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Volume collectif : Lamartine : autobiograhie

Volume collectif : Lamartine : autobiograhie

Publié le par Camille Esmein (Source : Alexandra Matignier)






Projet de volume collectif


Lamartine : autobiographie, Mémoires,
fiction de soi (1807-1870)



L'oeuvre de Lamartine se développe sur un fond autobiographique constant. Dès les Méditations poétiques (1820), on voit l'écrivain faire retour sur le drame de sa vie, pour évoquer ses chagrins et ses deuils. Sa Correspondance abonde en notations personnelles et en « confidences » (lire, entre autres, les lettres écrites à partir de 1842 à Valentine de Cessiat, autoportrait désenchanté où, selon Christian Croisille, « le lamento tourne au poème en prose »). L'écriture du moi est à ce point prépondérante chez Lamartine qu'elle affleure également, de manière plus ou moins masquée, dans des textes où on ne s'attend pas forcément à la rencontrer (La mort de Socrate, Childe Harold, Histoire des Girondins...). Après 1848, ce flux autobiographique s'amplifie avec la publication des Confidences, de Raphaël, des Nouvelles Confidences, des Mémoires politiques, des Mémoires de jeunesse (publiés en 1870 sous le titre de Mémoires inédits), auxquels il faut ajouter, entre autres, les préfaces et les « Commentaires » des Méditations et des Nouvelles Méditations poétiques (1849), ainsi que les nombreuses pages autobiographiques disséminées dans le Cours familier de littérature.

Le corpus, on le voit, est ample et riche. Mais il est aussi dispersé, émietté. Point ici de grande synthèse rétrospective sur le modèle de Chateaubriand ou de George Sand, mais plutôt des éclats, des essais plus ou moins aboutis : une « autobiographie » réverbérée en multiples échos, toujours recommencée, jamais véritablement achevée, que nous proposons aux collaborateurs de ce volume d'examiner dans ses formes, ses problèmes, ses enjeux.

Un premier détour par la genèse et les conditions d'élaboration de ces textes serait d'un grand intérêt. Qu'est-ce qui a, notamment, poussé Lamartine à cette grande entreprise mémorielle des années postérieures à 1848 ? Comment et dans quelle mesure la correspondance a-t-elle servi, à ce niveau, de terrain d'essai ? Et comment penser la relation entre « confidence » en vers (des Méditations à « La Vigne et la Maison ») et autobiographie en prose ? La question des modèles ou des sources d'inspiration livresques gagnerait aussi à être creusée. Derrière Régina, par exemple, se devine l'influence du roman du XVIIIe siècle.

Formes et contenus devront aussi faire l'objet d'analyses précises. L'autobiographie lamartinienne est d'abord une expérience littéraire de l'obliquité, où la représentation de soi-même, le récit de vie interfèrent avec la poésie et le roman (dans les dernières années, le romanesque ne cesse d'exploiter l'autobiographie, et inversement). Ce travail de recréation, de « fabulation » (et d'omission), ce brouillage permanent du factuel et du fictionnel, à travers lequel l'écrivain se révèle et se dissimule à lui-même, dans une infranchissable distance de soi à soi, méritent d'être étudiés de près. Parallèlement, l'écriture du moi se fait sur le mode du lyrisme poétique et/ou narratif, ce qui invite à étudier ces textes dans leur rapport avec l'élégie, l'idylle, la prose poétique. Notre sujet implique aussi une réflexion sur la pratique lamartinienne du genre des Mémoires, qui pose, entre autres, le problème complexe de la représentation historique de soi (avec les Mémoires politiques).

Il serait bienvenu enfin d'élargir les perspectives en replaçant ces textes dans leur contexte historique et culturel. Des comparaisons peuvent être établies entre l'autobiographie lamartinienne et celle d'autres écrivains. Des Méditations aux Mémoires des dernières années, en passant par la correspondance, c'est à l'itinéraire d'un enfant du siècle que nous assistons, avec un tableau des révolutions, de la société, des mentalités du XIXe siècle. Quelle image ces textes nous renvoient-ils de l'amant, du mari, du père, de l'ami, du propriétaire terrien, du journaliste, de l'éditeur, de l'homme politique ? Quel rôle ont-ils joué dans l'élaboration de la légende lamartinienne, comme outils d'auto-justification, voire d'auto-promotion ? La réception des oeuvres (avec leurs adaptations musicales, picturales...) pourra aussi retenir l'attention.

Tels sont les angles d'attaque que nous suggérons, et qui n'excluent pas, loin de là, d'autres modes d'approche.
Chronologiquement, nous prenons en écharpe toute la vie de l'écrivain, en partant de ses premières lettres publiées (1807) jusqu'à la publication, posthume, des Mémoires inédits (1870).

L'ouvrage s'inscrira dans l'un des deux axes de recherche du C.R.R.R., « Expression des idées, expression du vécu ».

Les propositions d'articles, accompagnées d'un résumé, doivent être adressées au plus tard en décembre 2005 à :

Nicolas Courtinat
4 cité Chabrol
63000 Clermont-Ferrand

e-mail : courtinat.nicolas@wanadoo.fr

Les articles pour la publication devront être remis au plus tard en octobre 2006.