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Le texte et son double: création & recréation

Le texte et son double: création & recréation

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Chokri Rhibi)

Colloque International Multidisciplinaire

Université de Gabès

Institut Supérieur des Sciences Humaines de Médenine

Laboratoire(LLTA) Langage et Traitement Automatique, Université de Sfax

organisent un colloque international Multidisciplinaire le 28, 29 et 30 novembre 2022

 


Appel à communications

Le texte et son double: création et  recréation

 
Le texte s’écrit dans le sillage d’une double généalogie : celle de l’auteur/ écrivain et celle du lecteur (analyste / traducteur). La seconde représente la veine qui permet d’appréhender le texte sous un jour nouveau grâce aux échos pluriels qui en résultent. Lesdits échos constituent la profondeur et le miroitement d’un univers textuel exceptionnellement riche. 

La question soulevée par le texte et son double, de fait, n’a cessé de se poser au cours de ces dernières années. La littérature, la traduction et la linguistique y ont suggéré de multiples réponses. Des approches se sont affrontées et des concepts ont été proposés. 

Nous tenterons, dans cette rencontre scientifique, de faire le point sur les liens s’établissant éventuellement entre le texte et son double. Notre colloque vise un objectif : expliquer de manière aussi claire que possible quels sont les concepts, la démarche et les outils permettant de rendre compte de la relation assez complexe entre le texte et son double. S’agit-il de deux opérations différentes : création et re-création ? 

Avec l’apparition des sciences cognitives, nous voyons s’éclairer certains aspects encore inconnus de ce mystère que constitue l’univers textuel en quelque sorte. 

Pour ce qui concerne la traduction, les traducteurs, par leur travail, contribuent, nous le savons, à la diffusion des livres par exemple au-delà des barrières linguistiques et constituent ainsi un lien essentiel entre l’auteur et un public plus large. Entre autres, seront, dans ce colloque, débattus  publiquement des problèmes de la traduction autour des thèmes de la fidélité, des rapports entre le traducteur et son auteur, de l’avenir de la traduction et de son rôle social et culturel. Métaphoriquement parlant, l’auteur et son traducteur forment un couple unanimement admis comme heureux et harmonieux dont l’union fut présentée comme un mariage d’amour. En revanche, traducteurs et universitaires (théoriciens) se sont souvent opposés. Cette opposition reflétant la distance qui sépare pratique et théorie de la traduction. Cela dit, la fidélité est-elle possible ?, et donc la traduction est-elle réellement possible ? 

C’est là le thème fondamental, ainsi que l’a longuement montré le théoricien Georges Mounin qui oppose dans l’histoire, par exemple dans son livre « Les belles infidèles » (1955), ceux qui pensent que la traduction est possible aux pessimistes décidant une fois pour toutes que c’est là une entreprise impossible. C’est à ce propos qu’il a énoncé sa fameuse théorie des universaux[1] qui existent dans toutes les langues et rendent, de ce fait, possible la traduction ; en regard subsiste le problème délicat de la connotation qui ne permet pas à la traduction de rendre compte de toute l’étendue sémantique du mot. 

Sur ce plan, dans toute traduction, il y a perte de sens et gain de sens. C’est d’ailleurs à cet aspect enrichissant qu’on est sensible. Ainsi, on peut déclarer avec chaleur que la traduction multiplie le génie. En fait, il existe dix, vingt ou quarante Shakespeare en dix, vingt ou quarante langues. Le point important à souligner ici est que le traducteur joue un rôle crucial dans la propagation du génie de l’auteur. Il assume une responsabilité dans la gloire de celui-ci. Dans les faits, la fidélité suppose aussi que la traduction conserve du texte original sa saveur individuelle qui ne peut être préservée que par le plus ou moins grand rapport d’intimité qu’entretient le traducteur avec son auteur. 

Certains disent, dans ce contexte, que les traducteurs sont tous artisans de l’écriture, pas des artistes, car ils ne créent rien, mais on leur donne un matériau pour faire passer un texte d’une langue à une autre. Ces derniers ne font que des approximations. Pour tout dire, on ne peut pas considérer la traduction comme une création. Ainsi peut-on proposer à la place du mot créateur, dépassé, nous paraît-il, le terme producteur. Le texte n’est pas créé, il est plutôt produit. L’auteur suggère un texte et chaque lecteur lui donne un sens. C’est ce que Jean Ricardou (1977) appelle la lecture qui écrit. Vu sous cet angle, le traducteur est un producteur au même titre que l’auteur. La discussion autour de ce problème risque de sombrer dans les distinctions traditionnelles et erronées qui se fondent sur l’idée du métier d’écrivain. Rappelons ici que le langage, au sens de Roland Barthes, est une structure en soi et non un véhicule et qu’il est l’affaire de tous. D’où il ressort que le traducteur et l’auteur sont placés dans la même situation, aux prises avec le même matériau : le langage, et que l’œuvre, qu’elle soit née d’un auteur ou d’un traducteur, a une existence en soi. Ce qui nous permet de dire que l’écrivain ne semble pas avoir un public, c’est l’œuvre qui peu à peu le crée. L’œuvre n’est pas la propriété exclusive de son créateur. L’œuvre d’un écrivain, aussitôt qu’elle est finie, qu’elle est faite, ne lui appartient plus. 

Bien plus, plusieurs critiques littéraires considèrent que le roman représente un genre littéraire ayant des rapports très étroits avec l’inconscient que la psychanalyse a découvert. Le roman dostoïevskien en est témoin dans la mesure où il s’approche, avec subtilité, de l’esprit de l’œuvre freudienne. Ce qui permet, d’une manière ou d’une autre, d’envisager Crime et châtiment par exemple en tant que double de la psychanalyse. Dans son récit, Dostoïevski s’est interrogé tacitement sur les relations qui se tissent entre l’état de veille et l’état de rêve en qualifiant l’appareil psychique de polyphonique en quelque sorte.  Bien plus, le dernier auteur a soulevé des questions portant sur les interactions qui peuvent avoir lieu entre, d’une part, des figures langagières dont entre autres la métaphore et la métonymie et les différents mécanismes régissant le fonctionnement de l’inconscient, de l’autre. Pour tout dire, Dostoïevski a pu, avec brio, inciter son lecteur à réfléchir sur la nature de l’appareil psychique et sur les fondements de l’activité de l’écriture. Ainsi conçue, la psychanalyse semble constituer une clé de voûte permettant l’intelligibilité du texte romanesque. 

Dans le même ordre d’idées, la poétique du double imprègne, dans une large mesure, les écrits de Nathalie Sarraute bien que cette dernière n’envisage pas explicitement et directement le double en tant que motif littéraire. Nathalie Sarraute a fait appel à ce qu’il est convenu de désigner par la figure de l’équivoque. Au fait, elle s’est penchée notamment sur des dichotomies très révélatrices telles que : « le trompe l’œil et le sous-entendu », « le visible et l’invisible », « le dicible et l’indicible », etc. Le point important à souligner ici est que Sarraute s’est inspirée largement de ses lectures de Dostoïevski. Ce dernier lui a offert une matière de réflexion très riche en lien avec l’œuvre littéraire en général et avec l’identité du personnage et de l’auteur en particulier.   

En outre, les réadaptations postérieures des manuscrits donnent, sans conteste, le jour à de nouvelles méthodes de réécriture et parfois à des transformations très importantes. Cela est dû principalement aux changements qui affectent inéluctablement les contextes et les supports de départ en donnant ainsi naissance à de nouveaux outils pour approcher la tradition manuscrite : le récit au-delà du récit. 

Pour récapituler, l’objectif principal de cette rencontre scientifique consiste à rassembler des chercheurs autour de la question que le texte et son double soulèvent, et ce, dans le but de braquer la lumière sur les approches adoptées dans le traitement de cette thématique et qui sont issues de domaines variés et complémentaires en quelque sorte. Afin de répondre à l’objectif fixé, nous mettrons à profit, dans ce qui suivra, quelques pistes de réflexion qui se veulent de simples suggestions : 


-          Texte – (Re)traduction 

-          Traduction et traductologie 

-          Traduction et polyphonie 

-          Traduction et subjectivité 

-          Traduire l’intraduisible 

-          Texte et adaptations 

-          Texte , image et caricature 

-          Texte et spectacle 

-          L’innommable et la recréation linguistique 

-          La recréation littéraire et la question de fidélité 

-          Le métissage et la recréation formels manifestes dans les expressions francophones 

-          La réappropriation linguistique dans la littérature francophone 

-          Les actes néologiques : un processus de (re)création ? 

 

Les communications peuvent aborder des sujets en rapport avec un autre domaine non cité parmi les axes de recherche susmentionnés à condition de respecter la thématique générale du colloque. 

 

Les propositions de communication, d’environ une page, (titre et résumé) accompagnées d'une courte notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 10 septembre 2022 aux deux adresses suivantes:

textecolloque@gmail.com

terwaitterwait@gmail.com 

Inscription : Les participants procèderons à l'inscription une fois leur proposition acceptée

Les frais de participation : (hébergement [3 nuitées] dans un hôtel 4*sur l'île de Djerba, Tunisie),  pauses café, pack du colloque et publication des actes) : 

·         350 euros pour les non-Maghrébins
·         450 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins
Frais de participation (sans hébergement) :
·         150 euros pour les non-Maghrébins
·         250 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins 
Les frais d’inscription sans hébergement couvrent les pauses café, le déjeuner et le pack du colloque. 
Le déplacement restera à la charge des communicants.

Calendrier

10 septembre, 2022 : réception des propositions de communication

20 septembre 2022 : notification aux auteurs

28-29-30 novembre 2022 : Colloque international
2023 : publication 

Comité scientifique:

Chokri Rhibi, Université de Gabès

Ezzedine Bouhlel ,Université de Sousse

Foued Laroussi, Université de Rouen

Lionel Dufay, Université Paris-Est, Marne-La-Vallée

Mohamed Bouattour, Université de Sfax

Ammar Azzouzi, Université de Sousse

Mustapha Trabelsi, Université de Sfax

Mokhtar Farhat Université de Gafsa


Comité d'organisation

Chokri Rhibi, Abdallah Terwait, Fawzi Horchani, Mehdi Boujlida, Jamel Zaidi, Lassaad Heni

 


 
[1] Les problèmes théoriques de la traduction , « Idée », Gallimard, 1963.