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Études de genre et littérature d’Ancien Régime, XVIIe-XVIIIe s.

Études de genre et littérature d’Ancien Régime, XVIIe-XVIIIe s.

Publié le par Marc Escola (Source : Mélissa Thiriot)

Études de genre et littérature d’Ancien Régime (XVIIe-XVIIIe s.)

Université Sorbonne Nouvelle - Sorbonne Université - University of Virginia (12 juin 2026)

Si les notions de genre et de « rapports de domination entre les sexes »[1] font, depuis plusieurs décennies, l’objet de recherches en littérature, elles ont d’abord rencontré de l’enthousiasme dans le champ de la littérature comparée et dans celui des études sur le XXe siècle. Pour ce qui est des siècles dits « anciens » ou « classiques », une certaine méfiance semblait de mise dans la recherche française, alors que le monde anglo-saxon, puis les universités belges, suisses et canadiennes se sont emparés de ces sujets dès les années 1990[2]. L’initiative de cette journée d’études est donc partie de deux constats : celui d’une absence initiale, et celui de récentes évolutions.

Si cette réticence s’est atténuée depuis une vingtaine d’années[3], la dernière décennie a connu une extension considérable du champ de recherche : en 2016, dans l’introduction du numéro de Littératures classiques consacré aux Voies du genre. Rapports de sexe et rôles sexués (XVIe-XVIIIes.), Florence Lotterie notait l’importance « de réinterroger l’usage de notions « transférées » en régime littéraire, dans le champ français des XVIIe et XVIIIe siècles, alors que celui de la modernité et de la contemporanéité semble plus largement frayé[4] ». Dix ans après cette publication, l’évolution est patente : les sujets rattachés au genre sont de plus en plus abordés dans la recherche sur la période classique, dans divers travaux, numéros de revue, collections de maisons d’édition, ou encore des séminaires et colloques[5].

Ce transfert ou cette importation de concepts venus d’autres disciplines, voire d’autres sphères comme les théories féministes et/ou queer, vers les études littéraires ne se fait pas sans questionnements ni tensions. Les chercheurs et chercheuses en études de genres sont soupçonnés d’œuvrer pour un militantisme qui ne dirait pas son nom, de faire de la recherche désignée comme « woke » – terme dont la définition demeure vague et instable –, ou de participer à la cancel culture en relisant certains textes classiques à l’aune de ces théories[6]. À cet égard, la polémique autour de « l’affaire Chénier »[7] qui s’est ouverte en 2017 est une illustration des débats qui ont pu agiter le monde académique[8]. Le danger de l'anachronisme semble être l'écueil sur lequel achoppe les discussions. Nous faisons pourtant le pari, comme d'autres avant nous, que les apports des études de genre à la littérature d'Ancien Régime peuvent favoriser un nouveau regard sur les textes anciens et conduire à des analyses littéraires de qualité, bien loin d'une lecture partisane faisant fi du contexte historique de production des textes. Ce type de controverses a remobilisé la question du statut de la fiction et de la singularité des textes littéraires[9]. La recherche sur ces derniers ne peut se contenter de plaquer une grille de lecture donnée sans tenir compte de la nature particulière de leur objet. La fécondité de l’apport des études de genre a été indéniable, en ce qu’elles ouvrent aussi à un renouvellement de la lecture de ces textes et à un déplacement de point de vue. Nous envisageons ici le genre comme un « un outil de perception critique susceptible de donner à voir la manière dont une œuvre peut se trouver travaillée par un imaginaire du rapport des sexes, dans la perspective relationnelle venue de Joan Scott (effets de pouvoir portés par ce rapport inclus) »[10]. 

Cette journée d’études serait donc l’occasion d’un bilan visant à éclairer les points de rencontre entre les études de genre et la recherche récente en littérature des XVIIe et XVIIIe siècles. L’objectif serait d’interroger les apports et les enjeux d’un dialogue fructueux et rigoureux entre les spécificités des textes d’Ancien Régime et les questions soulevées par les études de genre. Comment les études de genre ont-elles influencé la façon dont on étudie les textes littéraires classiques ces dernières années ? Quelles nouvelles lectures sont rendues possibles ?

Nous privilégierons les propositions abordant les axes suivants : 

●        Représentation des rapports de sexes

Les études de genre ont permis de proposer des lectures nouvelles et stimulantes des textes anciens, à commencer par la façon dont ceux-ci représentent les rapports entre les sexes. Le théâtre de Marivaux ou encore les dialogues de Crébillon ont ainsi donné lieu à plusieurs relectures stimulantes qui mettent en évidence des rapports de domination, révélés par l’ambiguïté des discours de séduction[11], la variation des points de vue, ou encore les inversions ou les brouillages des rôles genrés[12].  L’asymétrie est-elle toujours perçue comme un rapport de domination ? Penser la domination masculine comme une donnée structurante permet-il de montrer que la littérature représente ou corrige les oppressions sur le terrain de la fiction ? Dans les récits où est montrée, exhibée, mais aussi questionnée la domination d’un sexe sur l’autre, comment le texte fait-il entendre la voix du dominant mais aussi celle de l’Autre, figure bien souvent féminine, dominée, violentée et opprimée[13] ?

●        Normes de genre et subversion

On pourra étudier les jeux autour des normes régissant les identités sexuelles et leurs manifestations socio-culturelles, voire métapoétiques (comme a pu le faire Sarah Nancy dans ses récents travaux[14]). Comment le texte littéraire rend-il compte des normes de genre aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Là encore, il pourra être stimulant d’étudier les marges de manœuvre que ménage le texte littéraire vis-à-vis d’un cadre moral plus ou moins rigide, ce qu’il laisse dire ou dit sans dire… La force de la littérature réside également dans sa capacité d’invention et de reconfiguration des identités, en témoigne le dévoilement d’une histoire LGBTQ+ permis par les études queer[15]. On s’intéressera aussi à la façon dont certains textes d’Ancien Régime ont créé des représentations en marge de l’imaginaire de la domination, à l’image du couple que forme l’héroïne des Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière avec le comte d’Englesac : « Je n’ai jamais pu admettre de certaines jalousies qui me paraissent trop engagées dans les sens, l’assurance d’un cœur sans partage m’a toujours suffi et me suffira toujours. Chacun a sa manière d’aimer, je crois que je suis encore plus délicate que les délicats mêmes en aimant de cette sorte » déclare Henriette-Sylvie[16]. Seront valorisées les propositions qui donneront une grande place à la matérialité du livre, aux techniques d’écriture, et à ce que ces choix stylistiques, énonciatifs, dramaturgiques des auteurs et autrices ont à nous dire en termes de genre.

●        Enjeux de méthode

Les propositions pourront s’intéresser à la manière dont certains concepts issus des études de genre peuvent être adaptés à la discipline littéraire et aux textes d'Ancien Régime. Il conviendra d'identifier les démarches méthodologiques et les outils critiques les plus pertinents pour rendre compte de la spécificité des textes littéraires. La circulation des savoirs entre sphères académiques et militantes est un autre enjeu à questionner. Se confronter au débat sur le supposé « biais » introduit par les études de genre, souvent accusées de contrevenir à l’exigence de « neutralité » revendiquée par la culture universitaire française, paraît nécessaire. Anticiper les rejets idéologiques qu’elles peuvent susciter revient à examiner les conditions de leur intégration dans le champ littéraire. Dans ce cadre, l’accusation d’anachronisme, régulièrement convoquée, mérite d’être discutée et engage une réflexion sur les éventuels apports de l’anachronisme[17]. En invitant à questionner nos lectures passées, les études de genre ouvrent la voie à un renouvellement fécond de la recherche littéraire. L’un des enjeux de cette journée sera donc de mesurer le gain interprétatif qu’elles rendent possible. Certains critiques ont pu craindre que de telles approches ne réduisent les œuvres à leur violence et n’en « figent » le sens[18]. L’hypothèse que nous souhaiterions avancer est qu’au contraire, ces lectures contribuent à mettre en lumière l’« épaisseur signifiante » [19]  du texte[20].

●        Histoire littéraire

L’impulsion éditoriale que l’on constate depuis les années 2010, qui vise à faire redécouvrir à la critique et au grand public des autrices oubliées, a permis de souligner que l’histoire littéraire est le résultat de choix d’inclusion et d’exclusion, qui ont longtemps minimisé la part des autrices, des minorités de genre et, plus largement, de certains genres littéraires jugés trop féminins[21]. Des rééditions et anthologies, telles que Autrices. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature de Daphné Ticrizenis[22] permettent de souligner que l’histoire littéraire est un processus dynamique et évolutif. Comment réfléchir au processus de canonisation des autrices ? Comment défaire l’invisibilisation ? De même, comment les femmes ont-elles construit leur identité auctoriale en sachant qu’elles allaient être jugées au moins autant pour leurs œuvres que pour leur être-femme[23] ? On pense, par exemple, aux attaques adressées au Delphine (1802) de Germaine de Staël, visant non seulement l’œuvre mais aussi la femme, et qui ont conduit l’autrice à défendre la moralité de son texte dans ses "Quelques réflexions sur le but moral de Delphine"[24]. Ces axes permettent de poser à la fois la question de la réception comme résultat d’une construction, mais aussi de dévoiler ce que les critiques ont choisi d’étudier ou d’exclure pour construire un discours sur le genre pendant l’Ancien Régime.

Nous souhaitons donner durant cette journée une place importante aux jeunes chercheurs et chercheuses qui travaillent sur ces questions, afin de créer une occasion de dialogues et de rencontre.

Les propositions, d’une page environ et accompagnées d’une bio-bibliographie succincte, sont à envoyer avant le 15 décembre 2025 aux organisatrices : 

-          Mathilde Claveirole, doctorante à l’université Sorbonne Nouvelle : mathilde.claveirole@sorbonne-nouvelle.fr

-          Doriane Dupau, doctorante à l’université Sorbonne Nouvelle : doriane.dupau@sorbonne-nouvelle.fr

-          Oriane Guiziou-Lamour, doctorante à University of Virginia :  zsr3ev@virginia.edu

-          Mélissa Thiriot, doctorante à Sorbonne Université : melissa.thiriot@sorbonne-universite.fr 

Bibliographie indicative 

Normes et genres dans l’Europe des Lumières, Dix-huitième siècle, n°55, Paris, Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle, 2023.

Gender studies et sociologie de la littérature. Perspectives croisées, dir. L. Degrande, N. Duriau, S. Lucca et L. Zinzius, COnTEXTES, 33, 2023, https://doi.org/10.4000/contextes.11199.

Femmes et Folie sous l’Ancien Régime, dir. M. Closson, N. Grande, C. Nédelec, G. Tranié, Paris, Classiques Garnier, 2022.

Les Voies du “genre”. Rapports de sexe et rôles sexués (XVIe-XVIIIe s.), dir. F. Lotterie, Littératures classiques, n°90, Presses Universitaires du Midi, 2016.

Abramovici, Jean-Christophe, « Anatomie d’un récit de viol : La Nuit et le moment de Crébillon », Violence du Rococo, Berchtold, Jacques, Martin, Christophe et Démoris, René (dir.), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012, p. 285-297.

Challandes, Laure, L'âme a-t-elle un sexe ? Formes et paradoxes de la distinction sexuelle dans l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Classiques Garnier, 2011.

Crawford, Katherine, Eunuchs and Castrati. Disability and Normativity in Early Modern Europe, New York, Routledge, 2019.

De Freitas Boe, Ana et Coykendall Abby (dir.), Heteronormativity in Eighteenth-Century Literature and Culture, New York, Routledge, 2015.

Dubois-Nayt, Armel et Hamus-Vallée, Réjane (dir.), Écrire l’histoire du harcèlement sexuel. Les mots pour le dire, [actes des webinaires AVISA, “historiciser le harcèlement sexuel” 2020-2021], Université Paris-Saclay, MSH Paris-Saclay Éditions, 2023.

Dufour-Maître, Myriam, « Trouble dans la galanterie ? Préciosité et questions de genre », Littératures classiques, no 90, 2016, p. 107-118.

Dujour-Pelletier, Florence, Le Fil de Marianne. Narrer au féminin, de Villedieu à Diderot, Paris, Classiques Garnier, 2021.

Freidel, Nathalie, Le temps des écriveuses. L’œuvre pionnière des épistolières au XVIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2022.

Grande, Nathalie, Sexe, genre et contes de fées, Saint-Etienne, Presses universitaires de Saint-Etienne,  2024.

Grand d’Esnon Anne et Nizard Lucie, « Actes des journées d’étude “Désir, consentement et violences sexuelles” », Malaises dans la lecture, 12 janvier 2019, [en ligne] https://malaises.hypotheses.org/actes-des-journees-detude-desir-consentement-et-violences-sexuelles.

Grand D’Esnon, Anne, Interpréter des violences sexuelles dans les récits de fiction : discours de réception, problèmes théoriques et esthétiques. Littératures. Université Bourgogne Franche-Comté, 2024, https://theses.hal.science/tel-04770112v1.

Griffin, Aurélie, Coatalen, Guillaume et de Lencquesaing, Marion (dir.), Corpus Feminae : identité auctoriale et matérialité des écritures féminines en Europe, XVIe-XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2025.

Haggarty, George E., Men in Love. Masculinity and Sexuality in the Eighteenth Century, New York, Columbia University Press, 1999.

Hénin, Emmanuelle, Salvador, Xavier-Laurent, Vermeren, Pierre (dir.), Face à l’obscurantisme woke, Paris, PUF, 2025.

Houdard, Sophie, « Les fictions du non-mariage : Mme de Villedieu et le personnage de la femme naturelle et publique », Littératures classiques, n°55, 2004.

Lanser, Susan S.,  The Sexuality of History. Modernity and the Sapphic, 1565-1830, Chicago, University of Chicago Press, 2014.

Lochert Véronique, Schweitzer Zoé et Zanin Enrica, La Fiction face au viol, Paris, Hermann, 2024.

― (dir.), Scène de viol dans les littératures européennes (XVIe-XVIIe siècles), Paris, Hermann, 2025.

Lotterie, Florence, Le Genre des Lumières. Femme et philosophe au XVIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2013.

― « Les “limbes heureuses d’une non-identité” : Diderot, Foucault, La Religieuse et le sexe incertain », L’Atelier des idées. Pour Michel Delon, éd. J. Berchtold, P. Frantz, Ch. Martin, Paris, PUPS, 2017, p. 649-660

― « Un “sexisme intelligent” ? Études de genre et usages de Rousseau », Francofonia, n° 74, 2018, p. 55-69.

― « Imaginer la différence des sexes. L’apport de Michèle Le Doeuff sur l’âge classique », Se réorienter dans la pensée : autour de Michèle Le Doeuff, Lasserre, Audrey et Jeannelle, Jean-Louis (dir.), Rennes, PUR, 2020, p. 75-85.

Martin, Christophe, « De la théorie du moment à l’hypothèse du viol : romanciers et romancières face à un topos romanesque jusqu’à La Nouvelle Héloïse », Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800. La question du ‘gender’ [actes du XIVe colloque de la SATOR], van Dijk, Suzan et van Strien-Chardonneau, Madeleine (dir.) Louvain, Peeters, 2002, p.303-317.

Espaces du féminin dans le roman français du dix-huitième siècle, Oxford, SVEC, 2004.

Merlin-Kajman, Hélène, La Littérature à l’heure de #MeToo, Genève, Editions d’Ithaque, 2020.

Nancy, Sarah, Masculin, féminin, littérature. Usages métapoétiques du genre en France au XVIIe siècle. Université Paris Cité, 2025.

Nizard, Lucie, Les voiles du désir féminin (1857-1914), Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2024.

Planté, Christine. « Le genre en littérature : difficultés, fondements et usages d’un concept », Épistémologies du genre, GenERe, ENS Éditions, 2018, https://doi.org/10.4000/books.enseditions.9197.

Reid, Martine (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, t. I, Folio Essais, Gallimard, 2020.

Tamas Jennifer, Au Non des femmes. Libérer nos classiques du regard masculin, Seuil, « La couleur des idées », 2023.

Scott, Joan, De l'utilité du genre, Paris, Fayard, 2012.

Van Dijk, Suzan et Van Strien-Chardonneau, Madeleine (dir.), Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800. La question du « gender », [Actes du xive colloque de la Sator, Amsterdam/Leyde, 2000], Louvain, Peeters, 2002.

 
[1] Expression héritée de la sociologie et des approches féministes matérialistes : les travaux de Christine Delphy, d’Anne-Marie Devreux, et de Danièle Kergoat ont été fondateurs pour penser les « rapports sociaux de sexe ». Voir Zancarini-Fournel, Michelle, « Condition féminine, rapports sociaux de sexe, genre… », Clio, Histoire, femmes et sociétés, 32 (2), 2010, p.119-129.
[2] Suzan van Dijk et Madeleine van Strien-Chardonneau (dir.), Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800 : la question du "gender", actes du XIVe Colloque de la SATOR, Amsterdam, Leyde, 2000 ; Roland Mortier et Hervé Hasquin (dir.), Études sur le XVIIIe siècle. Portraits de femmes, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2000.
[3] L’affaiblissement de cette réticence s’illustre par une reconnaissance institutionnelle dont témoigne par exemple la création de la Société internationale pour l’étude des femmes de l’Ancien Régime en 2000.
[4] Florence Lotterie, « Introduction », Littératures Classiques, 90 (2), 2016, p. 6. 
[5] Voir par exemple Dix-huitième siècle, dir. S. Genand, n°55, 2023, portant sur « Normes et genre dans l’Europe des Lumières », la collection « Masculin/féminin dans l’Europe moderne », aux éditions Classiques Garnier, ou les colloques « Male gaze, female gaze, feminist gaze, queer gaze : quel(s) style(s) pour les études de genre ? XVIII-XXIe s. » (juin 2024, Bruxelles) et « Que sont nos autrices devenues ? XVIIe-XVIIIe s. » (janvier 2025, Créteil).
[6] Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador, Pierre Vermeren (dir.), Face à l’obscurantisme woke, Paris, PUF, 2025.
[7] En 2017, des agrégatifs rédigent une lettre ouverte au sujet du poème « L’Oaristys » de Chénier, qu’ils lisent comme un récit de viol. Ce geste a un impact considérable dans le monde de la recherche. Voir https://malaises.hypotheses.org/1003 
[8] La dimension judiciaire et l’inscription de cette discussion dans l’espace public sont aujourd’hui réinvesties par Béatrice Hamidi-Kim et Gaëlle Marti dans leur spectacle Notre procès, qui aura lieu du 24 au 29 novembre 2025 au Théâtre de la Cité internationale à Paris.
[9] Voir par exemple Jennifer Tamas, Au non des femmes: libérer nos classiques du regard masculin, Paris, Éditions du Seuil, 2023.
[10] Florence Lotterie, « Un ‘sexisme intelligent’ ? Études de genre et usages de Rousseau ». Francofonia - Studi e ricerche sulle letterature di lingua francese, 2018, n°74, p.55-69.
[11]  Jean-Christophe Abramovici, « Anatomie d’un récit de viol : La Nuit et le moment de Crébillon », dans Violences du rococo, dir. Jacques Berchtold, René Démoris et Christophe Martin, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, p.285-297.
[12] Marc Escola, « Sexe, genre et comédie, sur les pas de la fausse suivante », Europe, n°1117, 2022, p. 35-46.
[13] A ce sujet, voir les actes des récents colloques « Historiciser la figure du harceleur : regards et discours genrés » (2024) et « Scènes de viols dans les littératures européennes. XVIe-XVIIIe s. » (2023). 
[14] Sarah Nancy, Masculin, féminin, littérature. Usages métapoétiques du genre en France au XVIIe siècle, Université Paris Cité, 2025. 
[15] George E. Haggarty, Men in Love. Masculinity and Sexuality in the Eighteenth Century, New York, Columbia University Press, 1999 ; Susan S. Lanser, The Sexuality of History. Modernity and the Sapphic, 1565-1830, Chicago, University of Chicago Press, 2014 ; Ana de Freitas Boe, Abby Coykendall (dir.), Heteronormativity in Eighteenth-Century Literature and Culture, New York, Routledge, 2015 ; Katherine Crawford, Eunuchs and Castrati. Disability and Normativity in Early Modern Europe, New York, Routledge, 2019 ; Ula Lukszo Klein, Sapphic Crossings. Cross-Dressing Women in Eighteenth-Century British Literature, Charlottesville, University of Virginia Press, 2021.
[16] Marie-Catherine Desjardins-Villedieu, Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière, GF-Flammarion, 2025, p.135. Voir aussi : Sophie Houdard, « Les fictions du non-mariage : Mme de Villedieu et le personnage de la femme naturelle et publique », Littératures classiques, n°55, 2004. 
[17] Pour ce faire, il sera possible d'explorer l'idée formulée par Lucie Nizard, qui souligne que “les interrogations de notre époque, mises en miroir avec celle de jadis, permettent un double éclairage réciproque”. Voir Lucie Nizard, Les voiles du désir féminin (1857-1914), Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Littérature française et comparée », 2024, p. 15.
[18] Voir entre autres Hélène Merlin, La Littérature à l’heure de # MeToo, Genève, Éditions d’Ithaque, 2020.
[19] Ibid., p. 158.
[20] De récents travaux constituent à cet égard un apport considérable, proposant des pistes d’analyse précieuses pour penser ces tensions et pour montrer que le recours aux études de genre, loin de réduire le sens des textes, peut au contraire en déployer la richesse. Voir par exemple Anne Grand D’Esnon, Interpréter des violences sexuelles dans les récits de fiction : discours de réception, problèmes théoriques et esthétiques. Littératures. Université Bourgogne Franche-Comté, 2024.
[21] Voir Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, t. I, Folio Essais, Gallimard, 2020. 
[22] Daphné Ticrizenis (dir.), Autrices. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature, Marseille, Hors d’atteinte, t. II, 2023.
[23] Sur l’identité auctoriale féminine, voir Aurélie Griffin, Guillaume Coatalen et Marion de Lencquesaing (dir.), Corpus Feminae : identité auctoriale et matérialité des écritures féminines en Europe, XVIe-XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2025.
[24] Germaine de Staël, « Quelques réflexions sur le but moral de Delphine », Le Citoyen français, 16 janvier 1803.