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CIEFT XIX / 2026 Colloque International d’Études Francophones de Timişoara

CIEFT XIX / 2026 Colloque International d’Études Francophones de Timişoara

Publié le par Marc Escola (Source : Ramona MALITA)

CIEFT XIX / 2026

La XIXe édition du Colloque International d’Études Francophones de Timişoara 

les 20-21 mars 2026

 Appel à communications

 La XIXe édition du Colloque International d’Études Francophones de Timişoara (CIEFT) propose aux participants de s’interroger sur un thème d’extrême actualité, vu le contexte géopolitique de nos jours et sa connexion profonde avec la nature humaine :

 Diplomatie. Expression(s) et limite(s)

1.       Argument 

La diplomatie tient à une forme d’ouverture intellectuelle d’un individu habitué à des spécificités culturelles, géographiques, politiques et socio-économiques propres à un certain espace et à son attitude de sortir de cette zone de confort dans le but de communiquer avec d’autres qui ne sont pas, parfois, si disponibles à s’acclimater avec ses valeurs personnelles et / ou sociétales. La diplomatie réside dans la plupart des cas dans une crise, voire une permacrise, qui se manifeste à plusieurs niveaux et aide à identifier une solution pour en sortir, et à trouver des réponses contraires aux causes de la perturbation ; celles-ci arrivent à éteindre le désarroi, en le transformant en une circonstance de statu quo ante. 

Les Proverbes de Salomon regorgent de conseils de diplomatie, mettant en lumière le rôle crucial de la sagesse, de la modération et de la prudence dans les interactions humaines dans le but d’offrir des pistes viables et efficaces pour naviguer avec succès parmi les relations sociales et professionnelles. Des sentences telles que « La langue douce peut briser les os. » (Proverbes 25:15) ou bien « Celui qui cache ses paroles a de la science, et l’homme qui a l’esprit calme est un homme intelligent. » (Proverbes 17:27) soulignent le pouvoir de la parole et l’importance de choisir ses mots avec soin, car une communication douce et persuasive peut être plus efficace que la force brute.

Lorsque Renart - l’éternel farceur, intelligent, mais maudit de la forêt -, comparait devant Noble, le roi Lion, il sait que la diplomatie pourrait être son arme qui lui sauverait la peau ; donc la voix mielleuse du goupil est l’ambassadrice de son discernement, car c’est à l’aide de la diplomatie qu’il peut mettre en œuvre ses arguments salvateurs, même si Renart se trouve aux côtés de l’immoral. Le Roman de Renart décrit par l’intermédiaire de son protagoniste protéiforme le contexte politique, militaire et géostratégique de la France médiévale et invite même à mettre en discussion les résultats et les enjeux de la diplomatie. 

Même si nos exemples ad hoc sont pris de la littérature (un personnage modèle et un autre moins exemplaire, mais représentatif pour la nature humaine), la diplomatie est un champ de recherches extrêmement vaste, placé au carrefour des sciences du langage, de l’histoire, de la littérature, de la psychologie, de l’anthropologie, etc. mobilisant des connaissances, des procédures techniques, des méthodes diverses et des astuces en vue de mettre en œuvre l’art de dire des choses nécessairement vraies à l’aide des paroles adéquates.

Ce colloque souhaite ainsi encourager les approches littéraires, linguistiques ou interdisciplinaires qui interrogent les formes de la diplomatie comme outils de narration, de représentation ou de résistance, qu’il s’agisse de diplomatie interpersonnelle, politique, symbolique ou même poétique. Sans prétentions exhaustives, nous suggérons quelques pistes possibles à développer dans l’étude suivie des expressions et des limites de la diplomatie : 

En littérature

Investiguer le texte littéraire de type gnomique qui assume parfois le rôle d’éclaireur ou de guide afin de transmettre des enseignements universellement valables ;

Investiguer les récits de guerre ou les fictions politiques dans lesquels la diplomatie, qu’elle soit explicite ou souterraine, tente de résoudre un conflit ou d’éviter son éclatement ;

Illustrer la littérature parénétique. Mettre en évidence les dispositifs paratextuels (préfaces, avertissements, notes) en tant que lieux de diplomatie littéraire entre l’auteur, l’éditeur et le lectorat.

Analyser les formes littéraires de la politesse transmise en paroles. Si la diplomatie mène à l’instauration de la confiance dans un contexte d’incertitude où les connaissances ne suffisent plus, alors les principes du savoir-vivre miroitent l’art de dire poliment ce qui n’est pas nécessairement agréable de dire. Discours diplomatique et critique sociale - délivrer une critique acérée des rapports de pouvoir, sous des formes détournées : satire, fable, roman allégorique, autofiction.

Faire l’herméneutique du geste du personnage littéraire : du protocole, du cérémonial et des pratiques concernant les événements officiels ; familiarisation avec les règles et les normes de l’étiquette et du comportement approprié ou leur ignorance complète (par oubli ou par défi).

Rappeler et expliquer des jalons d’histoire littéraire indiquant des circonstances historiques où les écrivains / les artistes se sont servis de la diplomatie afin de retracer les priorités dans un complexe engrenage de problèmes sociaux et idéologiques défavorables à la création artistique libre. Discours diplomatique de l’auteur lui-même : comment certains écrivains usent d’une rhétorique feutrée pour critiquer un ordre politique ;

Exemplifier des techniques narratives et des focalisations utilisées par l’écrivain dans la construction de la trame et du personnage. 

Expliquer les codes de la bienséance et leurs illustrations dans des textes littéraires appartenant à des courants littéraires et artistiques différents. S’attarder sur les narrateurs « diplomates » : entre médiation et résistance. Nombreux récits postcoloniaux mettent en scène des personnages ou narrateurs qui se retrouvent en position d’intermédiaires entre deux mondes (ancien et nouveau, africain et européen, etc.)

Explorer la diplomatie dans les dystopies ou utopies : comment la paix est-elle maintenue ou imposée dans des univers fictifs ? Identifier des personnages pour lesquels l’art de vouloir faire de la paix dans un contexte belliqueux est un signe particulier.

Interpréter les symboles diplomatiques à travers les fables, contes ou récits allégoriques, où animaux ou figures mythiques incarnent les jeux du pouvoir, la ruse ou le compromis.

Examiner la diplomatie à l’œuvre dans les mémoires, récits d’exil ou journaux intimes, comme stratégie d’apaisement, de survie ou de réconciliation avec le passé. Comment les auteurs issus de contextes de domination coloniale ou de conflits identitaires négocient entre plusieurs langues, registres, codes culturels ?

Inventorier les postures diplomatiques dans la mise en récit de la mémoire traumatique (colonisation, esclavage, migration, guerre) : comment dire l’irréparable sans provoquer une nouvelle violence ?

En linguistique

Analyser les techniques langagières utilisées dans la communication diplomatique : comment faire comprendre, affirmer son point de vue, argumenter, persuader, négocier, exprimer son désaccord, formuler ses critiques, tout en ménageant les sensibilités culturelles et politiques de ses interlocuteurs ?

Étudier les procédés lexicaux et stylistiques (euphémisme, litote et autres) utilisés dans le langage diplomatique pour atténuer l’impact des mots sur son partenaire de négociations ;

Examiner les procédés linguistiques utilisés dans l’évitement, l’ambiguïté, la minoration, la dissimulation, techniques courantes dans le langage diplomatique (et politique) ;

Examiner les formules utilisées pour exprimer la courtoisie, la politesse, le respect – techniques de la séduction langagière – dans les échanges verbaux diplomatiques ;

Relever les allusions, les sous-entendus, les ambiguïtés intentionnelles dans les entretiens diplomatiques (Olivier Arifon, Hermès, 3/2010) ;

Observer l’apparition et l’évolution du jargon diplomatique et de sa phraséologie à travers les textes (accords, communiqués, comptes rendus d’entretiens, contrats politiques, déclarations, dépêches, discours, lettres officielles, mémoires (pour servir d’instruction), minutes, notes, ordonnances, procès-verbaux d’événements, rapports, requêtes, transcriptions des entrevues (Rémy, Trésors et secrets du Quai d’Orsay, 2001) produits au fil du temps par les représentants à l’étranger de l’État français ;

Comparer des textes diplomatiques français et des textes diplomatiques rédigés en français par les envoyés des autres États, à l’époque où la langue de Talleyrand était l’instrument de communication dans les relations internationales (entre la fin du XVIIe siècle et le milieu du XXe), afin d’en relever les spécificités culturelles manifestes ;

Mettre en discussion la diplomatie comme capacité à détourner, subvertir, enrichir la langue française, pour y inscrire des réalités culturelles et sociales spécifiques (créolisation, français d’Afrique, métissage linguistique, oralité stylisée, etc.).

En traductologie

Dans tout climat transnational et interdisciplinaire, les traducteurs sont négociateurs et des intermédiaires culturels. La médiation interculturelle et traductive qu’ils réalisent est possible grâce à leurs identités culturelles hybrides, à leurs compétences interculturelles et à leur capacité de gérer les efforts intellectuels et de maîtriser les nouvelles technologies. Dans le monde de la « diplomatie multilatérale », les traducteurs diplomatiques sont des « héros discrets » (ONU, 2020), en dehors de ce monde-là, les traducteurs font preuve de diplomatie, de finesse, de tact et de prudence. Les communications de cette session s’intéresseront :

aux principes d’exactitude littérale et sémantique, de perfection grammaticale et d’élégance stylistique (vu que la traduction n’est pas une retranscription) ; 

au rapport existant dans le texte source entre la vérité textuelle et la vérité extérieure et au degré de sa restitution en langue cible (perte (in)évitable, interprétation subjective, limites du langage cible) ;

à la signification originale du texte source, à son autonomie sémantique et à son identité préservée dans la traduction ;

aux nuances (inter)culturelles qui interviennent dans la traduction, aux effets d’évocation et à l’impact potentiels de la traduction sur le public cible;

à la réception par l'intermédiaire de la traduction d’un texte littéraire et à sa perception en langue cible.

à l’impact de l’IA sur la traduction.

Propositions de communication

Les propositions de communication devront comprendre les éléments suivants :

les coordonnées précises de l’auteur ou des auteurs : nom(s), prénom(s), affiliation ou lieu d’exercice, statut (professeur, chercheur, doctorant, etc.);

le titre de la communication ;

l’objectif de la communication, l’originalité du sujet, la méthode utilisée, les résultats obtenus (350 mots, références bibliographiques non comprises, cinq mots-clés ;

une notice biobibliographique de chaque auteur (80-100 mots) indiquant les publications représentatives, les centres d’intérêt, etc. 

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 15 février 2026, à l’adresse : claudiu.gherasim@e-uvt.ro

L’avis du comité scientifique sera communiqué aux auteurs des propositions le 1er mars 2026.

Présentation orale des communications : le temps prévu pour chaque communication est de 20 minutes, suivies d’une discussion de 10 minutes.

 Frais d’inscription au colloque 

60 euro (à régler avant le 1er mars 2026); 70 euro (à régler avant le 15 mars 2026 ou sur place); 20 euro pour les doctorants.

 Calendrier

Le 15 février 2026 : remise des résumés

Le 1er mars 2026 : avis du comité scientifique 

Les 20-21 mars 2026 : dates du colloque

Pour toute question sur le colloque, merci de contacter :

ramona.malita@e-uvt.ro

 claudiu.gherasim@e-uvt.ro