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Mémoires palestiniennes. Circulation, transmission, création (revue Inter-Lignes)

Mémoires palestiniennes. Circulation, transmission, création (revue Inter-Lignes)

Publié le par Marc Escola (Source : Olivier Damourette)

Pour son numéro 36 du printemps 2026 la revue Inter-Lignes lance un appel à article sur le thème "Mémoires palestiniennes. Circulation, transmission, création"

La culture palestinienne est marquée par le lien étroit avec les notions de mémoire / mémoires et de transmission. Ces mémoires s’expriment à travers une pluralité de récits, de pratiques et de formes d’expression (qu’elles soient artistiques, patrimoniales, linguistiques ou encore sociales). Elles se matérialisent dans des traces visibles et invisibles (objets, archives photographiques, récits oraux, chants traditionnels, pratiques artisanales) mais aussi dans les œuvres contemporaines qui réinterprètent et contribuent à perpétuer ces héritages.

Les travaux d’anthropologues, d’historiens, de spécialistes du patrimoine (comme ceux de Salim Tamari[i], Rosemary Sayigh[ii] ou Elias Sanbar[iii] pour ne citer qu’eux) ont à ce titre bien mis en évidence combien la mémoire palestinienne s’inscrit dans une temporalité longue faite de continuités, de ruptures et de reformulations successives[iv]. Dans ce contexte la transmission joue bien évidemment un rôle central. Bien sûr, elle ne se limite pas à la préservation du passé mais implique au contraire la capacité à le réactiver dans le présent.

Les pratiques familiales, les récits intergénérationnels, les archives communautaires et les initiatives artistiques contribuent ainsi largement à faire vivre - et circuler - ces mémoires plurielles. Par exemple, la broderie traditionnelle (étudiée notamment dans les travaux de Widad Kawar et exposée dans plusieurs collections muséales) constitue un exemple de patrimoine matériel où savoir-faire, symbolisme et identité sont entremêlés.

De même, le travail photographique de Walid Raad[v], les œuvres d’Emily Jacir[vi] ou encore les films d’Elia Suleiman[vii] témoignent de la manière dont les arts visuels participent à la mise en récit des expériences vécues, des lieux et des voix.

Par ailleurs, les dynamiques d’exil et de diaspora ont façonné des espaces multiples de continuité et de création culturelle. Dans les communautés palestiniennes établies en Europe, en Amérique du Nord ou dans le monde arabe, la mémoire se transmet souvent à travers des récits familiaux, des archives et bibliothèques personnelles ou encore des initiatives culturelles.

Des institutions comme le Palestinian Museum[viii], la Qattan Foundation[ix] et des plateformes de collecte d’archives orales (par exemple la Palestine Oral History Archive[x] de l’Université Américaine de Beyrouth) contribuent aujourd’hui à documenter, préserver et rendre accessibles ces matériaux tout en soutenant à la fois la recherche et la création contemporaine.

La question de la mémoire palestinienne s’inscrit également dans un temps historique dépassant largement le cadre contemporain. Les références religieuses et textuelles issues des traditions juives, chrétiennes et musulmanes témoignent d’une présence humaine et culturelle plurimillénaire. Les récits bibliques, les travaux d’historiens et les recherches archéologiques menées par l’École biblique et archéologique française de Jérusalem[xi] ou encore l’Israël Antiquities Authority[xii], mettent en lumière la continuité de pratiques agricoles, artisanales et sociales attestées depuis l’Antiquité. Les lieux, les toponymes et les paysages agraires constituent ainsi autant de marqueurs reliant le passé aux pratiques contemporaines.

Il s’agit alors d’examiner de manière interdisciplinaire les modalités de constitution, de préservation, de diffusion et de transmission des mémoires et cultures palestiniennes.

Nous privilégions cinq axes thématiques : 

- Étude du patrimoine matériel et immatériel
- Analyse des pratiques littéraires, poétiques, artistiques et cinématographiques
- Valorisation des récits oraux, des témoignages et des archives personnelles ou institutionnelles
- Observation des circulations linguistiques, symboliques et culturelles au sein des territoires et des diasporas
- Exploration des liens entre mémoire, transmission et création contemporaine

L’objectif de ce dossier est donc de favoriser une compréhension documentée et sensible des continuités culturelles palestiniennes. Notre cadre de réflexion vise à mettre en lumière la mémoire comme un espace de relation, de dialogue et de création. Il entend également offrir des clés pour appréhender dans leur complexité et leur profondeur les pratiques culturelles en Palestine et dans la diaspora.

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[i] Salim Tamari, La montagne contre la mer, Arles, Actes Sud, 2011
[ii] Rosemary Sayigh, Femmes réfugiées, narratrices de lʼHistoire, in Revue d'études palestiniennes 1998/3 N° 68
[iii] La Palestine expliquée à tout le monde, Paris, Le Seuil, 2013. Nouvelle édition : 2025 ; Palestiniens : la photographie d'une terre et de son peuple de 1839 à nos jours, Paris, Hazan, 2004 ; Les Palestiniens dans le siècle, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 201), Gallimard, 1994
[iv] Roger Heacock, Sous la dir., Temps et espaces en Palestine, flux et résistances identitaires, 2008, Presses de l’Institut français du Proche orient
[v] Valérie Dupont, L'histoire libanaise de Walid Raad, in Sociétés & Représentations 2012/1 n° 33, Pages 49 à 64
[vi] https://www.dictionnaire-creatrices.com/fiche-emily-jacir
[vii] Chronique d'une disparition
[viii] https://palmuseum.org/en
[ix] https://qattanfoundation.org/en
[x] https://libraries.aub.edu.lb/poha/
[xi] https://www.ebaf.edu/fr/
[xii] https://www.iaa.org.il/en/

Les articles en français, anglais ou espagnol ne dépasseront pas 30 000 caractères (espaces, notes, notice biographique et résumés inclus) en caractères Times New roman 11 pour le corps du texte et Times New Roman 9 pour les notes de bas de page. 

Ils devront être accompagnés d’une notice de l’auteur de 500 caractères maximum, ainsi que de trois résumés (avec 5 mots clés) en français, anglais et espagnol de 500 caractères chacun.

Les textes des articles devront être adressés avant le 31 mars 2026 (pour parution au mois de mai 2026) par mail à : revue.inter-lignes@ict-toulouse.fr

Charte typographique disponible sur demande.

Les textes proposés feront l’objet d’une double évaluation à l’aveugle

Les articles incomplets ne seront pas examinés par le comité de lecture

Comité de lecture

- Olivier Damourette, MCF, ICT
- Christophe Balagna, MCF, ICT
- Christelle Guillin, MCF, ICT
- Éric Hendrycks, MCF, ICT
- Olivia Salmon Monviola, MCF, Université Clermont Auvergne
- Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, Pr. associée
- Marie-Christine Seguin, Pr, ICT

Revue Inter-Lignes, Institut catholique de Toulouse, 31 rue de la Fonderie, 31000 Toulouse

Url de référence : https://www.puict.fr/interlignes

Présentation de la revue

La revue Inter-Lignes s’inscrit dans les champs disciplinaires des sciences humaines et sociales, les arts, les lettres, la linguistique ou encore les études cinématographiques. La revue est étroitement associée à l’unité de recherche Céres à travers sa thématique de recherche N°1, « Culture, Herméneutique et Transmission ».

Elle privilégie donc les articles qui s’appuient sur des recherches scientifiques dont l’objectif est d’éclairer des sujets liés aux problématiques des SHS et connexes.

Inter-Lignes publie deux numéros par an. Ils sont thématiques (avec l’élection d’un dossier) et complétés par des varia et des recensions auxquelles s’ajoutent trois rubriques (actualités francophones, cinéma et une sitographie recensant les meilleurs sites sur la question traitée).

Si les articles des numéros thématiques sont coordonnés et articulés par le rédacteur, les varia sont gérés par le comité de rédaction et peuvent être insérés dans n’importe quel numéro.

Elle se veut donc un espace d’échanges et un outil au service des chercheurs.