Agenda
Événements & colloques
Séminaire

Séminaire "Urgences" (Nanterre)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Mathilde Bernard)

Séminaire "Urgences" 

Selon les conditions sanitaires, le séminaire se déroulera dans la salle de conférences du bâtiment Ricoeur de l'université Paris Nanterre (4e étage du bâtiment L), ou en visioconférence, 10h-12h, avec le lien suivant: 

https://teams.microsoft.com/l/meetup-join/19%3ameeting_YzhiMzA0MDctNGM5Yy00OTI4LWI4YmItMzM1NTRmZmEwOGFl%40thread.v2/0?context=%7b%22Tid%22%3a%22a37861db-695a-43bf-9e29-5179a055805b%22%2c%22Oid%22%3a%227e505dc0-d885-432d-bc93-b2356eb7895a%22%7d
 

 

PROGRAMME du PREMIER SEMESTRE 2021

Marine Roussillon, université d’Artois, 29 janvier 2021

« L’urgence de plaire : écrire pour les divertissements de la cour » 

Le topos de l’urgence est fréquemment associé à l’exigence de la commande royale. « Les rois n’aiment rien tant qu’une prompte obéissance » écrit Molière dans L’Impromptu de Versailles. Cependant, l’examen des imprimés réalisés pour rendre compte des divertissements de la cour permet de complexifier cette idée d’une « urgence de la commande » en mettant en lumière la manière dont des écrivains utilisent voire créent l'urgence pour agir et s’inscrire dans une relation avec le pouvoir. À partir du cas de Molière et des Plaisirs de l’île enchantée on en viendra à poser la question de la possibilité pour les écrivains de « presser » le roi et de faire valoir par l'écriture leur propre situation d'urgence pour susciter l’action du pouvoir.

 

Estelle Doudet, université de Lausanne, 05 mars 2021

« L’orateur (trop) pressé : retours sur l’écriture immédiate chez les Rhétoriqueurs » 

Réagir aux crises de l’actualité par une écriture immédiate est une des caractéristiques de la production polygraphique des Rhétoriqueurs. Si ces écrivains actifs en France et dans la principauté de Bourgogne entre 1450 et 1530 ont subsumé leurs activités de poètes, dramaturges et chroniqueurs princiers sous le nom d’orateur, c’est que ce titre suggère le déploiement d’une éloquence engagée, prenant position face aux turbulences du présent pour en dégager le sens politique et historique – et ce, pour la plus grande gloire de leurs patrons. Pressée, la plume du rhétoriqueur a donc été souvent partisane. Or la double pression de l’urgence et de la prise de parti a pu donner lieu à des ratés dans la communication publique dont les orateurs étaient chargés : querelles avec les porte-paroles de cours concurrentes ; réactions de rejet des lecteurs ; œuvres jugées a posteriori mal adaptées à la situation. Le retour – entendu ici comme le geste par l’écrivain relit, corrige et réoriente ses propres publications après l’urgence ou face à une urgence nouvelle – a dès lors été chez eux une pratique fréquente. Quoique peu étudiée, elle a d’évidence participé à la forte réflexivité rhétorique et politique qui a caractérisé ces réseaux d’écrivains, loin de l’image des aveugles propagandistes que l’histoire littéraire a longtemps eue d’eux. 

À travers le cas de George Chastelain et de ses successeurs à la cour de Bourgogne, on s’intéressera en particulier à trois pratiques du « retour d’urgence » au XVe siècle : la réponse aux lecteurs après la publication à chaud d’une œuvre polémique ; l’auto-correctif à la suite d’un soutien de circonstance jugé a posteriori erroné ; la création, par l’orateur lui-même ou par d’autres, d’une urgence nouvelle autour de textes d’occasion qui n’en avaient pas originellement. 

Franck Collard, université Paris Nanterre, 02 avril 2021

« Une écriture médicale de l’urgence? Les traités de poison du Moyen-Âge latin » 

Franck Collard s’intéressera à l’écriture médicale de l’urgence qui est celle des traités des poisons, genre en plein essor à partir des années 1300 et pratiqué assez fréquemment dans l’urgence d’une menace criminelle ou comme réponse d’urgence à un éventuel empoisonnement. Ces traités en effet sont souvent des sortes de manuels de premiers soins.  

Karine Abiven, Sorbonne université, 07 mai 2021

« Écritures pressées et lectures superficielles. Lire de loin ou de près quelques mazarinades »

Karine Abiven discutera la relation entre écriture et lecture rapides : peut-on trouver des marques dans l’écrit qui programment une lecture superficielle ou inattentive (on peut ne pas toujours souhaiter être lu de près)? La question sera posée au plan de la matérialité de quelques libelles de la Fronde (copiés-collés sauvages et mal dissimulés, pages de titre qui trompent sur le contenu) et au plan de leur construction (quel est le statut de l'ellipse notamment, quand l'information d'actualité est présupposée connue).  Au demeurant, rien n'empêche un écrit rapidement ficelé d'être lu lentement : c'est même le cas de notre lecture minutieuse et érudite de ces textes parfois produits pour une consommation précipitée et éphémère. La réflexion s’achèvera par une interrogation méthodologique que posent les textes écrits dans l'urgence : comment ajuster la focale sur ce type d'écrits ? Les méthodes dites de la ‘distant reading’ peuvent-elles recouper la lecture distraite et partielle de textes écrits pour être lus de loin ?