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Séminaire "Explorations-Collections-Circulations (XVIe-XXe siècles)"

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Céline Trautmann-Waller)

 

Explorations-Collections-Circulations (XVIe-XXe siècles)

Séminaire de recherche ouvert à tous

coordination : Céline Trautmann-Waller

2012-2013

 

« Des expéditions qui reviennent des pays lointains apportent en effet non seulement les marchandises hautement profitables mais aussi tout un nouveau savoir. Et de nouveaux sémiophores. Des étoffes, des orfèvreries, des porcelaines, des habits de plumes, des « idoles », des « fétiches », des spécimens de la flore et de la faune, des coquilles, des pierres affluent ainsi dans les cabinets des princes et dans ceux des savants. Ces objets, quel que soit leur statut originel, deviennent en Europe des sémiophores car ils sont ramassés non pas pour leur valeur d’usage mais à cause de leur signification, en tant que représentants de l’invisible : des pays exotiques, des sociétés différentes, des climats étranges. »

Krzysztof Pomian, Entre l’invisible et le visible : la collection (1978), in : Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise : XVe-XVIIIe siècles, Paris, 1987, p. 49.

 

Ce séminaire est centré sur le rapport des Européens aux mondes extra-européens dans son lien à la pratique de l’exploration. Il souhaite fédérer des chercheurs spécialistes de l’histoire des sciences humaines et des expéditions et des spécialistes des différentes aires culturelles européennes et extra-européennes concernées, autour d’une réflexion collective sur les explorations envisagées comme archives des interactions entre différentes zones du monde, aux enjeux à la fois conceptuels, esthétiques et politiques.

Plusieurs principes guident ce projet qui se veut innovant par rapport à une histoire « classique » des explorations telle qu’elle a pu se faire au XXe siècle, et qui se définissait comme universelle principalement parce qu’elle cumulait les explorations que des Européens avaient pu faire dans différentes parties du monde.

Il s’agit donc de :

-dépasser des clivages nationaux dans les savoirs accumulés, liés aux passés coloniaux (et qui ont perduré même au-delà des décolonisations) ou à la guerre froide, et mettre en évidence la dimension transnationale des explorations  

-intégrer à l’étude, dans la mesure du possible, la manière dont ces explorations ont été perçues par les « explorés » et les phénomènes de réciprocité constitutifs des savoirs engendrés

-envisager ces explorations sous l’angle d’une première expérience de la  « mondialisation » et étudier l’impact plus général (esthétique, et notamment visuel, littéraire, politique etc…) qu’elles ont eu.

On se demandera notamment comment les collections (artefacts, textes, langues, images, mesures, corps) résultant de ces explorations peuvent être étudiées comme appropriations symboliques des mondes explorés et comment leur mise en circulation et leur spatialité peuvent être analysées avec les outils d’une anthropologie des collections telle que développée par Krysztof Pomian, c’est-à-dire comme « carte des lieux où s’opère la jonction entre l’invisible et le visible et où résident ceux qui, parce qu’ils représentent l’invisible, doivent, en raison de ce rôle, amasser des sémiophores et les exposer ». Cette anthropologie des collections est indissociable de la dimension économique des circulations et des enjeux politiques de la patrimonialisation.

Ce sont donc autant les actions (explorer, observer, prélever, conserver…) que les productions (musées, cartes, atlas, livres, expositions, notamment universelles…), les méthodes (classifier, comparer, mesurer…) que les concepts d’humanité et d’universalité en jeu, qui nous intéressent dans leur dimension anthropologique, esthétique et politique. Il s’agit de tenir compte autant des compétences particulières que requiert l’étude des différents objets et collections dans leur matérialité spécifique, que d’analyser les transferts qui se font d’un domaine à l’autre, et notamment du domaine des sciences de la nature aux différents domaines des sciences de l’homme.

Une attention particulière sera également accordée à la tension, dans l’exploration, entre synchronie et diachronie (le voyage dans l’espace est généralement conçu comme un voyage dans le temps) et entre multiplication et unification (l’exploration multiplie les mondes connus dans leur diversité, mais elle cherche aussi à construire une unité : de temps (mise en place d’un temps universel), de lieu (la terre mesurée et cartographiée dans toute son étendue peut être saisie comme un tout) et de récit (réflexions sur l’histoire universelle).

En tenant compte des critiques qui, dans le sillage de celle de l’ « orientalisme », ont dénoncé la participation des sciences aux projets coloniaux et impériaux et à différentes constructions de l’altérité, il s’agit de réfléchir à l’ « exploration » comme figure de pensée produisant des savoirs qui portent l’empreinte d’un geste, où découverte et domination, curiosité et indifférence paraissent liées de manière indissoluble, mais aussi de comprendre comment certaines pratiques et certains modèles s’inscrivent dès cette époque en porte-à-faux contre toute pensée unilatérale et offrent, avec des logiques du décentrement, du multi-perspectivisme et de la réciprocité, des pistes pour une perspective partagée aujourd’hui.

Programme des séances

Attention : pour des raisons liées à la disponibilité des salles, certaines séances commencent à 14h, d’autres à 15h.

 

Vendredi 30 novembre 2012 (15h-18h) : Le monde en collections.

Séance commune avec le séminaire « Pratiques du voyage, constructions savantes du monde, 16e-20e siècles », animé par Marie-Noëlle Bourguet et Isabelle Surun.

-Mary TERRALL (Univ. of California at Los Angeles), Le voyage des objets : la vie du cabinet d'histoire naturelle de R.A. Ferchault de Réaumur (1683-1757).

-Céline TRAUTMANN-WALLER (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840), ou le monde mis en collection à Göttingen.

Lieu : Université Paris Diderot, Bâtiment Olympe de Gouges, Salle 209.

 

Vendredi 1er février 2013 (15h-18h) : Explorations, Images, Atlas.

Séance commune avec le séminaire « Pratiques du voyage, constructions savantes du monde, 16e-20e siècles », animé par Marie-Noëlle Bourguet et Isabelle Surun.

-François BRUNET (Université Paris Diderot), L'exploration de l'Ouest américain et sa projection en Europe dans la seconde moitié du XIXe siècle.

-Teresa CASTRO (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Les atlas anthropologiques au tournant du XXe siècle.

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris, Salle 410.

 

Vendredi 22 mars 2013 (15h-18h) : Explorations linguistiques.

Séance commune avec le séminaire « Pratiques du voyage, constructions savantes du monde, 16e-20e siècles », animé par Marie-Noëlle Bourguet et Isabelle Surun.

-Sylvie ARCHAIMBAULT (Laboratoire d’Histoire des Théories Linguistiques, CNRS, Paris), P.S. Pallas  (1741-1811), l'expédition d'Orenbourg (Oural) et le Dictionnaire de toutes les langues du monde.

-Cécile VAN DEN AVENNE (ENS-Lyon), Conquête coloniale et premières descriptions de la langue bambara.

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris, Salle 410.

 

Vendredi 19 avril 2013 (14h-17h) : Explorations orientales, entre collections et récits d’aventures.

-Isabelle GADOIN (Université de Poitiers), Les collections d'art islamique dans l'Angleterre du 19e  siècle : explorations hasardeuses et trajets obscurs.

-Pierre LIGUORI (CEAf-EHESS Paris et IREMAM Aix-en-Provence), Récits d’aventures et construction de l’histoire dans la Vallée du Nil à la fin du XIXe siècle, de l’empire turco-égyptien  au Mahdisme soudanais.

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris, Salle 410.

 

Vendredi 17 mai 2013 (15h-18h) : Sur les traces d’une expédition himalayenne, entre science et politique.

-François JACQUESSON (LACITO, CNRS, Paris)

et

-Pascale DOLLFUS (Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS, Paris)

The Aka Promenade. Himalaya oriental, 1914.

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris, Salle 410.

 

-Vendredi 14 juin 2013 (14h-17h) : Explorations et appropriations.

-Yasmine MARCIL (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Les apports des voyages selon les journaux de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

-Aurélie CHONE (Université de Strasbourg), Titre à préciser.

Lieu : Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris, Salle 410.

 

Contact : Celine.Trautmann-Waller@univ-paris3.fr