Revue
Nouvelle parution
Po&sie, n° 179-180 :

Po&sie, n° 179-180 : "L'Agencement des mobiles. Manifestes"

Publié le par Marc Escola (Source : Pierre Vinclair)

Éditorial

Michel Deguy est mort le mercredi 16 février 2022.  Le poète, le poéticien, le philosophe, l’intellectuel, « l’homme-peuple » : Michel Deguy appartient désormais à l’histoire de la littérature des vingtième et vingt-et-unième siècles. À sa mort, de nombreux hommages ont été rendus qui dessinaient son portrait multiple. D’autres viendront le compléter, mais, pour préciser l’image, il faut le dire ici fortement : Michel Deguy était à lui seul un « intellectuel collectif » et c’est pourquoi il fut un homme de revues.

En 2016 il écrivait dans un abécédaire, une forme qu’il affectionnait :

Revues. Je fus et je suis un homme de revues. La "poésie faite par tous" de Lautréamont m’y engagea. Des Cahiers du chemin à Critique, de La NrF aux Temps modernes, de Tel Quel à Rue Descartes, d’Europe à Nioques, etc. Épris de nombreuses participations à maintes autres, il en est peu (françaises) auxquelles je n’aie ‘donné’ quelque chose.

Bien entendu, celles que j’aime entre toutes sont celles que j’ai fondées : la Revue de poésie, de 1965 à 1968, défunte. La revue Po&sie, chez Belin, inventée en 1977, impérissable.

Fondateur et rédacteur en chef de Po&sie, Michel Deguy a dirigé la revue jusqu’en janvier 2022.

Le comité peut en témoigner : Deguy tenait à Po&sie comme à son œuvre, plus qu’à son œuvre parfois Il fallait le voir au travail : exigeant, accueillant, c’est-à-dire à la fois exigeant dans l’accueil et accueillant dans l’exigence, Deguy était un rédacteur admirable, disponible, ouvert, attentif. Souvent il se plaignait que la revue ne fût pas mieux connue, mais rien n’entamait son énergie. Elle se manifesta encore dans sa décision de doter la revue d’un site internet.

Michel Deguy voulait que la poésie entrât dans le débat et c’est pourquoi aussi il tenait à Po&sie. Jamais Deguy ne voulut faire de cette revue un indicateur ou un distributeur de bons points. Il la pensait plutôt comme un théâtre des opérations susceptible d’ouvrir la poésie et la poétique dans le temps et dans l’espace. Tel est l’esprit de ce numéro 179/180, L’arrangement des mobiles (Manifestes). Conçu par Pierre Vinclair que nous remercions, il est le premier que Michel Deguy ne verra pas publié. Il l’avait accueilli avec chaleur.

Qu’il s’ouvre sur un dossier consacré à la guerre en Ukraine est fidèle à son exigence. La poésie n’est pas seule et le monde est moins seul avec la poésie.

Po&sie sera plus seule sans Michel Deguy.

Le numéro 181 lui sera consacré.

- Le conseil de rédaction

Sommaire

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UKRAINE 2022

Vasyl Stus, « Les routes grondent sourdement » et autres poèmes, traduits et présentés par Georges Nivat 
Poètes d’Ukraine dans Po&sie, présentés par Claude Mouchard 
Tois voix poétiques d'Ukraine aujourd'hui, Kataryna Kalytko, Lubov Yakymtchouk, Verhiy Jadan présentées et traduites par Iryna Dmytrychyn

L'AGENCEMENT DES MOBILES (MANIFESTES)

"Autant dans ses enjeux, qui peuvent sembler variés (du travail sur la forme à l’engagement face à la disparition des espèces, de la géographie à l’autobiographie), que dans ses médiums, aujourd’hui multipliés (de la page du carnet à la plateforme vidéo en passant par la scène), la poésie française semble aussi déroutante que florissante. Existe-t-il des groupes, des écoles, des courants ? Quelles sont les affinités en jeu ? Dessinent-elles un paysage ? Quelles forces le structurent ? Que cherchent celles et ceux qui le peuplent, à quels obstacles sont-ils confrontés ? À quels instruments ont-ils recours ?
Afin d’avoir une vue d’ensemble, ouverte mais plurielle, s’autorisant autant le dissensus qu’elle refuse la vaine polémique, j’ai demandé à une quarantaine de poétesses et de poètes de nous parler de leur pratique, de dialoguer — et de donner leurs mobiles." (Extrait de la présentation de Pierre Vinclair)

La forme & l’énergie

Jean-Christophe Bailly, « La ponctualité du poème »
Auxeméry et Yves di Manno (avec Guillaume Condello), « La nuit les formes » 
Isabelle Garron (avec Julia Pont), « Aucun poème ne signifie »
Ivar Ch’Vavar (avec Pierre Vinclair), « Le manège et les enjambements » 
Dominique Quélen (avec Pierre Vinclair), « L’entretien d’un technicien de surface » 
Eugénie Favre et Brice Bonfanti (avec Pierre Vinclair), « Utopie et prosodie »

L’histoire & l’action

Laurent Demoulin, « Tensions poétiques »
Florence Pazzottu et Pierre Vinclair, « Lettres à Mallarmé »
Bruno Fern et Typhaine Garnier, « TXT (suite) »
BoXoN, « La poésie par la bande »
Frank Smith (avec Frédérique Cosnier) « Vers Des guérillas poétiques »

L’écriture & la vie

Maël Guesdon et Marie de Quatrebarbes, « La fin des histoires »
Christophe Manon et Patrick Beurard-Valdoye, « Des arches de Noë aux nefs irrelevantes » 
Aurélie Foglia, « Actualité d’une poétique tactile »
Ariane Dreyfus et Ludovic Degroote, « Apparaître ou disparaître ? C’est indécidable » 
François Heusbourg, Cédric Le Penven et Yann Miralles, « Dictionnaire poétique portatif »

Les choses & les milieux

Stéphane Bouquet et Jean-Claude Pinson, « Autre ABC de l’écriture » Marine Riguet, « YouTube en poète »
Laurent Albarracin (avec Julien Starck), « Vers un cratylisme des choses »
Michaël Batalla et Olivier Domerg, « L’état des lieux »
Fabienne Raphoz (avec Pierre Vinclair), « Parce que le vivant, le poème »

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