Quels rapports ces interviews entretiennent-elles avec les thèmes, affects et formes linguistiques associés aux récits de transfuges de classe ? Elles en diffèrent par certains points qu'on interrogera : le genre du témoignage (et non pas du récit rétrospectif) implique d’autres rapports aux motifs biographiques ; de plus, la génération des individus interviewés (nés dans les années 1980 pour la plupart), ainsi que le fait qu’il s’agisse, pour plusieurs, de personnes racisées, impliquent sans doute un modèle alternatif au récit de transfuge de classe.

  •          Jeudi 16 mai :  « Récits de transfuges de classe » et sociologie des mobilités sociales. Avec Annabelle Allouch, Cédric Hugrée.

Cédric Hugrée (CNRS). Pourquoi les travaux sur la mobilité sociale ne s’intéressent-ils pas -ou plus- aux transfuges de classe?

La notion de transfuge est relativement familière dans les travaux français de sciences sociales. Historiquement, elle renvoie aux rares cas de franchissements des frontières de classes (« transfuge de classe ») notamment évoqués par Bourdieu, Terrail ou Lahire. Elle fut aussi mobilisée par les sociologues des rapports sociaux de sexe pour désigner les étudiant·es appartenant au groupe de sexe minoritaires dans leur filière d’étude (Kieffer, Marry) et plus récemment pour analyser les transitions de genre (Beaubatie). Ce succès cache pourtant une relative infortune dans le champ des travaux français et internationaux sur la mobilité sociale entre générations. Cette communication tentera donc de comprendre pourquoi les travaux sur la mobilité sociale ne s’intéressent pas -ou plus- aux transfuges de classe.

Dans une première partie, je reviendrai sur la rivalité historique en France entre les travaux sur les classes sociales et ceux sur la mobilité sociale. Je montrerai ensuite comment  en s’internationalisant et se mathématisant la mobilité sociale est devenue un champ de recherches relativement autonome des réflexions sur les classes sociales. Enfin, j’interrogerai les vertus et limites de l’analogie pour penser les transformations contemporaines des déplacements sociaux entre générations.

  •         Jeudi 23 Mai : « Récits de transfuges de classe » internationaux et multilingues. Transfuges et translingues. Avec Sara de Balsi et Elise Hugueny-Léger

Sara De Balsi – CY Cergy-Paris Université: "Transfuges de classe et de langue : proximité et divergences entre deux catégories critiques". 

Cette communication vise à interroger conjointement les deux catégories d’écrivain transfuge de classe et translingue, à partir de l’hypothèse qu’elles peuvent s’éclairer mutuellement. Si les écrivains eux-mêmes reconnaissent une proximité entre l’expérience de changement de langue et de classe (voir la lecture de La Place d’Annie Ernaux par Nancy Huston dans Nord perdu, 1999), nous nous proposons d’analyser les différents aspects de cette proximité, tout en restant attentifs aux points de divergence.

Nous observerons dans un premier temps que l’accès au champ littéraire des deux catégories est soumises à des contraintes analogues, comme un certain retard dans l’accès à la publication et une même « demande d’autobiographie » à laquelle les auteurs sont soumis (Ausoni 2018) ; nous examinerons ensuite la posture du traître, que l’on retrouve fréquemment dans les deux corpus ; enfin, nous interrogerons les points de convergence au niveau de l’imaginaire de la langue, notamment l’omniprésence d’un discours métalinguistique et métalittéraire et la mise en scène de la langue comme lieu d’un conflit identitaire.

Nous soulignerons aussi quelques écarts significatifs entre les deux corpus : le récit translingue est souvent le récit d’un déclassement social par rapport au pays d’origine, suivi d’une (re)ascension par la littérature. Ensuite, si les deux types de récit font une large place à l’école, les épisodes scolaires y revêtent des fonctions différentes.

Élise Hugueny-Léger (University of Saint Andrews): "Out of place : l’écriture translingue, une écriture du déplacement"

Si de nombreux auteurs transclasses ont évoqué leur passage dans un autre milieu comme l’acquisition d’une autre langue avec ses codes propres, qu’en est-il des auteurs pour qui trajectoire translingue et tranclasse coexistent ? De quelles pertes et de quels gains s’accompagne ce double entre-deux ? Le translingue est-il voué à ne pas se sentir « à sa place » (Claire Marin) ? Après quelques considérations d’ordre général, cette intervention se penchera plus précisément sur le récit autobiographique de Lori Saint-Martin, Pour qui je me prends (L’Olivier, 2023), qui revendique le choix d’une autre langue et d’un autre nom comme éléments déterminants d’une trajectoire personnelle et socio-professionnelle qui est aussi une trajectoire d’écriture.



Colloque international final: "Circulations des récits de transfuges de classe : perspectives internationales, éditoriales et médiatiques" : Mercredi 12 juin (toute la journée, hôtel Dupanloup)-Jeudi 13 juin 2024 (matinée, salle du Conseil, UFR LLSH), Université d’Orléans 

Programme du colloque: https://www.fabula.org/actualites/119625/circulations-des-recits-de-transfuges-de-classe-perspectives-internationales.html 



Pour s'inscrire à la liste de diffusion du séminaire : karine.abiven@sorbonne-universite.fr et laelia.veron@univ-orleans.fr

Publication : La revue COnTEXTES publiera, après évaluation, les résultats du séminaire et de la journée d’étude.

Référence de l'oeuvre sur l'affiche : Egon Schiele, Portrait of a Woman, lithographie, 1910 (Metropolitan Museum of Art, New York)
 
Paratextes
Eribon, Didier, Retours sur Retour à Reims, Paris, Cartouche, 2011
Ernaux, Annie, L’Écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003.
Ernaux, Annie, Retour à Yvetot, Paris, Editions du Mauconduit, 2013.
Ernaux, Annie et Lagrave, Rose-Marie, Une conversation (présentation Claire Tomasella, Sarah Hechler et Claire Mélot ; postface Paul Pasquali), Editions de l’EHESS, 2023.
Jaquet, Chantal, Juste en Passant. Entretiens avec Jean-Marie Durand, Paris, PUF, 2021.
Louis Edouard, avec Ken Loach, Dialogue sur l'art et la politique, Paris, PUF, coll. « Des mots », 2021.
Mathieu, Nicolas, La littérature est une manière de rendre les coups, Arte Editions, Points, 2023.

Textes 
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Alcoba, Laura, Le bleu des abeilles, Gallimard, 2013.

Alcoba Laura, La Danse de l’araignée, Gallimard, 2017.

Alter, Norbert, Sans classe ni place. L’incroyable histoire d’un garçon venu de nulle part, Puf, 2022.

Balutet, Nicolas, Itinéraire d'un transclasse. Au coeur de la marge, L'Harmattan, 2019.

Barrès, Maurice, Les Déracinés, Bartillat, [1897], 2010.

Baron, Christian, Ein Mann seiner Klasse, Berlin, Claassen, 2020.

Bastide, Karine et Détrez, Christine, Nos mères. Huguette, Christiane, et tant d'autres, une histoire de l'émancipation féminine, Paris, La Découverte, 2020. 

Begag, Azouz, Le gone du Châaba, Editions du Seuil, 1986.

Belliard, David, Et soudain tout s'éteint, Stock, 2022.

Bourdieu, Pierre, Esquisse pour une auto-analyse, Bourdieu, Paris, Raisons d’agir, 2004.

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Destray, Jacques, La vie d'une faille ouvrière, Paris, Seuil, 1971.

Dröscher, Daniela, Zeige deine Klasse. Die Geschichte meiner sozialen Herkunft, Hambourg, Hoffman und Campe, 2018.

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Ernaux, Annie, Une femme [1987],  repris dans Écrire la vie, Quarto Gallimard, 2011,  p. 553-597. 

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Kristof, Agota, Le Troisième mensonge, Seuil, 1991. 

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London, Jack, Martin Eden [New York, 1909], Paris, Gallimard, 10/18, 1997. 

Louis, Edouard, En finir avec Eddy Bellegueule, Paris, Éditions du Seuil, 2014.

Louis, Edouard, Histoire de la violence, Éditions du Seuil, 2016

Louis, Edouard, Qui a tué mon père, Éditions du Seuil, 2018

Louis, Edouard, Combats et métamorphoses d'une femme, Éditions du Seuil, 2021.

Louis, Edouard, Changer : méthode, Éditions du Seuil, 2021.

Madjidi, Maryam, Marx et la poupée, Le Nouvel Attila, 2017.

Madjidi, Maryam, Pour que je m'aime encore, Le Nouvel Attila, 2021.

Mathieu, Nicolas, Connemara, Arles, Actes Sud, 2022.

Mathieu, Nicolas, Leurs enfants après eux, Arles, Actes Sud, 2018.

Memmi, Albert, La Statue de sel, Paris, Corréa, 1953.

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Modiano, Patrick, Un pedigree, Gallimard, 2005.

Nizan, Paul, Antoine Bloyé, Grasset, [1933] 2005.

Péguy, Charles, Pierre, commencement d’une vie bourgeoise [1899], Orléans, Corsaire éditions, 2023.

Picq, Pascal, Itinéraire d’un enfant des Trente Glorieuses, Paris, Flammarion, 2023.

Rachedi, Mabrouck, Tous les mots qu'on ne s'est pas dits, Paris, Grasset, 2022.

Ragon, Michel, L’Accent de ma mère [1980] suivi de Ma sœur aux yeux d’Asie [1982], Paris, Albin Michel, 2024.

Robin, Patrice, Le Visage tout bleu, 2022.

Robin, Patrice, Le commerce du père, POL, 2009.

Rousseau, Jean-Jacques, Les Confessions [1782-1789], Paris, Gallimard, coll. “Bibliothèque de la Pléiade”, Oeuvres complètes, t. I, 1959.

Saint-Martin, Lori, Pour qui je me prends (L’Olivier, 2023)

Simenon, Georges, Pedigree, [1948], Gallimard, 2009. 

Slaoui, Nesrine, Illégitimes, Paris, Fayard, 2021.

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Tapie, Bernard, Gagner, Paris, Robert Laffont, 1986.

Thuy, Kim, Ru, Liana Levi, 2010.

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Vallès, Jules, L’Enfant, Paris, Le siècle/Charpentier, 1879.

Vallès, Jules, Le Bachelier [Mémoires d’un révolté], Paris, Charpentier, 1881.

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