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L'attachement aux mondes (Lille)

L'attachement aux mondes (Lille)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Ulysse Gadiou)

Journée d'étude "L'attachement aux mondes".

Vendredi 10 février

Université de Lille, campus Pont de Bois, laboratoire STL, salle des séminaires (bâtiment B, niveau B1).

Programme

Guillemette Leblanc (Université de Strasbourg) : « Le drame de la culture ou la question du rapport au monde chez Simmel et Cassirer »

Raphael Van Daele (ULB-FNRS) : « Interpréter les signes pour comprendre le monde : le Classique des changements (Yijing 易經) et son exégèse chez Wang Bi 王弼 (226-249) »

Julie Guyet (Académie de Lille) : « Aimer un monde qui n'existe pas : l'attachement aux mondes fictionnels dans les genres de l'imaginaire »

Clémence Sadaillan (Académie de Montpellier – STL) : « Appartenir à un monde en entrant dans un lieu : le dojo »

Ulysse Gadiou (Académie de Lille – STL) : « S'attacher à un monde dans un univers pluraliste »

Igor Krtolica (Université de Picardie Jules Verne) : « Deleuze et Guattari ou la responsabilité du monde (de la nature à l’éthique) ».



La notion de « monde » ne désigne pas uniquement le cadre dans lequel se déroule toute existence, mais aussi un objet à part entière qui nous importe en tant que tel. Le monde revêt en effet une importance particulière dans la vie humaine, en ce qu’il détermine l’horizon de sens par rapport auquel nous orientons nos activités théoriques et pratiques. 

À ce titre, nous éprouvons à l’égard du monde un sentiment d’obligation sui generis : le monde suscite en nous une forme d’attachement qui structure notre vie et notre pensée. On pensera par exemple à l’effort de Platon pour trouver dans l’ordre du monde le fondement de notre appréciation du bien, ou encore à la manière dont la tradition confucéenne, articulant la notion de lǐ (rite : 禮) et celle de lǐ (ordre naturel :理), établit qu’une vie proprement humaine s’accorde avec les tendances naturelles qui nous animent.

Notons d’ailleurs que de ce point de vue, le « monde » ne constitue pas un cadre unique et absolu : toute activité tend à définir son propre monde, c’est-à-dire son propre horizon de sens. C’est en fonction du monde qui nous importe que se définissent les modalités de notre engagement pratique : toute pratique, toute science, se définit par rapport à un certain paradigme ; et plus généralement,  l’anthropologie comparée a récemment mis l’accent sur la pluralité des mondes constitués par les différents collectifs humains. De la même manière, la revendication écologique d’une responsabilité humaine à l’égard du monde s’est précisément formulée sur le mode d’une prise en compte du fait que le monde n’est pas uniquement nôtre, qu’il échappe en grande partie à l’appropriation humaine. 

Une telle conception pluraliste de la notion de « monde » nous invite à interroger la manière dont se présente notre attachement à l’égard de ce type d’objet : n’est-on jamais attaché qu’au monde que l’on reconnaît comme sien, ou peut-on éprouver de l’attachement, et par-là des obligations, vis-à-vis de mondes qui ne sont pas les nôtres ? Selon quelles modalités peuvent nous importer d’autres mondes, qu’il s’agisse des mondes d’autres collectifs (que nous pouvons observer, étudier, mais difficilement habiter au sens propre), ou encore de mondes fictionnels que nous n’habitons que par la fréquentation des œuvres où ils se déploient ? 

Le but de cette journée d’études est ainsi d’aborder la diversité des manières dont l’esprit humain se rapporte à un monde qui suscite son attachement, et détermine de fait ses orientations pratiques. En faisant se rencontrer diverses manières de s’attacher au monde, et divers types de mondes auxquels il est possible de s’attacher, il s’agira ainsi d’interroger la dimension pluraliste d’un tel attachement, de manière à le concevoir sous l’angle d’une écologie des pratiques.