La cinquième édition du Colloque francophone international de l’Université de Zagreb aura lieu du 26 au 28 novembre 2026 à la Faculté de philosophie et lettres.
Le Colloque vise à réunir les chercheurs intéressés par les problématiques qui portent sur les liens entre l’humain et la technologie du point de vue théorique et/ou pratique, dans les domaines des sciences du langage, de la didactique du FLE, de l’activité traduisante et des études littéraires. Le Colloque, en conciliant tradition et modernité, rendra hommage à l’académicien Petar Skok (1881-1956), grand romaniste et fondateur du Département d’études romanes de Zagreb, disparu en 1956, dont l’engagement scientifique et institutionnel demeure un jalon essentiel de la tradition philologique.
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À l'ère des innovations technologiques, le langage et le discours humains sont au cœur des préoccupations des sciences du langage, de l’enseignement du FLE, des études traductologiques et littéraires. La conceptualité de l’humain face à la technologie peut se comprendre comme la manière dont l’être humain pense, imagine et interprète ses rapports avec la technologie. Le Colloque vise à aborder la conceptualité de l’humain face à la technologie d’un point de vue philologique (c’est-à-dire à travers les sciences du langage et des textes).
La question de la conceptualité de l’humain se pose avec une acuité particulière. Comment l’homme pense-t-il, exprime-t-il et transmet-il son rapport à la technologie ? Quelles représentations linguistiques, didactiques, traductologiques et littéraires en découlent ? Le développement de l’intelligence artificielle (IA), notamment des modèles de traitement automatique du langage (TAL), bouleverse-t-il notre rapport au langage ? Les sciences du langage et des textes se trouvent confrontées à des problématiques inédites. On dispose de données massives pour analyser les usages. L’analyse de corpus à grande échelle permet d’objectiver les pratiques linguistiques : fréquence lexicale, cooccurrences et contextes d’usage donnent accès à la manière dont les locuteurs produisent et partagent le sens.
D’un point de vue linguistique, il s’agit d’interroger l’évolution des nouvelles technologies, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, et les pratiques discursives qu’elles engendrent. L’IA manipule des signes sans visée situationnelles. Peut-on parler de « langage » au sens humain ou s'agit-il d'une simulation ? Quelle différence entre production linguistique humaine (contextuelle, situationnelle) et production algorithmique (statistique, prédictive) ? Peut-on parler d’énoncé, d’énonciation, de coénonciation, de discours sans sujet parlant ? L’IA « comprend-elle » ou simule-t-elle la compréhension et l’interprétation ? Quels sont les effets des méthodologies numériques et de l'exploitation de corpus multilingues sur la recherche linguistique ?
L’IA apprend par le biais de statistiques, tandis que l’humain apprend par interaction sociale et par expérience : quelles implications pour la théorie de l’acquisition / apprentissage de langue ? En ce qui concerne la didactique de langue, la question se pose également de savoir comment enseigner, transmettre et vulgariser des concepts et pratiques pointus à différents publics. De quelle manière l'enseignement et l'apprentissage des langues pourraient-ils bénéficier de l'IA, qui utilise des statistiques pour apporter un avantage à l'humain ? L’enseignant devient un guide qui aide les apprenants à naviguer dans l’abondance d’informations disponibles en ligne, à développer l’esprit critique, la capacité à vérifier les sources et à utiliser les outils numériques de façon responsable. Il est censé faciliter l'apprentissage personnalisé et concevoir des activités pédagogiques numériques adaptées pour mieux suivre le rythme de chaque apprenant.
Dans une perspective traductologique, il importe de réfléchir à la circulation interculturelle des notions et des pratiques technologiques et à l’impact des choix terminologiques sur la conceptualisation collective. L’IA et le TAL imposent une collaboration homme-machine, où la compétence humaine reste essentielle pour garantir la qualité, la créativité et l’éthique. L’avenir de la traduction repose sur une synergie entre technologie et expertise linguistique. Les traducteurs sont appelés à maîtriser une nouvelle compétence essentielle : la post-édition.
Enfin, la dimension littéraire ouvre la voie à une analyse des imaginaires technologiques, à travers les fictions, récits et discours qui anticipent, critiquent ou valorisent la place des technologies dans la condition humaine. Est-ce que l'IA peut influencer les pratiques et les représentations littéraires ? Les technologies ne se cantonnent plus à des tâches techniques : elles produisent des textes, imitent des styles et contribuent à la diffusion des œuvres. Quel est le point de vue de la littérature sur l'IA ? Quelles retombées cela a-t-il sur la critique, la création et la transmission ?
Ce Colloque se veut un espace de dialogue interdisciplinaire où chercheurs, enseignants, traducteurs, auteurs et écrivains sont invités à explorer les enjeux philologiques de la conceptualité humaine face à la technologie.
Axes thématiques (non exhaustifs)
1. Sciences du langage du point de vue du français
Une approche ancrée dans le domaine de la linguistique française (phonétique, syntaxe, sémantique, pragmatique, lexicologie, sociolinguistique, analyse du discours, études énonciatives) permettra d’interroger la manière dont la technologie influence et transforme le langage. Il s’agira notamment d’aborder :
· Les études cognitives : figures entre langue et discours, conceptualisation et activité cognitive face aux technologies ;
· Les études contrastives : mise en relation de la description du français avec d’autres langues dans les contextes numériques et techniques ;
· Les études contextualisées : impact de la communication médiée par la technologie (réseaux sociaux, multimodalité, oralité numérique) ;
· L’appareil linguistique et plurimodal de l’énonciation : lexique, connecteurs, modalisateurs, temps verbaux, indexicaux, déictiques, discours rapporté, ainsi que les moyens prosodiques et gestuels dans les interactions médiatisées ;
· Le sujet entre langage et parole : subjectivité et intersubjectivité dans l’espace technologique (maximes conversationnelles, implicite, actes de langage en ligne, efficacité argumentative des discours numériques) ;
· Les procédés de construction énonciative et les variations stylistiques dans les environnements technologiques ;
· La métaphoricité et la polysémie : figures de sens dans les discours technologiques (métaphore, analogie, proverbes, structures stéréotypées) ;
· Les structures discursives et leur variation syntaxique dans les usages technologiques ;
· Le bilinguisme, la diglossie et le plurilinguisme : éveil aux langues dans le contexte globalisé et technologisé.
2. Didactique du FLE
La conceptualité de l’humain face à la technologie engage aussi la réflexion sur les pratiques didactiques. Les axes incluent :
· L’émergence de nouveaux principes et modalités d’enseignement de la grammaire des langues étrangères, adaptés à l’ère numérique ;
· Les activités métalinguistiques à caractère réflexif dans des environnements technologiques ;
· Le traitement et l’utilisation des erreurs (pédagogie de l’erreur) dans des contextes d’apprentissage médiés par la technologie ;
· La mobilité et les contacts entre langues, individus et cultures dans le cadre de la mondialisation numérique ;
· L’enseignement de l’oral : de la phonétique corrective à la didactique de la parole dans des dispositifs technologiques ;
· L’enseignement de l’oral à la lumière de l’héritage de la problématique SGAV et de l’approche verbo-tonale (SGeVT)
· L’intégration des TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) et leur rôle dans la construction discursive en classe de FLE ;
· Les interactions discursives en classe : discours de l’enseignant et de l’apprenant, sociolinguistique interactionnelle et compétence discursive en contexte numérique ;
· Le FOU (français sur objectifs universitaires) et le FOS (français sur objectifs spécifiques), adaptés aux besoins langagiers liés à la mondialisation et aux technologies.
3. Activité traduisante (français vs autres langues)
La conceptualité de l’humain face à la technologie se reflète aussi dans la traduction et l’interprétation, activités qui mettent en jeu la circulation et l’adaptation des concepts :
· La réflexion sur l’unité traduisante : mot, unité de sens, texte, discours – que traduit-on à l’ère numérique ?
· Le traducteur comme passeur culturel, confronté à l’impact des technologies sur les discours et les pratiques ;
· La transmission et restructuration des discours technologiques : résistances, contraintes et stratégies de transfert ;
· La question des structures et stéréotypes : appropriation ou adaptation dans un contexte mondialisé ;
· Les figures discursives et leur équivalence dans les traductions technologiques ;
· L’interprétation de la parole vivante et ses défis face à la communication médiatisée ;
· L’interprète comme acteur de la communication dans un monde technologique et plurilingue.
4. Études littéraires (littérature francophone)
Enfin, la conceptualité humaine face à la technologie se déploie dans les textes littéraires, qui explorent les imaginaires, les représentations et les critiques du monde technologique :
· L’étude des concepts et notions comme instruments d’analyse du texte littéraire, et de leur pertinence face aux transformations technologiques du monde actuel ;
· La narration et conceptualisation : rôle des concepts dans la contextualisation du texte littéraire ;
· La réactualisation de l’histoire littéraire : de la colonisation à la mondialisation numérique ;
· Contextualiser le texte : passéisme, présentisme et représentations du monde technologique ;
· Discours et identité : formes d’expression de soi dans un monde technoscientifique (confession, témoignage, identité narrative) ;
· Les représentations littéraires des crises contemporaines : fin du monde, contagions, millénarisme, désenchantement technologique ;
· La littérature comme espace de critique et de mise en scène de la coévolution humain/technologie.
5. La clôture du Colloque en hommage à l'académicien Petar Skok
Les communications du volet du Colloque qui rend hommage à l'académicien Petar Skok pourront être présentées en français et en croate.
Outre la linguistique romane et la linguistique générale, il s'est intéressé aux parlers croates, aux influences romanes sur l'aire linguistique croate, aux turcismes en croate, ainsi qu'à l'histoire des Slaves. Il est décédé le 3 février 1956 et une plaque commémorative a été dévoilée sur la maison natale, à Žumberak. Son dictionnaire étymologique, resté à l'état de manuscrit, a été publié à titre posthume en quatre volumes. Il s'agit à ce jour du dictionnaire étymologique croate le plus complet, avec plus de 10 000 entrées.
Les propositions de communication (nom, prénom, affiliation, adresse électronique, titre, résumé de 300 mots maximum, 4-5 mots clés, 4-5 références bibliographiques, une courte biographie) sont à renvoyer avant le 30 avril 2026 à l’adresse suivante : francontraste@m.ffzg.hr ou bien sous forme de fiche électronique disponible au site du Colloque : https://francontraste.ffzg.unizg.hr/ Le nom et le titre de la communication devront apparaître dans le courriel : cependant la proposition sera anonymisée.
Les communications pourront être présentées en français dans un format de 15 minutes + 5 minutes
RAPPEL DES DATES IMPORTANTES
Lancement de l’appel à communications : 30 novembre 2025
Date limite d’envoi des propositions de communication : 30 avril 2026
Notification des réponses aux auteurs : 12 juin 2026
Inscription (en ligne) au Colloque : du 15 juin au 30 septembre 2026
Cotisation pour inscription anticipée jusqu’au 15 juillet 2026 : 120EUR ; étudiants 80EUR
Cotisation à partir du 16 juillet jusqu’au 30 septembre 2026 : 150EUR ; étudiants 100EUR
Les frais de virement bancaire ne sont pas inclus. La cotisation comprend une publication – recueil des résumés, les rafraîchissements pendant les pauses, un certificat de participation. Les frais d’hébergement et de transport ne sont pas inclus.
Date limite de paiement de cotisation : 30 septembre 2026
Paiement
Nom de la banque : Zagrebačka banka
Compte courant : 2360000 – 1101311177
Indice de référence° : 31-280-2177 (à mentionner sur le virement)
SWIFT/BIC : ZABAHR2X
IBAN : HR1823600001101311177
Nom du titulaire : Filozofski fakultet / Faculté de philosophie et lettres
Adresse du titulaire : Rue Ivana Lučića 3, HR-10000 Zagreb
Déroulement du Colloque : du 26 au 28 novembre 2026
Lieu du Colloque : Filozofski fakultet Sveučilišta u Zagrebu
Rue Ivana Lučića 3 ; HR-10000
Publication des Actes : les communications seront soumises à un comité de lecture en vue d’une publication. Une publication des contributions est prévue dans le cadre d’un ouvrage collectif.
Date limite d’envoi des articles pour la publication des Actes : 30 avril 2027
Retour des articles remaniés : 15 septembre 2027