Poétiques, lyriques, riches en rimes visuelles : de telles expressions ne sont pas rares sous la plume des critiques, pour désigner des films aussi différents que ceux de Malick, de Jarmusch ou de Miyazaki. Si la poésie comme genre littéraire n’occupe qu’une place infime dans les lectures de nos contemporains, elle n’a visiblement pas disparu du langage commun (tel était le propos d'un récent sommaire de Fabula-LhT), où son dérivé, l’adjectif "poétique", est souvent utilisé à propos du cinéma. C'est de ce constat que part l'ouvrage collectif dirigé par Nadja Cohen, Le Cinéma en quête de poésie (Les Impressions Nouvelles), qui entend mener l’enquête sur cette quête de poésie au cinéma. On peut d'ores et déjà lire dans notre revue des parutions Acta Fabula un compte rendu du volume, qui s’interroge sur les formes et les significations du poétique au cinéma mais aussi sur la manière dont celui-ci peut informer les représentations filmiques des poètes et de la poésie.
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Une perspective similaire anime le numéro 53 de la Revue de langue et littérature françaises de Tôdai, intitulé "Le cinéma des poètes", qui donne les actes d'un colloque coorganisé par Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa à l'Université de Tokyo en 2018.
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Rappelons également que les Nouvelles Éditions Place consacrent une collection au "Cinéma des poètes" et aux liens multiples qui unissent art cinématographique et expression lyrique: elle a notamment accueilli en 2018 l'ouvrage de Maïté Snauwaert Duras et le cinéma, qui revient à la fois sur les longs-métrages réalisés par la romancière et sur ses textes relatifs à ses œuvres filmées, relevant autant du manifeste pour un cinéma expérimental que du pamplet contre le cinéma commercial. Autre titre notable la même collection, Les Poètes spatialistes et le cinéma de Marianne Simon-Oikawa (2019) qui démontre que les poètes spatialistes, réfléchissant dans le cadre de leur poésie sur les notions d’espace, de mouvement et de son, ont pu voir dans la projection de poèmes et d’images sur un écran un prolongement des expériences qu’ils menaient par ailleurs sur des supports fixes. Nos lecteurs en trouveront également dans Acta fabula un compte rendu.
[Image tirée du film Le Sang d'un poète, Jean Cocteau, 1930]