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S'articuler - L'écriture de soi en réseaux (Grenoble / en ligne)

S'articuler - L'écriture de soi en réseaux (Grenoble / en ligne)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Anne-Lise Solanilla)

- À l'auditorium de la Maison de la Création et de l'Innovation de l'Université Grenoble Alpes
- En ligne, sur demande en envoyant un mail à l'adresse sarticuler@gmail.com.

Cette journée d’étude fait suite à un atelier de recherche-création, qui a eu lieu le 31 mai 2022 à la Maison de la Création de l’Université de Grenoble Alpes. Le projet «S’articuler - L’écriture de soi en réseaux» s’est donc élaboré tant par la pratique que par la théorie.

Programme

Amphithéâtre de la Maison de la Création et de l’Innovation

10h00 : Isabelle Cogitore, directrice de l’UMR 5316 Litt&Arts et Gretchen Schiller, responsable de la SFR Création – Ouverture

10h10 : Isabelle Krzywkowski, professeure de littérature générale et comparée (UGA, Litt&Arts) – Introduction

10h30 : Adrien Péquignot, doctorant en Information Communication,
CEMTI, EA 3388, Université de Paris 8 et Priscilla Corda, artiste – Présentation et compte rendu de la journée d’atelier de recherche-création du 31 mai

10h45 : Anne-Lise Solanilla, doctorante en Littérature générale et comparée, TransCrit et UMR Litt&Arts, Paris 8 et Université Grenoble Alpes – « S’inscrire en réseaux : hypothèses issues de l’atelier ‘S’articuler’»

– 11h10 : pause –

11h30 : Madeleine Aktypi, poètesse, artiste et doctorante en Littérature géné- rale et comparée, UMR Litt&Arts, Université Grenoble Alpes – Conférence- performance : « PLANTES ou pratiquer le « et » en amphi »

Une intervention trans*langues, travaillée
dans le silence approximatif du baiser et le brouhaha des lèvres ;
dans le bourdonnement du vent et le cliquetis des codes informatiques ; par les rumeurs martiennes et les cris des oiseaux ;
dans le bavardage des claviers et le commérage des écrans ;
par les langages et les dialectes de celleux qu’on stigmatise
parce qu’ielles ne sont pas suffisamment hommes, blancs, riches,
pas suffisamment femmes, en bonne santé, au bon endroit ;
par le labeur des signes de ponctuation et des signes de l’âge ;
dans le lit, sur la table, dans la forêt, dans le train, underground ;
par les conversations du mycelium, des arbres et des lichens ;
par les glossaires de la mort l’amour la montagne l’océan ;
par le vocabulaire du marketing et du management ;
par les énigmes du sanskrit, du chinois, des emojis ;
par les jargons des drones, le bruit des avions et la clameur des sirènes ; par le sida et la fibro, le cancer des seins et la perte des siens.

– Buffet sur place – 


14h00 : Laurence Allard, maîtresse de conférences en Sciences de la Communication, Université de Lille, chercheuse à l’Université Paris 3-IRCAV – « Politiques des identités en réseau »

Cette conférence s’attachera à présenter l’approche écocritique en milieu numérique au plan des méthodes et des thématiques en se rapportant à l’épistémologie queer de Donna Haraway.

14h45 : Alice Lenay, Maîtresse de conférence à l’Université Paris 8, départe- ment d’Arts Plastiques – Conférence-performance : « Parler avec les fantômes »

«Je ne sais pas si quelqu’un est là. Je ne sais pas si tu veux venir ici. Regarde moi avec tes yeux, je te regarderais avec les miens».
Cette conférence hybride empruntera les mots des vidéos du passé pour les re- mettre en jeu sur de nouveaux flux.

15h30 : Ines Yahiaoui Houviez, étudiante au Master ArTeC, mention Techno- logies et médiations humaines, Paris 8 et Bruno Pace, chercheur-artiste et étudiant au Master ArTeC, Paris 8 - Présentation de la publication issue de la journée d’atelier et atelier participatif

– 16h30 : Conclusion et fin de la journée –


Présentation

On a beaucoup associé les médias du XXIème siècle à une accélération de l’indivi- dualisme contemporain et à une perte du tissu social fort des communautés, au profit d’une société éclatée, aux liens faibles et temporaires. Pour d’autres, les formes so- ciales qui émergent de ces utilisations du numérique ne peuvent être définies par un « nous » commun qui engloberait les « je » (1). Il faudrait plutôt les envisager sous la forme d’une articulation ou d’une connexion, déterminées d’une façon particulière par le numérique. C’est ce qui a fait dire à certains chercheurs que l’individu contemporain est un « soi en réseaux » (« networked self ») (2).

L’individu pris dans le réseau est autonome mais connecté, il s’engage dans des collectivités multiformes et déhiérarchisées. Ses relations sont actives et chan- geantes. Sa subjectivité est inter-connectée depuis des infrastructures socio- techniques. Après avoir produit des messages (quantifiables et mesurables comme jamais auparavant), il en arrive à un stade où il définit son identité à partir de ses messages (Hartley propose ainsi le terme d’homo nuntius pour le définir (3)). Cette identité, par ailleurs, est constamment remise en question, remixée, rééditée, mais aussi re-distribuée, et poly-machinique. La logique de fonctionnement et de produc- tion de l’écriture de soi en réseaux semble donc nous amener plutôt vers une politique de l’articulation, et pas forcément de la communauté.

Comment penser des individus pris dans l’écosystème socio-technique des médias numériques ? Connexion, réseaux, salons, liens, communautés, forums... autant de mots qui prennent un double sens, qui évoquent autant le contexte numérique que des sociabilités plus larges. On a aussi vu comment l’espace soi-disant ouvert du web 2.0. pouvait en réalité perpétrer des asymétries dans les prises de parole et dans les affirmations de soi et de son identité (4). D’autres ont noté la façon dont les sites des réseaux sociaux proposaient moins des espaces ouverts pour l’écriture de soi que des cadres standardisés à travers lesquels l’identité était monétisée (5). Mais on a aussi vu comment le web avait permis à certaines communautés de s’écrire à travers des espaces plus ouverts et queer (6). D’autres enfin ont montré la porosité grandissante entre les espaces en ligne et hors ligne, contaminant nos formes de vie et nos possibi- lités de sociabilités (7).

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1. Allard, Laurence, « L’impossible politique des communautés à l’âge de l’expressivisme digital », Cahiers Sens public, 2008/3-4 (n° 7-8), p. 105-126
2. Papacharissi, Zizi et Yuan, Elaine, «What if the Internet did not speak English ? New and old language for studying newer media technology », The long history of new media, technology, historiography and contextuality of newness, David W. Park, Nicholas W. Jankowski, Steve Jones (dir.), New York, Peter Lang, 2011, p.97
3. Hartley, John, « Homo nuntius, messaging humanity », Popular Communication, 2010/8 (n°4), p. 293-311
4. Nakamura, Lisa, Cybertypes : Race, Ethnicity, and Identity on the Internet, New York, Routledge, 2002
5. Gomez-Mejia, Les Fabriques de soi ? Identité et Industrie sur le web, Paris, MkF, 2016
6. Busse, Kristina, Framing Fan Fiction. Literary and Social Practices in Fan Fiction Communities, Iowa City, Uni- versity of Iowa Press, 2017
7. Hartley, John, op. cit.