Colloques en ligne

Accuser réception

 

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Magritte, "La main"


Les études dites de réception se trouvent aujourd’hui dans une situation paradoxale. Au premier regard le tableau paraît souriant. Anciens ou modernes, les textes sont aujourd’hui communément abordés sous l’angle de leurs lectures immédiates (réception médiatique notamment) et, surtout, de leurs aménagements posthumes (avatars éditoriaux, propositions herméneutiques, usages sociaux). La multiplication de pareils travaux manifeste un engouement qui ne semble pas près de se démentir.


Spectaculaire si l’on considère le nombre de thèses et de colloques qui entretiennent cette vague, pareil essor ne suffit pourtant pas à lever tous les doutes.


Loin de faire l’unanimité, les études dites de réception suscitent toujours une certaine méfiance. Ne seraient-elles pas le Cheval de Troie d’un relativisme conduisant à niveler toutes les formes de critiques et d’interprétations ? Outre la crainte d’une dangereuse indifférenciation, un soupçon plus radical remet en cause leur bien-fondé : s’intéresser à l’histoire des gestes critiques et des modes de lecture, n’est-ce pas un indice d’épuisement pour des champs disciplinaires n’ayant d’autre objet que leur propre histoire ?


Ce dossier fait le pari inverse. Il doit son impulsion à la conviction qu’un regard patient et informé sur les actes de lecture de nos prédécesseurs éclaire, en retour, nos propres pratiques. Accuser réception : ce titre voudrait suggérer, par-delà les procès en illégitimité, la nécessité de prendre en compte la vie longue des textes pour mieux comprendre ce que nous faisons quand, après tant d’autres et parfois dans leur ombre, nous lisons les textes du passé. Rassemblant les contributions de spécialistes venus d’horizons divers comme l’histoire de la philosophie occidentale, celles de la poésie chinoise, des littératures médiévales et modernes ou encore de l’herméneutique biblique, ce dossier, qui mêle études monographiques et réflexions transversales, analyse la constitution de certains paradigmes critiques, mais également celle de territoires disciplinaires fondés sur des traditions interprétatives parfois oubliées.


Il espère montrer que la question des réceptions n’est pas réductible à la somme figée des commentaires formulés sur un texte, un auteur ou une période. Posée de manière dynamique, elle donne à voir la production des héritages qui nous ont été transmis et permet ainsi d’arpenter autrement les paysages qui sont devenus les nôtres.

 

Textes réunis par Stéphane Zékian et Thierry Roger

 

et mis en ligne avec le soutien de l'Université de Lausanne.

Textes réunis par Stéphane Zékian et Thierry Roger

et mis en ligne avec le soutien de l'Université de Lausanne.

DOI : https://doi.org/10.58282/colloques.6551