Philosophie, n° 150
Les Editions de Minuit, 2021
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96 pages
ISBN : 9782707347046
11.00 €
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La conférence d’Emil Lask « Hegel dans son rapport à la conception du monde des Lumières », traduite et présentée par Emmanuel Chaput, clarifie le rapport ambivalent que Hegel entretint avec les Lumières. Pour Lask, l’idéalisme allemand (dont Hegel fait aussi partie) est l’héritier des Lumières, pour lesquelles la réalité donnée doit être subordonnée à une valeur rationnelle absolue, mais à la différence de Kant et Fichte, Hegel refuse de penser cette valeur comme un simple devoir-être (Sollen) ou un idéal asymptotique. Lask dépeint ainsi Hegel comme un penseur non pas de la Restauration, mais de la valeur contre la simple norme ou le simple devoir-être.
En faisant des monades les particuliers de base de son système, Leibniz propose une métaphysique concurrente, rivale de celle défendue par Strawson dans Individuals. Dans « P. F. Strawson et la critique des monades », Paul Rateau montre que les critiques soulevées par Strawson reposent sur deux interprétations contestables : l’assimilation de la notion complète de la substance individuelle à une description exhaustive en termes généraux, et la réduction de la monade à la conscience pure. Il répond aussi au reproche qu’il adresse à Leibniz d’introduire des considérations extralogiques dans son traitement de la question de l’individuation.
Dans « Bergson et le schématisme cinématographique de l’intelligence », Arnaud Bouaniche élucide le rôle du cinéma dans le quatrième chapitre de L’Évolution créatrice de Bergson, à la lumière d’un rapprochement précis avec la doctrine kantienne du schématisme des concepts purs de l’entendement. Il dégage la thèse selon laquelle le cinéma n’est pas seulement pour Bergson une machine à produire de l’illusion (l’illusion du mouvement) mais cet « art caché », désormais rendu visible, qui commande notre connaissance spontanée du réel.
Dans « Levinas : la sensibilité ou la vie de la raison », Paula Lorelle éclaire l’ambition lévinassienne d’un élargissement de la rationalité. Sous les termes de raison et de rationalité, il est aussi bien question d’une raison suspecte qui ne survit qu’en niant l’altérité, que d’une raison nouvelle qui s’ouvre en son épreuve. Il s’agit dans Autrement qu’être de comprendre cette autre rationalitécomme une raison sensible, décrite en termes d’éveil dans Entre nous et De Dieu qui vient à l’idée ; l’équivocité du terme raison désigne les deux moments d’un seul et même procès d’endormissement et d’éveil de la raison.
Dans « Texte de l’espace – espace du texte », Ai Maeda détermine l’expérience spatiale propre à la littérature à partir d’une analyse phénoménologique de l’acte de lecture, qu’il reformule ensuite selon les axiomes de la topologie, et il replace son analyse de l’espace vécu au sein de la représentation littéraire de la spatialité concrète qu’est l’espace urbain moderne. Ce faisant, sa démarche théorique se double d’une critique culturelle de la modernité japonaise. On peut ainsi lire la spatialité pensée par Maeda comme l’une des premières réponses, de la part de la pensée critique contemporaine japonaise, au basho de Kitarô Nishida et des philosophes de l’école de Kyôto.
D. P.
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Sommaire
Emil Lask
Hegel dans son rapport à la conception du monde des Lumières
présenté et traduit par Emmanuel Chaput
Paul Rateau
P. F. Strawson et la critique des monades
Arnaud Bouaniche
Bergson et le schématisme cinématographique de l’intelligence
Paula Lorelle
Levinas : la sensibilité ou la vie de la raison
Ai Maeda
Texte de l’espace – espace du texte
présenté et traduit par Pierre-Mong Lim
Notes de lecture