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Sous contrôle / Under control. Fictions et contre-fictions du contrôle social, Rencontres virtuelles (2)

Sous contrôle / Under control. Fictions et contre-fictions du contrôle social, Rencontres virtuelles (2)

Publié le par Alexandre Gefen

Sous contrôle / Under control. ​Fictions et contre-fictions du contrôle social

Rencontres virtuelles coordonnées par

  • Loic Bourdeau (University of Louisiana) 
  • Alexandre Gefen (CNRS-Université Paris 3)

Accès ouvert à toutes et à tous !

Pour s’inscrire et avoir le lien Zoom, cliquez ici

12 février/February

8 h 30-10 h 30 PST (Los Angeles)  / 10 h 30-12 h 30 CST (New Orleans)  / 11 h 30-13 h 30 EST (New-York) / 16 h 30-18 h 30 UTC (Londres)  / 17 h 30-19 h 30 CET (Paris)

Quentin Cauchin (U Lyons) – Revoir la méthode. Défaire le langage managérial de la politique de l’accueil : un contre-récit de la violence faite aux réfugié.e.s en France

Khalil Khalsi (U Laval) – Sous les visages. Jeux de masques, transmigration et impersonnalisation dans le post-exotisme

Despina Jderu (U Bucarest) – Le récit de deuil: entre quête et illusion du
contrôle

Héloïse Brezillon (U Cergy-Pontoise) – La science-fiction sonore: une esthétique de la transgression

Marion Coste (U Cergy-Pontoise) – L’écriture-jazz : une langue hors de contrôle chez Koffi Kwahulé et Kossi Efoui

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Les récits contemporains produisent autant des dystopies dépeignant un monde sous contrôle (Alain Damasio, Les FurtifsTrois fois la fin du monde, de Sophie Divry ou encore 404, de Sabri Louatah) que des utopies d’un monde réouvert (d’Arcardie d’Emmanuelle Bayamack-Tam au Palais des orties de Marie Nimier) : à l’heure des démocratures et des hyper-mesures sanitaires, de l’intelligence artificielle et des GAFA, la question du contrôle social et de la liberté individuelle se pose frontalement dans la fiction française et francophone. Le thème de la folie (pensons à Jean Pierre Martin, Mes fous ou à Victoria Mas, Le Bal de folles) — exploré en profondeur dans le collectif récent Les Folles littéraires, des folies lucides (Calle-Gruber et al) —, celui du retrait du monde (Cécile Minard, Le Grand Jeu) ou du voyage solitaire (les récits de Jean Rolin, par exemple), la nostalgie de la liberté des années 70 (chez Simon Liberati), ou encore toute la relève littéraire franco-canadienne qui fait place aux écritures queer et aux voix racisées et autochtones, disent de nouvelles aspirations aux dérèglements, aux désordres, désignent la folie ou l’isolement comme des hétérotopies possibles et peut-être désirables. Marginaux de gauche chez Philippe Vasset ou marginaux de droite chez Michel Houellebecq se rejoignent pour donner voix aux non-lieux et aux écarts. Tandis que des écrivains comme Emmanuelle Pireyre ou Sandra Lucbert mettent en scène les dérives du storytelling ou des dispositifs néo-libéraux de « sous-veillance » d’autres encore, chez POL, Minuit, Verticales, Hamac ou Héliotrope, de Nathalie Quintane à Eric Chevillard en passant par Kevin Lambert ou Mariève Maréchale, produisent des récits délibérément hors de leurs gonds, résistant par leur complexité et s’opposant par une politique de la forme aux stéréotypes existentiels et discursifs. Qu’il s’agisse de promouvoir une écodiversité des paroles et des identités culturelles ou de prendre les dispositifs à leurs propres pièges — pensons à ce que propose dans l’autofiction Chloé Delaume pour réécrire le moi en dehors des assignations sociales —, on a le sentiment que tout un pan de la littérature dénonce et chercher à faire dévier, à dérégler, à renverser les normativités douces du capitalisme créatif, ses nudges, son injonction au bonheur et à la résilience, sa rationalité techniciste, ses empathies instantanées et dérisoires, sa manière d’emprisonner l’individu par ses traces et de l’emmurer dans l’individualisme numérique.

Ce sont ces nouvelles révolutions discursives, ces invitations au désordre et à ses rencontres, ces invocations au hasard et à l’événement, ces contestations subtiles, ces rappels de la radicalité du désir, ces retours de la subversion à l’heure des nouvelles formes de surveillance, que notre réflexion voudra saisir dans les littératures françaises et francophones.