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Lieu(x) commun(s) : quand les œuvres rassemblent

À la fois sceau de la tradition et stigmate de l’infertilité créative, le lieu commun suscite, dans les sciences humaines, des sentiments contrastés. Marqué par la polysémie, le terme puise son origine dans la rhétorique, puis recouvre progressivement un sens plus large pour désigner des formes de pensées et d’expressions figées utilisées par tout un chacun, mais aussi des motifs et thèmes récurrents dans les arts et la littérature. Traversant l’histoire et témoignant d’une pratique de réemploi devenue collective – voire collaborative –, le lieu commun entretient ainsi de forts rapports avec les notions de collectivité ou de communauté. En outre, l’expression « lieu commun » oscille entre la conception d’un espace abstrait où se noue et se façonne du commun (imaginaires, mythes, types, stéréotypes, clichés, etc.), et celle d’un lieu tangible réunissant un groupe d’individus autour d’une même œuvre ou pratique (salle de théâtre, de cinéma, musée, péritexte, etc.). 

Articulant des questionnements sur la réception de l’œuvre et la production d’un sentiment collectif, les articles issus de ce colloque partent de l’hypothèse qu’il existe une corrélation entre le « lieu commun » envisagé en tant que schéma de pensée préfabriqué, et la possibilité d’existence d’espaces d’interaction et de communication où sont susceptibles de se fonder une solidarité, un être-ensemble, une entente partagée. Davantage que la question de sa valeur artistique ou littéraire, ils explorent, à travers des objets très divers, les implications pragmatiques, voire éthiques, du lieu commun, et mettent en exergue la manière dont les conceptions du « lieu » (comme espace abstrait et espace concret) peuvent se lier ou s’influencer.