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Appels à contributions
Roman et identité: la question du cosmopolitisme (1870-1939)

Roman et identité: la question du cosmopolitisme (1870-1939)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Jessica Desclaux)

Roman et identité: la question du cosmopolitisme (1870-1939)

 

Journée d’études

de l’équipe

  « Littérature française xixe et xxie siècles » (EA 4503)

 

Université Paris IV-Paris Sorbonne

Mercredi 20 juin 2012- Maison de la Recherche- Salle 040 

 

 

Appel à contributions

 

         En prolongement du séminaire de Didier Alexandre consacré à la question du cosmopolitisme dans le roman, une journée d’études est organisée le mercredi 20 juin 2012 à l’Université Paris-IV Paris-Sorbonne.

       L’objet de cette journée est d’interroger les liens entre crise du roman et crise identitaire, du point de vue esthétique et idéologique. Il s’agit d’étudier dans quelle mesure le débat sur le cosmopolitisme s’articule à la crise du roman, analysée par Michel Raimond, et oblige le roman à se redéfinir et à se renouveler. Au lendemain de la défaite de 1870, alors que le roman naturaliste occupe le devant de la scène française, la découverte d’oeuvres étrangères (philosophie allemande, roman russe, théâtre scandinave, roman anglais, roman américain) fait naître le sentiment de l’infériorité du roman français face au roman étranger. Si au siècle des Lumières, le cosmopolitisme désigne l'aspiration à vivre en « citoyen du monde », le mot retrouve une actualité au tournant des xixe et xxe siècles, en se complexifiant au gré de certains événements historiques.

         L'une des manifestations de cette actualité est le débat sur le cosmopolitisme littéraire qui oppose de nombreux critiques et écrivains : Édouard Rod, Francisque Sarcey, Maurice Barrès, Jules Lemaitre, Ferdinand Brunetière, Henry Bordeaux, etc. Le débat porte sur les sources étrangères des oeuvres littéraires : les sources étrangères, permettent-elles un renouveau du roman français ? Servent-elles une conception européenne du roman ou un projet strictement national ? Si la crise française de la pensée allemande a déjà bien été étudiée, il faut revenir sur les termes du débat et les causes paradoxales de la naissance  de la vogue cosmopolite. On observe notamment une ambiguïté entre des pratiques de traduction et d'importation littéraire, et des ambitions nationalistes. La publication du Roman russe par Melchior de Vogüé, par exemple, ne vise-t-elle pas à consolider la politique d’alliance de la France, isolée sur le plan international ?

        Le cas du « roman cosmopolite » ou « roman de vie internationale » mérite un traitement particulier, dans la mesure où il constitue un sous-genre romanesque en expansion à cette époque, et qui cristallise les ambiguïtés liées au cosmopolitisme. Celui-ci prend alors un sens différent, désignant la manière de vivre d’une certaine élite mondaine européenne, et, par un glissement antisémite favorisé par l’affaire Dreyfus, des juifs. Le paradoxe de beaucoup de romans cosmopolites est de condamner la vie cosmopolite représentée. Les maîtres les plus célèbres des romans de moeurs cosmopolites, auxquels nous pourrons nous intéresser, sont entre autres Victor Cherbulliez, Paul Bourget, Édouard Rod, Ernest Tissot, Maurice Dekobra, Abel Hermant, Valéry Larbaud, Paul Morand. L'essor du « roman cosmopolite » permet de renouveler le traditionnel roman de moeurs et de viser le lectorat des récits de voyage. Ainsi Ernest Tissot, dans sa préface à La Dame de l’ennui (1895) en énonce les avantages : nouveaux décors, nouveaux types de personnages, nouvelles langues, nouvelles sensibilités.

       On pourra interroger les raisons de cette ambiguïté idéologique à l'oeuvre chez les romanciers : le cosmopolitisme littéraire sert parfois des ambitions nationalistes. Y a-t-il là une opposition entre la pratique et la théorie ? Entre des pratiques mondaines de vie cosmopolite et un discours nationaliste ? ou une difficulté à renoncer au potentiel romanesque des héros cosmopolites ? Des communications pourront porter sur l'évolution idéologique de certains romanciers, sur les effets de rupture ou de continuité de leur discours. Le basculement du cosmopolitisme vers le nationalisme se fait-il au prix d'un renoncement total, ou d'une redéfinition du cosmopolitisme visant à concilier les deux notions ?

     Enfin, comment survit l'idéal cosmopolite des Lumières dans cette période de tensions politiques ? Ne renaît-il pas avec l'aspiration à une Europe culturelle? Dans quelle mesure le roman en est-il un support ?

 

Calendrier

Envoi des résumés : 15 mars 2012

Notification aux participants : 5 avril 2012

Envoi du programme définitif : 20 avril 2012

 

Les propositions d'intervention (300 mots environ) sont à envoyer à jessica.desclaux@wanadoo.fr ou à marie.gaboriaud@paris-sorbonne.fr