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Pour une approche critique de la notion de

Pour une approche critique de la notion de "récit de transfuge de classe". Usages littéraires, sociologiques, médiatiques et politiques (Sorbonne)

Séminaire de recherche organisé par

Karine Abiven (Sorbonne Université) & Laélia Véron (Université d’Orléans)

Les narrations des parcours de mobilité sociale ascendante, dits « récits de transfuge de classe » sont, depuis le début des années 2020, une formule à succès, ce qui est en soi paradoxal. D’abord défini en tant que catégorie marginale (ou désignant des espaces marginaux), le « récits de transfuge » s’institutionnalise et se canonise de plus en plus : en témoigne le prix Nobel reçu par Annie Ernaux. Cette institutionnalisation s’accompagne de critiques, de plus en plus audibles, liées à la manière dont ces récits représentent, commentent et politisent les mobilités sociales (en croisant notamment le concept problématique de méritocratie).

La notion de « transfuge » est en effet une notion interdisciplinaire : issue de la sociologie et diffusée par la littérature, elle s’est imposée au cœur du débat public – en témoigne la forte utilisation du mot dans les médias. Rares sont les concepts dont la médiatisation est passée en grande partie par la littérature et qui irriguent à ce point le débat public. C’est donc une notion extrêmement commentée, par le discours médiatique qui la véhicule, mais aussi par ses créatrices et créateurs, puisque le récit de transfuge de classe présente la particularité de s’accompagner très souvent d’un auto-commentaire (dans le texte même et dans les discours tenus par ailleurs par les écrivains), ce qui participe au balisage de sa réception.

Nous souhaitons interroger cette notion d’actualité – sans nous en tenir pour autant aux discours d’actualité – et à cette réception immédiate. Nous espérons donc proposer une approche critique interdisciplinaire de la notion de « récits de transfuge de classe », à travers les points suivants.

1) Pour une cartographie de la notion de « récit de transfuge de classe » 

En littérature, ce corpus devient-il un nouveau « canon » ? Comment (et faut-il) définir ce qui serait ou ne serait pas « récit de transfuge de classe »? Le « récit de transfuge de classe » s’écrit-il forcément à la première personne ? Se limite-t-il d’ailleurs à l’écrit ? Ce type de récit prend ses racines dans ou se réclame de divers genres : l’autosociobiographie, le récit de filiation, l’autofiction, le témoignage, le roman, etc. Il s’ancre pleinement, dans certains cas, dans le champ littéraire, mais il est aussi fortement traversé de sociologie. Il devient quelquefois difficile à distinguer de certains ouvrages politiques ou médiatiques. Comment le « récit de transfuge de classe » se distingue-t-il du récit, plus classique, du story-telling des trajectoires ascendantes ? Est-ce toujours aisé de les différencier ? On peut ainsi penser à Reste à sa place !... de Stéphane Le Fol, qui dresse le portrait de personnalités politiques pas toujours transfuges mais confrontées selon l’auteur au « mépris de classe » ou de l’ouvrage de Noémie Halioua, Les Uns contre les autres. Sarcelles. Du vivre-ensemble au vivre-séparé en 2022, présenté par Gérald Bronner comme un « bon » récit de transfuge, car positif).

Cette veine narrative apparaît ainsi comme un lieu privilégié du franchissement des frontières entre fiction et non-fiction, littérature et écrits de sciences sociales, mais aussi discours littéraire, politique, et médiatique : retrouve-t-on des récurrences communes indépendamment du genre du discours ? On se demandera comment les nombreux paratextes (entretiens, interviews, articles de presse, publications sur les réseaux sociaux, discours, préfaces) interagissent avec ce néo-canon. On verra comment d’autres paramètres sociologiques interfèrent avec la catégorie « transfuge » (le genre, l’origine géographique, les mélanges culturels etc.). On cherchera aussi ses cas limites/annexes : pourquoi la mobilité sociale descendante (le déclassement) semble-t-elle moins féconde dans ces récits de mobilité sociale que la mobilité ascendante ? Quels sont les liens entre « récits de transfuge de classe » et récits du travail, romans populistes, littérature prolétarienne, romans ruraux ?, etc. 

On se demandera également si le « récit de transfuge de classe » est une spécialité franco-française. Si un des premiers modèles de récits de soi sociologiques est celui de Richard Hoggart, lié à sa pensée de la culture populaire britannique, la notion est le plus souvent associée aux écrits d’Ernaux, de Bourdieu ou d’Eribon. Ce corpus-modèle sous-jacent tend à ancrer ce type de récit dans l’écriture et l’analyse de la société française, avec ses spécificités (scolaires, géographiques, culturelles). Pourtant l’autosociobiographie apparaît bien comme une « forme itinérante » dans le domaine allemand (Lammers et Twellmann 2021), de même que la « résilience » du ou de la transclasse commence à être étudiée sous ce nom dans les aires anglo- et hispanophones (Balutet et Camp 2023). On aimerait poursuivre ces réflexions en interrogeant les traductions, les réceptions des écrits français à l’étranger, autant que les manières différenciées de raconter les parcours de mobilité sociale selon les cultures.

Il est nécessaire de se poser la question des limites de la notion de « transfuges de classe » et par là de « récits de transfuges de classe ». Faut-il l’étendre, comme le fait Emmanuel Beaubatie en parlant de « transfuge de sexe » ? Lui ôter son association sémantique avec la honte ou la trahison, comme le propose Chantal Jaquet avec le terme transclasse ? Voire récuser la catégorie, soit parce qu’on critique l’étiquette en elle-même (c’est ce que fait Gérald Bronner) ou parce que le mot est devenue une étiquette floue qui englobe tous les écrits voulant rendre compte d’un sentiment d’illégitimité, lequel peut avoir des sources multiples non réductibles à la « classe » ?

Un tel questionnement appelle une analyse du discours, capable de traiter transversalement tous ces genres de discours (littéraires, sociocritiques/sociologiques, médiatiques et politiques).

2) Un « moment » éditorial et médiatique ? 

Ce phénomène littéraire ne s’accompagne-t-il pas d’une « mode » éditoriale et médiatique ? On constate un décalage entre l’impression d’omniprésence de la notion et la difficulté à cerner un corpus qui dépasse quelques autrices/auteurs : Annie Ernaux, Édouard Louis, (voire Nicolas Mathieu) en littérature et du côté des sciences sociales Richard Hoggart, Pierre Bourdieu, Didier Éribon et maintenant Rose-Marie Lagrave et Norbert Alter. 

L’étiquette « récit de transfuge de classe » devient-elle une opportunité éditoriale et marketing depuis les années 2020 ? Des genres comme le « feel good book » s’emparent par exemple de ce fonds thématique en 2023, après deux ans d’intense médiatisation de la notion (Aurélie Valognes, L’Envol). La catégorie éditoriale est  désormais identifiable : les éditions du Mauconduit lancent en 2022 une nouvelle collection « Vivre/Écrire » pour des recueils de textes autobiographiques sur une thématique choisie, dont celles des « transfuges de classe ». 

Le refus de certains auteurs et autrices (comme Marie-Hélène Lafon) de se voir attribuer l’étiquette « transfuges de classe »,  la nécessité qu’elles et ils éprouvent de se positionner par rapport à cette catégorie (on peut penser au positionnement assez ambigu de Nicolas Mathieu sur la question, qui revendique ou accepte plusieurs fois le terme, tout en rappelant sa méfiance vis-à-vis de l’utilisation politique et médiatique de cette étiquette) montrent qu’elle s’est remplie récemment d’une charge polémique et politique nouvelle. 

Des méthodes d’analyse des données numériques et du discours médiatique devraient permettre de voir l’évolution des mentions de ces thématiques sur les réseaux sociaux et dans la presse. Une approche sociologique du champ littéraire et éditorial pourrait permettre de comprendre l’expansion éditoriale de ce nouveau type de récit et d’analyser les positionnements des autrices et auteurs selon leur place dans le champ.

3) Une notion qui pose la question de la mobilité sociale dans l’histoire (et l’histoire de la littérature). 

À partir de quand peut-on parler de (littérature de/ récit de) « transfuges de classe » ? Quelle différence y a-t-il entre des personnages décrits comme des parvenus/ des ambitieux et, de l’autre côté, des transfuges (dans les médias, la figure de Rastignac est souvent, et étrangement, convoquée sur le sujet) ? Peut-on également délimiter à partir de quand la figure du « transfuge de classe » est devenue une figure potentiellement héroïque et non plus une figure problématique, symptomatique d’un désordre social ? (on pense à la vision de la mobilité sociale représentée dans Barrès, Les Déracinés en 1897 ou Bourget dans L'Étape en 1902).

L’inscription d’une mobilité sociale ascendante dans une pratique d’écriture à la première personne ne date pas de la fin du XXe siècle : peut-on lire par ce filtre d’autres expérimentations d’une langue littéraire nouvelle ? Jean-Jacques Rousseau, souvent pris comme modèle de l’écriture des humiliés ? Ou dès le XVIIe siècle, un des premiers écrivains au sens moderne du terme, Vincent Voiture, moqué pour sa roture et qui fait de cette indignité un lieu de l’expérimentation littéraire ? Ou, à l’époque contemporaine, Jules Vallès et sa langue imprégnée d’un « plurilinguisme social » (Meizoz 2014), Charles Ferdinand Ramuz qui revendique d’écrire la langue non pas d’un licencié de lettres classiques mais d’un  « petit-fils de vignerons et de paysans », Louis Guilloux qui voit sa Maison du peuple comme « un acte d’obéissance et de fidélité » et non de trahison envers les siens (cité par Golvet 2010), ou Albert Camus et la quête d’un passé mutique dans Le Premier homme ? Cette archéologie pourrait montrer une histoire parallèle de la langue littéraire, qui montre des choix revendiquant la simplicité, récusant la norme haute ou faisant de l’oralité une ressource littéraire aux enjeux sociaux inédits.

La réflexion aboutira à notre présent pour interroger le pourquoi socio-politique d’une telle actualité discursive : l’expansion de ce type de récits dans les années 2010-2020 correspond-il à une réalité de la panne de ladite « méritocratie » ? D’ailleurs, quelle est exactement la période historique représentée par ces « récits de transfuge de classe »: s’agit-il du présent (au moment où ces autrices et auteurs écrivent, et au moment où nous les lisons) ? ou d’un passé (au moment de l’enfance et des études de ces autrices et auteurs) où la mobilité sociale était davantage pensable voire possible ? D’autres critiques actuelles de la notion, qui récusent l’éviction de la race dans ces récits, par exemple (on peut penser aux écrits de Kaoutar Harchi) semblent pointer les points aveugles de la problématique sociale telle que saisie par ce prisme.

L’interdisciplinarité de la réflexion, en particulier avec l’apport de la sociologie et de l’histoire, pourra permettre d’éclairer les fonctions socio-historiques variables de ces récits. 

4) Poétique et stylistique du récit de transfuge de classe. 

La dimension de la langue, de la confrontation à différents types de discours, et notamment au « marché linguistique » scolaire [Bourdieu 1982]) est très présente dans les « récits de transfuge ». Ces récits font-ils toujours sa part à une certaine diglossie (ou coprésence de deux variations du français, l’une basse qui serait celle du milieu d’origine, et l’autre haute, celle du milieu d’arrivée), ainsi qu’à son éventuel commentaire métalinguistique ? Quelles sont les différentes manifestations possibles de cette diglossie ?

D’un point de vue stylistique, les « récits de transfuge » ont-ils inventé un nouveau style? Comment définir celui-ci : est-ce un style social, politique ? Qu’est-ce, concrètement, qu’« écrire littérairement dans la langue de tous » (Ernaux) ? On se demandera s’il existe des stylèmes spécifiques aux récits de transfuge, indépendamment des styles spécifiques de leurs autrices et auteurs. 

De même, on peut se demander si on retrouve des épisodes spécifiques aux récits de transfuges (en particulier les épisodes scolaires), qui en feraient un nouveau sous-genre du récit de soi, ni tout à fait d’émancipation, ni d’apprentissage. La place du corps adopte-t-elle des traits spécifiques dans ces récits (la mue du transfuge s’accompagnant volontiers d’une transformation physique) ? Quel rôle y joue le document (en particulier la photo, mais aussi les extraits de lettres qui sont comme un vestige de la langue d’autrefois) dans la construction de cette écriture ? etc.

Comment retrouve-t-on la tension entre marginalisation et institutionnalisation dans la langue et le style du ou de la transfuge ? Peut-on revendiquer un style « marginal » après l’obtention du prix Nobel par Ernaux? Comment peut-on être l’héritière ou l’héritier d’un style « de transfuge » ? On reviendra sur les ambiguïtés de certaines autrices et auteurs par rapport aux attendus du « jeu littéraire » notamment en termes de travail sur le style (on pense aux travaux d’Isabelle Charpentier sur Annie Ernaux). Le ou la transfuge peut-il ou peut-elle vraiment se débarrasser de toute allégeance au « style littéraire » (comme entend par exemple le faire Edouard Louis) ?

Ces questionnements supposent une approche poétique, socio-stylistique et/ou linguistique de ces récits. 

5) Les enjeux politiques de cette notion 

Peut-on légitimement parler pour autrui (ce qu’induit l’ambition de « venger sa race », énoncée par Annie Ernaux, rejointe par certains écrits d’Edouard Louis) quand on parle de soi ? Quel est alors le statut énonciatif du « récit de transfuge de classe » : s’agit-il de parler des autres, pour les autres, à la place des autres ? Le transfuge est-il ou est-elle porte-parole ? La parole qui raconte l’expérience singulière peut-elle prendre en charge le collectif ? Pourquoi cette ambition est-elle parfois vue comme une confiscation ?

Pourquoi la littérature se fait-elle aujourd’hui le creuset de cette ambition (compensant peut-être l’invisibilisation des dominés économiques dans le discours public) ? Quelles sont les intersections avec d’autres paroles invisibilisées ? Le récit de transfuge de classe est-il réellement un récit d’émancipation ou une nouvelle variante d’un story-telling ou d’une success story (plus ou moins fantasmée) ? 

On s’interrogera notamment sur la place de l’émotion dans ces « récits de transfuge de classe». De la mobilité sociale résultent des conflits d’identité et de loyauté qui peuvent apparaître non seulement par les signes de l’« habitus clivé » (Bourdieu 2004) mais s’analyser aussi sous l’angle de la « névrose de classe » (Gaulejac 1987) et qui s’expriment par diverses émotions (culpabilité, empathie, colère), dans un possible parcours de « résilience » (Balutet et Camp 2023). Mais cette émotion, que d’aucuns taxent de « dolorisme » (Bronner 2023) peut-elle être politique et politisante ? 

C’est poser ici la question de la dimension politique de la littérature et, plus généralement, la dimension pragmatique du discours et du récit.


Séances du séminaire 

Séances ouvertes à toutes et tous sur inscription (en hybride), à Sorbonne Université, de novembre 2023 à mai 2024,

à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28, rue Serpente, 75006 Paris) : 

-          Jeudi 30 novembre 2023 : Introduction. Définitions et cartographie du concept de « transfuge ». Qu'est-ce qu'un « récit de transfuge de classe »? Emmanuel Beaubatie, Karine Abiven, Laélia Véron

-          Jeudi 07 décembre 2023  : saisir le « récit de transfuge de classe » en diachronie. De Rousseau à nos jours. Jérôme Meizoz, Jean-Louis Jeannelle et Fanette Mathiot, Jean-Christophe Igalens.

-          Mercredi 10 janvier 2024  : approches du « récit de transfuge de classe » en sociologie de la littérature. Isabelle Charpentier, David Vrydaghs, Paolé Boué.

-         Jeudi 1er février 2024  : Points de vue littéraire et stylistique sur les « récits de transfuges de classe ». Aurélie Adler, Laure Depretto, Frédéric Marin-Achard.

-         Mars : les « récits de transfuges de classe » et le champ éditorial français.

-         Avril :  « Récits de transfuges de classe » et sociologie des mobilités sociales

-         Mai : « Récits de transfuges de classe » internationaux et multilingues. Transfuges et translingues.



Journée d’étude finale : Université d’Orléans en juin 2024

Le programme est en cours d’établissement. Toute manifestation d’intérêt est bienvenue : karine.abiven@sorbonne-universite.fr et laelia.veron@univ-orleans.fr

Publication : La revue COnTEXTES publiera, après évaluation, les résultats du séminaire et de la journée d’étude.



Bibliographie primaire sélective (hors corpus médiatique et réseaux sociaux)

Paratextes

Ernaux, Annie, L’Écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003.
Ernaux, Annie, Retour à Yvetot, Paris, Editions du Mauconduit, 2013.
Ernaux, Annie et Lagrave, Rose-Marie, Une conversation (présentation Claire Tomasella, Sarah Hechler et Claire Mélot ; postface Paul Pasquali), Editions de l’EHESS, 2023.
Jaquet, Chantal, Juste en Passant. Entretiens avec Jean-Marie Durand, Paris, PUF, 2021.
Louis Edouard, avec Ken Loach, Dialogue sur l'art et la politique, Paris, PUF, coll. « Des mots », 2021.
Mathieu, Nicolas, La littérature est une manière de rendre les coups, Arte Editions, Points, 2023.

Textes

Alter, Norbert, Sans classe ni place. L’incroyable histoire d’un garçon venu de nulle part, Puf, 2022.
Barrès, Maurice, Les Déracinés, Bartillat, [1897], 2010.
Baron, Christian, Ein Mann seiner Klasse, Berlin, Claassen, 2020.
Bastide, Karine et Détrez, Christine, Nos mères. Huguette, Christiane, et tant d'autres, une histoire de l'émancipation féminine, Paris, La Découverte, 2020. 
Bourdieu, Pierre, Esquisse pour une auto-analyse, Bourdieu, Paris, Raisons d’agir, 2004.
Bourdieu, Pierre, Le bal des célibataires, Crise de la société paysanne en Béarn [2002], Paris, Points/Points Essais, 2015, p. 9-14 et p. 249-259.
Bourget, Paul, L’Étape, Blurb, [1901-1902], 2021.
Camus, Albert, Le Premier homme (et ses Appendices), éd. Raymond Gay-Crosier, Œuvres complètes, Pléiade, t. IV [1957-1959], 2008.
Célestine, Audrey, Une famille française, Textuel, 2018.
Delahaye, Jean-Paul, Exception consolante. Un grain de pauvre dans la machine. Récit, Amiens, Editions de la Librairie du Labyrinthe, 2021.
Delsaut, Yvette, Carnets de socioanalyse. Écrire les pratiques ordinaires, préf. Andrea Daher, Paris, Raisons d’agir, 2020.
Dröscher, Daniela, Zeige deine Klasse. Die Geschichte meiner sozialen Herkunft, Hambourg, Hoffman und Campe, 2018.
Eribon, Didier, Retour à Reims, Fayard, Paris, 2009.
Ernaux, Annie, La Femme gelée [1981], repris dans Écrire la vie, Quarto Gallimard, 2011, p. 323-433.
Ernaux, Annie, La Place [1983], repris dans Écrire la vie, Quarto Gallimard, 2011, p. 435-480.
Ernaux, Annie, Une femme [1987],  repris dans Écrire la vie, Quarto Gallimard, 2011,  p. 553-597. 
Ernaux, Annie, La Honte [1997],  repris dans Écrire la vie, Quarto Gallimard, 2011, p. 211-267.
Ernaux, Annie, Les Années, Gallimard, 2008.
Ernaux, Annie, Mémoire de fille, Blanche, Gallimard, 2016.
Filipetti, Aurélie, Les Derniers Jours de la classe ouvrière, Paris, Stock, 2003.
Gary, Romain, La Promesse de l’aube, Paris, Gallimard Folio, 1973.
Guéhenno, Jean, Changer la vie. Mon enfance et ma jeunesse, Paris, Grasset, 1961.
Guéhenno, Jean, Jean-Jacques - Histoire d'une conscience [1948-1952], Paris, Gallimard, 1962.
Guilloux, Louis, La maison du peuple, Paris, Grasset, 1927.
Halioua, Noémie, Les Uns contre les autres. Sarcelles. Du vivre-ensemble au vivre-séparé, Cerf, 2022
Harchi, Kaoutar, Comme nous existons, Arles, Actes Sud, 2021.
Hoggart, Richard, 33 Newport Street : Autobiographie d'un intellectuel issu des classes populaires anglaises [1988], trad. et présentation par Claude Grignon, Gallimard-Le Seuil, coll. « Hautes études », 1991.
Lafon, Marie-Hélène, Les pays, 2000.
Lagrave, Rose-Marie, Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe, Paris, La Découverte, coll. « L’envers des faits », 2021. 
Le Fol, Stéphane, Reste à ta place! Confronté(e)s au mépris, ils (elles) en ont fait une force, Paris, Albin Michel, 2021.
London, Jack, Martin Eden [New York, 1909], Paris, Gallimard, 10/18, 1997. 
Louis, Edouard, En finir avec Eddy Bellegueule, Paris, Éditions du Seuil, 2014.
Louis, Edouard, Histoire de la violence, Éditions du Seuil, 2016
Louis, Edouard, Qui a tué mon père, Éditions du Seuil, 2018
Louis, Edouard, Combats et métamorphoses d'une femme, Éditions du Seuil, 2021.
Louis, Edouard, Changer : méthode, Éditions du Seuil, 2021.
Mathieu, Nicolas, Connemara, Arles, Actes Sud, 2022.
Mathieu, Nicolas, Leurs enfants après eux, Arles, Actes Sud, 2018.
Memmi, Albert, La Statue de sel, Paris, Corréa, 1953.
Michelet, Jules, Le peuple [1846], Paris, Calmann-levy,  1977.
Naselli, Adrien, Tes parents ils font quoi ? Enquête sur les transfuges de classe et leurs parents, Paris, Lattès, 2021.
Péguy, Charles, Pierre, commencement d’une vie bourgeoise [1899], Orléans, Corsaire éditions, 2023.
Rachedi, Mabrouck, Tous les mots qu'on ne s'est pas dits, Paris, Grasset, 2022.
Robin, Patrice, Le Visage tout bleu, 2022.
Robin, Patrice, Le commerce du père, POL, 2009.
Robin, Patrice, Les muscles, POL, 2001.
Rousseau, Jean-Jacques, Les Confessions [1782-1789], Paris, Gallimard, coll. “Bibliothèque de la Pléiade”, Oeuvres complètes, t. I, 1959.
Slaoui, Nesrine, Illégitimes, Paris, Fayard, 2021.
Steedman, Carolyn, Landscape for a good woman, Londres, Virago, 1986.
Vallaud-Belkacem, Najat, La vie a plus d’imagination que toi, Paris, Grasset, 2017.
Vallès, Jules, L’Enfant, Paris, Le siècle/Charpentier, 1879.
Vallès, Jules, Le Bachelier [Mémoires d’un révolté], Paris, Charpentier, 1881.
Valognes, Aurélie, L’Envol, Paris, Fayard, 2023.

Bibliographie critique indicative

Abiven, Karine, « Écrire juste la vie : la scène autobiographique de Rose-Marie Lagrave », Lectures sur le fil, 2021. URL : http://www.fabula.org/lodel/colloques/index.php?id=8298
Abiven, Karine, « La familiarité de Vincent Voiture au prisme du style des “transfuges de classe” : langue commune et littérature », dans C. Badiou-Monferran, A. Petit, S. Vaudrey-Luigi (dir.), Rémanence de l’écrire classique, colloque des 22-24 sept. 2022, à paraitre dans la revue XVIIe siècle.
Adler, Aurélie, Éclats des vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits d’Annie Ernaux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux et François Bon, Presses Sorbonne Nouvelle, 2012.
Adler, Aurélie et Heck, Marilyne (éd.), Écrire le travail au XXIe siècle : Quelles implications politiques ?, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2016.
Allouch, Annabelle, Mérite, Paris, Anamosa, coll. « Le mot est faible », 2021.
Balutet, Nicolas et Camp-Pietrain, Edwige (dir.), La résilience du transclasse. Parcours personnels, politiques, littéraires, Lormont, Ed. du Bord de l’eau, 2023.
Baudelot, Christian, « Annie Ernaux, sociologue de son temps », dans Francine Best, Bruno Blanckeman et Francine Dugast-Portes (dir.), Annie Ernaux, Le temps et la mémoire, Paris, Stock, 2014, p. 246-264.
Beaubatie, Emmanuel, Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre, La Découverte, 2021.
bell hooks, Where we stand : Class matters, Londres, Routledge, 2000.
Blome, Eva, « Rückkehr zur Herkunft. Autosoziobiografien erzählen von der Klassengesellschaf », Deutsche Vierteljahresschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 2020, no 94, p. 541-571.
Bourdieu, Pierre, La Distinction. Critique sociale du jugement, Les Éditions de Minuit, 1979.
Bourdieu, Pierre, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard, 1982.
Bourdieu, Pierre, Les Héritiers, Les Éditions de Minuit, 1964.
Bras, Gérard et Jaquet, Chantal (dir.), La fabrique des transclasses, Paris, Puf, 2018.
Brendlé, Chloé  et Mouton-Rovira, Estelle (dir.), Auteurs en scènes. Lieux et régimes de visibilité des écrivains contemporains, 2016, URL : http://www.fabula.org/colloques/document4600.php
Blanckeman Bruno, « En commencer avec Édouard Louis », Nord', 2017/2 (N° 70), p. 151-155.
Bronner, Gérald, Les Origines. Pourquoi devient-on qui l'on est ?, Autrement, 2023.
Chabaud, Gilles (dir.), Classement, DEclassement, REclassement. De l'Antiquité à nos jours, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2011.
Charpentier, Isabelle, « “Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire...” L’œuvre autosociobiographique d’Annie Ernaux ou les incertitudes d’une posture improbable », dans  COnTEXTES, no 1, 2006.
Charpentier, Isabelle, « Les réceptions “ordinaires” d'une écriture de la honte sociale : les lecteurs d'Annie Ernaux », Idées économiques et sociales 2009/1 (N° 155), p. 19-25.
Citton, Yves, Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gauche, Amsterdam, 2010.
[Collectif], “Transclasses. Sommes-nous déterminés par nos origines sociales ?”, Philosophie Magazine, n° 168, Avril 2023.
De Chalonges, Florence et Dussart, François (dir.), “Annie Ernaux, une écriture romanesque”, Littératures, 2022/2, n° 206.
De Gauléjac, Vincent, La Névrose de classe. Trajectoire sociale et conflits d'identité [1987], Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2016.
De Gauléjac, Vincent, Les Sources de la honte, Paris, Desclée de Brouwer, 1996.
Dalibert, Marion, “En finir avec Eddy Bellegueule dans les médias‪. Entre homonationalisme et ethnicisation des classes populaires”, Questions de communication, 2018/1 (n° 33), p. 89-109.
Demoulin Esther, « L’autobiographie sociologique existe-t-elle ? », compte rendu de Delsaut Yvette, Carnets de socioanalyse. Écrire les pratiques ordinaires, préf. Andrea Daher, Paris, Raisons d’agir, 2020, et Lagrave Rose-Marie, Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe, Paris, La Découverte, 2021» dans « Revue critique », EcriSoi (site Internet), 2022, URL : https://ecrisoi.univ-rouen.fr/babel/lautobiographie-sociologique-existe-t-elle
Girardot, Dominique, La société du mérite. Idéologie méritocratique et violence néolibérale, Le Bord de l’eau, 2011.
Golvet, Sylvie, Louis Guilloux, devenir romancier, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010.
Grignon, Claude et Passeron, Jean-Claude, Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Éditions de l’EHESS-Gallimard-Seuil, 1989.
Havercroft, Barbara, « Dire l’indicible : trauma et honte chez Annie Ernaux », in Roman 20-50, no 40, Lille, décembre 2005, p. 119-131
Jaquet, Chantal, Les Transclasses ou la Non-Reproduction, PUF, 2014.
Kargl, Elisabeth et Terrisse, Bénédicte (dir.),“Transfuge, transfert, traduction : la réception de Didier Eribon dans les pays germanophones”, Lendemains, Narr Verlag, 2021, n° 45.
Lammers, Philipp  et Twellmann, Marcus, « L’autosociobiographie, une forme itinérante », COnTEXTES [En ligne], Varia, mis en ligne le 16 décembre 2021, consulté le 05 février 2023. URL : http://journals.openedition.org/contextes/10515
Leprince, Chloé, “Un fils de cordonnier à l’Académie française, avant la berceuse transclasse et Bernard Tapie”, France Culture, 4 novembre 2021.
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