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« Sous contrôle ». Fictions et contre-fictions du contrôle social (en ligne)

« Sous contrôle ». Fictions et contre-fictions du contrôle social (en ligne)

Publié le par Alexandre Gefen

« Sous contrôle »

Fictions et contre-fictions du contrôle social

Rencontres virtuelles coordonnées par

Loic Bourdeau (University of Louisiana) et Alexandre Gefen (CNRS-Université Paris 3)

Les récits contemporains produisent autant des dystopies dépeignant un monde sous contrôle (Alain Damasio, Les FurtifsTrois fois la fin du monde, de Sophie Divry ou encore 404, de Sabri Louatah) que des utopies d’un monde réouvert (d’Arcardie d’Emmanuelle Bayamack-Tam au Palais des orties de Marie Nimier) : à l’heure des démocratures et des hyper-mesures sanitaires, de l’intelligence artificielle et des GAFA, la question du contrôle social et de la liberté individuelle se pose frontalement dans la fiction française et francophone. Le thème de la folie (pensons à Jean Pierre Martin, Mes fous ou à Victoria Mas, Le Bal de folles) — exploré en profondeur dans le collectif récent Les Folles littéraires, des folies lucides (Calle-Gruber et al) —, celui du retrait du monde (Cécile Minard, Le Grand Jeu) ou du voyage solitaire (les récits de Jean Rolin, par exemple), la nostalgie de la liberté des années 70 (chez Simon Liberati), ou encore toute la relève littéraire franco-canadienne qui fait place aux écritures queer et aux voix racisées et autochtones, disent de nouvelles aspirations aux dérèglements, aux désordres, désignent la folie ou l’isolement comme des hétérotopies possibles et peut-être désirables. Marginaux de gauche chez Philippe Vasset ou marginaux de droite chez Michel Houellebecq se rejoignent pour donner voix aux non-lieux et aux écarts. Tandis que des écrivains comme Emmanuelle Pireyre ou Sandra Lucbert mettent en scène les dérives du storytelling ou des dispositifs néo-libéraux de « sous-veillance » d’autres encore, chez POL, Minuit, Verticales, Hamac ou Héliotrope, de Nathalie Quintane à Eric Chevillard en passant par Kevin Lambert ou Mariève Maréchale, produisent des récits délibérément hors de leurs gonds, résistant par leur complexité et s’opposant par une politique de la forme aux stéréotypes existentiels et discursifs. Qu’il s’agisse de promouvoir une écodiversité des paroles et des identités culturelles ou de prendre les dispositifs à leurs propres pièges — pensons à ce que propose dans l’autofiction Chloé Delaume pour réécrire le moi en dehors des assignations sociales —, on a le sentiment que tout un pan de la littérature dénonce et chercher à faire dévier, à dérégler, à renverser les normativités douces du capitalisme créatif, ses nudges, son injonction au bonheur et à la résilience, sa rationalité techniciste, ses empathies instantanées et dérisoires, sa manière d’emprisonner l’individu par ses traces et de l’emmurer dans l’individualisme numérique.

Ce sont ces nouvelles révolutions discursives, ces invitations au désordre et à ses rencontres, ces invocations au hasard et à l’événement, ces contestations subtiles, ces rappels de la radicalité du désir, ces retours de la subversion à l’heure des nouvelles formes de surveillance, que notre réflexion voudra saisir dans les littératures françaises et francophones.

On invitera les participants à proposer une communication de 15 minutes (anglais ou français) en évitant des réflexions uniquement monographiques.

Date ligne pour l’envoi d’un résumé d’une demi-page accompagnée d’une notice biobibliographique :

5 décembre 2020 à Alexandre Gefen gefen@fabula.org & Loic Bourdeau loic.bourdeau@louisiana.edu.

Notifications d’acceptation : 15 décembre 2020.

Horaires des rencontres (Zoom) : vendredi 5, 12 et 19 février. 8 h 30-10 h 30 PST (Los Angeles) ; 10 h 30-12 h 30 CST (New Orleans) ; 11 h 30-12 h 30 EST (New-York) ; 16 h 30-18 h 30 UTC (Londres) ; 17 h 30-19 h 30 CET (Paris).*

“Under Control”

Fictions and counter-fictions of social control

Virtual sessions co-organized by Loic Bourdeau (University of Louisiana, Lafayette) and Alexandre Gefen (CNRS-Université Paris 3)

Contemporary narratives give way to dystopias depicting controlled worlds (Alain Damasio’s Les Furtifs, Sophie Divry’sTrois fois la fin du monde, or Sabri Louatah’s 404), as much as they offer new utopias (from Emmanuelle Bayamack-Tam’s Arcadie to Marie Nimier’s Palais des orties). In our current times of democratic dictatorships (or démocratures), heightened health measures, artificial intelligence, and the supremacy of Google, Apple, Facebook, and Amazon, questions around social control and individual freedom are at the center stage of French and Francophone texts. Key themes include:

  • Madness, as in Jean-Pierre Martin’s Mes fous or Victoria Mas’ Le Bal des folles. The recent volume Les Folles littéraires, des folies lucides (Calle-Gruber et al.) also explores the topic in depth.
  • Withdrawal from the world, as in Cécile Minard’s Le Grand jeu.
  • Solitary travel, as in Jean Rolin’s writings.
  • Nostalgia for 1970s freedom, in the work of Simon Liberati
  • The new wave of French-Canadian works by queer, racialized, and First Nation writers.

These works highlight current attempts at disrupting and upsetting the established order. They also posit madness and isolation, for instance, as possible and perhaps even desirable heterotopies. Be it Philippe Vasset’s left-wing outcasts or Michel Houellebecq’s right-wing outcasts, they both give a voice to non-lieux, differences, and marginality. While writers such as Emmanuelle Pireyre or Sandra Lucbert discuss the pitfalls of storytelling or of the neoliberal tools of “sous-veillance/under-veillance”, other writers published by POL, Minuit, Verticales, Hamac ou Héliotrope, from Nathalie Quintane and Eric Chevillard to Kevin Lambert and Mariève Maréchale, produce complex and unruly narratives that resist and oppose existential and discursive stereotypes. Whether these texts seek to promote a diversity of voices and cultural identities or to play with narrative devices – for instance, Chloé Delaume’s autofictional work rewrites the self beyond social expectations –, it appears that a large segment of today’s literature attempts to denounce, deviate from, disrupt, and subvert capitalistic norms of creation, the supremacy of resilience and positive thinking, technical rationality, instant and ridiculous empathy, as well as the way these norms imprison everyone within the confines of digital individualism.

These virtual sessions thus seek to explore, in French and Francophone literature, these new discursive revolutions, these calls for unruliness, chance, and happenstance, these subtle contestations, these reminders that desire is radical, and the return of subversion at a time when new forms of surveillance emerge.

We invite proposals for 15-minute presentations (in English or in French); we encourage you to avoid monographic approaches.

Please submit your abstracts (half a page + bio) by December 5, 2020 to Alexandre Gefen gefen@fabula.org & Loic Bourdeau loic.bourdeau@louisiana.edu.

Selected contributors will be informed by December 15, 2020.