Essai
Nouvelle parution
V. Y. Mudimbe, L'invention de l'Afrique

V. Y. Mudimbe, L'invention de l'Afrique

Publié le par Jacob Lachat

Valentin Y. Mudimbe

L'invention de l'Afrique: gnose, philosophie et ordre de la connaissance

Présence africaine, coll. « Histoire, politique, société », 2021

Traduit de l’anglais par Laurent Vannini

ISBN : 9782708709508 — 516 pages, 20 €.

Étrange destin que celui de la trajectoire du livre The Invention of Africa (1988), ici traduit par Laurent Vannini en français. Son auteur Valentin Y. Mudimbe, est reconnu comme l’un des plus fins analystes des sciences sociales, des humanités classiques et modernes et de la philologie ; Mudimbe est aussi un romancier hors pair. Il a pourtant fallu une génération pour traduire son livre dans la langue et les traditions intellectuelles francophones qui l’ont nourri. Mudimbe explore ici, trois territoires épistémologiques, la philologie grecque et latine, les bibliothèques religieuses et l’ethnographie coloniale, pour s’en prendre avec une certaine allégresse aux littératures en quête d’une Afrique « vernaculaire », d’une modernité néo-pharaonique inaugurée par une Égypte ancienne triomphante, remise sur ses pieds africains, qui fit la leçon aux Grecs, pour établir une production intellectuelle décrochée du monde occidental. Le livre continue de faire l’objet de commentaires et de critiques. Il est probablement l’un des ouvrages les plus cités de la littérature africaniste. Sa lecture est obligatoire dans plusieurs disciplines enseignées dans les universités américaines.

V.Y. Mudimbe, né le 8 décembre 1941 à Jadotville (Likasi)

Comme un jeune homme, il rejoint un monastère bénédictin de former au sacerdoce, mais à gauche, afin d'étudier les forces qui ont façonné l'histoire africaine. Lui et sa famille ont quitté le Zaïre pour échapper à la dictature de Mobutu au début des années 1980 . Après avoir enseigné au Haverford College et l'Université Stanford, il enseigne actuellement à l'Université Duke.

Mudimbe se concentre plus étroitement sur la phénoménologie, le structuralisme, récits mythiques, et la pratique et l'utilisation de la langue. En tant que professeur, il enseigne des cours sur ces sujets, comme les puits que sur la géographie grecque antique.

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On peut lire dans la revue Littérature un compte rendu de cet ouvrage par M. Mégevand…

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"Qui a peur de la bibliothèque coloniale ?", par Catherine Mazauric (en ligne le 6 novembre 2021).

Le lecteur francophone qui s’intéresse aux travaux de langue anglaise interrogeant l’ordre épistémologique occidental a appris la patience : plus de vingt ans (entre 1989 et 2012) pour lire une version française de The Empire Writes Back du trio australien composé de Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin ; treize ans (1994-2007) pour découvrir celle de The Location of Culture de Homi K. Bhabha ; plus de vingt ans encore (1985-2006) pour Can the Subaltern Speak? de Gayatri Chakravorty Spivak… et trente-trois ans (depuis 1988) avant d’avoir entre les mains la traduction française, par Laurent Vannini, de l’essai-phare de Valentin-Yves Mudimbe, aujourd’hui publié aux éditions Présence africaine dans une collection dirigée par l’historien Mamadou Diouf, auteur d’une éclairante préface.