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Quoi de neuf sur Cocteau en 2023 ? (Montpellier)

Quoi de neuf sur Cocteau en 2023 ? (Montpellier)

Depuis la création d’un fonds patrimonial Cocteau à la BU Lettres de Montpellier, il y a plus de trente ans, on ne compte plus les colloques, journées d’étude, publications et expositions qui ont été consacrés au poète. Son œuvre multimédiale s’avère très parcourue déjà (avec, ces dernières années, des travaux sur l’activité radiophonique, sur les collaborations de presse, sur Le Passé défini, le grand « journal posthume » des années 1951-1963, sur les productions artistiques des années de guerre…), et pourtant elle nous résiste encore, sans cesser de nous attirer. Ce qui nous la rend proche, c’est notamment l’aisance avec laquelle Cocteau a su passer d’un média à un autre (dessin, littérature, presse écrite et parlée, ballet, théâtre, music-hall, cinéma, peinture…). Le colloque de 2023, année du soixantenaire de la mort de l’écrivain, a choisi de circuler lui aussi de l’un à l’autre, en donnant carte blanche aux intervenants pour suivre ou tirer le fil de leur choix. En proposant de lire un roman récent de Mikaël Hirsch, de regarder tels clips vidéos de Kraftwerk, Billie Myers, Madonna ou Adèle, tels films de Pedro Almodóvar et Arielle Dombasle, il entend aussi souligner la permanence de Cocteau comme référence inspiratrice dans la culture contemporaine. 

Mardi 14 mars

MATIN

9h45    Ouverture

10h      David Gullentops
L’intermédialité chez Cocteau dans les années 20

Pour aborder l’intermédialité chez Cocteau, nous proposons d’étudier quatre œuvres des années 20. Les Mariés de la tour Eiffel (1921), un spectacle musical que Cocteau est parvenu à régir dans l’ensemble des médiums basiques et des autres médias impliqués et qui constitue le modèle de référence du « genre nouveau ». Le Train bleu (1924), un ballet dans lequel il a ambitionné de montrer la disparité à l’œuvre au sein des et entre les médiums basiques. Opéra (1927), un recueil poétique où le poète fait intervenir dans l’écriture de ses poèmes des médias en principe étrangers à la poésie. Enfin Le Sang d’un poète (1932), sa première incursion dans le cinéma, qui lui a permis de joindre sous une forme animée des médias appartenant aux genres artistiques consacrés et aux genres dits para-artistiques.

10h30  Fanny Van Exaerde
Orphée théâtre, Orphée film : évolutions intertextuelles et intermédiales de la figure de la Princesse
Présente dans une seule scène de la pièce Orphée (1926), la Princesse devient, dans l’adaptation filmique de 1950, un des personnages principaux, sinon le personnage principal. Appliquées à trois séquences du film, l’approche génétique permet de rendre compte de l’ampleur du travail de réécriture et révèle l’incorporation de séquences écrites pour d’autres projets inaboutis, comme le scénario non tourné de La Vénus d’Ille. À partir d’œuvres variées, cette communication mettra en lumière ce que l’évolution de la figure de la Princesse révèle des enjeux intertextuels et intermédiaux chez Cocteau.

11h      Pause 

11h15-11h45 Frédéric Gimello-Mesplomb
Cocteau, une éminence grise pour le mouvement international des ciné-clubs ? D’Objectif 49 à l’AFCAE et au-delà.

Tout au long de sa carrière, Cocteau a pris part à de très nombreuses activités ayant pour but de valoriser, revisiter, et surtout réévaluer les films de qualité, ce que l'on appelle aujourd'hui dans le langage courant, le cinéma « d'auteur ». Prolongeant des recherches antérieures (Objectif 49, Cocteau et la nouvelle avant-garde, 2013), la communication se propose d’ouvrir deux nouvelles pistes de recherche : le lien entre Cocteau et le mouvements dit des « ciné-clubs », qui débute avant et se poursuit bien après la disparition d'Objectif 49, d’une part, la patrimonialisation posthume de la figure de Cocteau à travers les hommages et événements commémoratifs organisés au-delà du seul champ du cinéma, de l’autre.

APRÈS-MIDI

14h15 François Amy de la Bretèque
Un portrait-souvenir fictif de Cocteau en 2021 : L'Assassinat de Joseph Kessel de Mikaël Hirsch

L'Assassinat de Joseph Kessel, court roman récent (2021) de Mikaël Hirsch, offre une occasion inattendue et réjouissante de rencontrer Jean Cocteau dans une fiction. L’embrayeur de celle-ci est une nouvelle de Joseph Kessel sur l’anarchiste ukrainien Victor Makhno. Hirsch invente le reste. Makhno, Kessel, Cocteau et Malraux y sont réunis dans des circonstances rocambolesques que je raconterai. Pourquoi Kessel? Que fait Cocteau là ? que signifie ce trio (ou ce quatuor) de personnages ? le récit de Hirsch manifeste le retour d’un certain irrespect à l’égard de l’auteur d’Opium qui le sort de la naphtaline et constitue peut-être une tentative de le réinsérer dans l’histoire politique de son temps.

14h45   Quand La Voix humaine impulse des clips vidéo
Présentation par Malou Haine et David Gullentops et diffusion de « The Telephone Call » (Kraftwerk), « Kiss the rain » (Billie Myers), « I want you » (Madonna) et « Hello » (Adèle).

15h15  Pause

15h30-17h La Voix humaine d’Almodóvar (2020, 30 mn), suivi de : extraits d’Opium, film d’Arielle Dombasle (2013, 1h18), d’après Opium de Cocteau (1930)
Présentation par Guillaume Boulangé et projection.

Mercredi 15 mars

MATIN

10h     Émilien Sermier
Autoportrait en creux ? La bande à Picasso sous l'œil de Cocteau (1916)

Quand bien même Cocteau n'a jamais identifié de « poésie de photographie » au sein de son œuvre, le poète a réalisé quelques clichés au début de sa carrière. Cette communication reviendra sur ses photographies de la « bande à Picasso », prises à Montparnasse le 12 août 1916. Dans le prolongement de la minutieuse enquête de Billy Klüver, l'enjeu sera d’examiner comment cette série de photographies remplit une double fonction portraiturante : non seulement elle dynamise le genre visuel du « portrait de groupe », mais elle recèle aussi un autoportrait en creux – ou, mieux, projectif – du jeune Cocteau de 1916.

10h30  Pierre-Marie Héron 
Le drôle de service de presse de La Machine infernale

Comme il le fait dans les années 30 pour toutes ses pièces de théâtre, Cocteau accompagne la création de La Machine infernale, en 1934, de plusieurs articles et interviews. Mais il fait plus encore, en faisant envoyer à la presse le texte même de la pièce et, joint au texte, un album graphique inédit, Le Complexe d'Œdipe. La communication s'intéressera aux différentes facettes de ce geste tout à la fois médiatique et artistique et de la promotion auctoriale de La Machine infernale.

11h      Pause 

11h15-11h45 Sandra Blachon 
Quoi de neuf du côté du Fonds Cocteau de de Montpellier : dialogue avec Guillaume Boulangé & Pierre-Marie Héron

Le fonds Cocteau est né de la donation initiale d’Édouard Dermit en 1989 et n'a cessé de s'enrichir grâce au Comité Cocteau et à Pierre Caizergues qui en est le responsable scientifique. C'est un fonds riche et protéiforme qui contient des documents et des supports variés, à l'image du génie créateur de Cocteau. Qui, aujourd'hui, s'intéresse au fonds Cocteau ? Quels sont les nouveaux supports accessibles aux chercheurs ? Comment valoriser ce fonds si foisonnant ?

APRÈS-MIDI

14h15  Jialei Huang
Cocteau devant Radiguet : le modèle à imiter ? 

Présentation de thèse en quelques minutes, dans l’esprit de « Ma thèse en 180 secondes ».
De 1919 à sa mort en 1963, Cocteau parle de Raymond Radiguet à tout le monde. Il évoque son jeune ami dans ses correspondances, promeut ses œuvres, le met dans les siennes, le montre en exemple d’un « ordre considéré comme une anarchie », en fait un « maître d’école » pour lui et pour beaucoup d’autres, voire « le modèle » à imiter. « Raymond Radiguet » figure ainsi comme mot-clé dans le discours sur l’art de Cocteau. Mais peut-on le croire sans réserve ? Pour répondre à ces questions, ma thèse prend comme objet d’étude le discours de Cocteau sur Radiguet.

14h30  Serge Linarès
Éloquences de la main : les publications autographes de Cocteau 

15h       David Martens
Cocteau, portraitiste de pays

Longtemps non identifié dans les nomenclatures génériques, le portrait de pays constitue pourtant un genre particulièrement prisé, et susceptible de voir sa diffusion largement soutenue par le développement de l’industrie touristique, dès l’entre-deux-guerres et plus particulièrement durant les Trente Glorieuses, aux côtés du récit de voyage et du guide touristique. Durant cette période, de nombreuses collections d’albums photographiques voient le jour. Nombre d’entre eux comprennent des textes signés de plumes prestigieuses. Certains écrivains se révèlent d’excellents clients, parmi lesquels Jean Cocteau, qui signe une dizaine de préface à ce type d’ouvrages. Cet exposé visera à décrire et analyser, sur la base de ces textes de commande, la poétique coctalienne du portrait de pays.

15h30  Pause

15h45 Pauline Flepp

Du Sang des bêtes à Thomas l’imposteur : Cocteau et Franju en miroir

La relation Cocteau-Franju ne commence pas avec l’accord donné pour l’adaptation de Thomas l’imposteur. Cocteau écrit deux articles sur des films de Franju (Le sang des bêtes et Les yeux sans visage) ; quant à Franju, il admire l’écrivain. Certes, il déclare ne pas trop aimer le cinéaste, mais on ne peut qu’être frappé, pourtant, par les points de rencontre entre leurs cinémas, au point que plusieurs propos de Cocteau sur le cinématographe semblent comme avoir été écrits sur mesure pour le cinéma de Franju, et réciproquement, plusieurs déclarations sur le cinéma de Franju pourraient tout aussi bien s’appliquer aux films de Cocteau, en une interchangeabilité assez troublante. Il s’agira donc tout d’abord d’envisager un Cocteau au miroir de Franju et un Franju au miroir de Cocteau, avant de nous pencher sur l’adaptation de Thomas l’imposteur en nous demandant dans quelle mesure la rencontre Cocteau-Franju, qui avait a priori tout pour « fonctionner », a finalement eu lieu.

16h15  Fin