
"Il m’a reproché d’avoir dit que…". La récursivité de la représentation du discours autre (Lausanne)
Ce colloque veut mettre au centre de la réflexion la capacité (et donc aussi les limites) du langage à représenter un discours qui représente un discours (dans quelle mesure peut-on avoir du discours indirect dans du discours indirect, du discours direct dans du discours indirect, du discours indirect libre dans du discours indirect libre, et toute autre configuration). Le problème réside dans le fait qu’un énoncé, supposé cohérent et lisible, a charge de configurer plusieurs ancrages énonciatifs en son sein.
L’examen suppose d’expliciter au mieux la définition des types de discours rapporté retenus avant d’envisager leur éventuel amalgame. De nombreuses questions mérite d’être posées :
• Est-ce que la logique d’enchâssement est adéquate pour traiter le problème ou s’agit-il d’une répartition d’un autre type (juxtaposition, mélange, fusion…) ?
• Est-ce que tout type de discours rapporté peut cohabiter avec n’importe quel autre dans un énoncé ou y a-t-il des limites au dispositif (lesquelles, pourquoi…) ?
• La dissociation des ancrages dans des structures syntaxiques bien délimitées est-elle un facilitateur de la récursivité ?
• Dès lors que deux ancrages interviennent dans un énoncé, sont-ils hiérarchisés, l’un est-il dominant (et en quoi) ?
• Les unités qui composent l’énoncé (expressions de la personne, du temps, indicateurs spatio-temporels, modalités de phrase, subjectivèmes) obéissent-elles à des fonctionnements systématiques et stables dans les agencements récursifs ?
• La double insertion (comportant trois faits de représentation discursives) est-elle envisageable (et pratiquée) ?
• Quels sont les enjeux poétiques et sémantiques que véhicule la représentation d’un discours qui représente un discours ? Quels sont ses contextes d’émergence les plus favorables ?
• Ces différentes problématiques sont-elles soumises à des évolutions historiques ?
La liste des questions se veut incitative et demeure naturellement ouverte.
Ce genre de questions doit permettre d’approfondir la réflexion théorique sur le discours rapporté. Si cet aspect constitue l’enjeu principal du propos, une diversité d’exemples est requise en soutien des explications ; si l’enjeu de la contribution proposée est davantage stylistique ou poétique, un corpus élargi est souhaité (il ne convient pas que le travail soit limité à un auteur).
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Éléments bibliographiques
Authier-Revuz J. (2020) : La Représentation du discours autre : principes pour une description, Berlin/Boston, Walter de Gruyter.
Philippe G. (2005) : « Peut-on avoir du discours indirect libre dans du discours indirect libre ? (Sur quelques lignes de Céline) », in La Langue, le style, le sens. Études offertes à Anne-Marie Garagnon, Paris, L’improviste, p. 285-294.
Gollut J.-D. & Zufferey J. (2021) : La Parole stylisée. Étude énonciative du discours indirect libre, Limoges, Lambert-Lucas.
Rosier L. (2008) : Le Discours rapporté en français, Paris, Ophrys.
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Informations pratiques
Le colloque se déroulera sur deux journées, les 4 et le 5 juin 2026, à l’Université de Lausanne. L’organisation prend en charge deux nuitées par personne ainsi que les repas. Les frais de voyage sont à la charge des participant.e.s. Il n’y a pas de taxe d’inscription.
Les propositions (résumé de 2500 signes max. + 5 mots-clés) doivent être envoyées avant le 31 janvier 2026 par mail à l’organisateur. Elles feront l’objet d’une expertise anonyme. Les résultats de l’expertise seront communiqués en février 2026. Chaque présentation durera 30’ (+ 15’ réservées aux questions).
Organisateur
Joël Zufferey (joel.zufferey@unil.ch)