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Appels à contributions
(Ré)éditer les classiques (Moyen-Âge ‒ XXIe siècle)

(Ré)éditer les classiques (Moyen-Âge ‒ XXIe siècle)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Anne Réach-Ngô)

Appel à contributions pour l’ouvrage collectif à paraître chez Orizons

dans la série « Culture des médias »

dirigée par Anne Réach-Ngô (Université de Haute-Alsace, ILLE)

(Ré)éditer les classiques (Moyen-Âge ‒ XXIe siècle)

En s’intéressant aux ouvrages que l’on peut qualifier de « classiques » et aux pratiques de publication qui leur sont propres, cet ouvrage collectif voudrait susciter une réflexion sur le rapport de l’édition et de la librairie à la patrimonialisation des oeuvres et à l’institution littéraire. Si l’on peut admettre assez facilement que l’intervention éditoriale, lors de la mise en livre et de la diffusion des textes, contribue à informer le lecteur sur la nature du produit qui lui est soumis, il peut être intéressant de s’interroger sur la part à accorder aux procédés éditoriaux dans le succès de certaines oeuvres et plus précisément au phénomène de « classicisation », que l’on peut définir comme la reconnaissance de la participation d’une oeuvre à l’histoire littéraire et son intégration à un Panthéon érigé par les institutions, les circuits marchands, la doxa, etc. Procédant à la consécration de certains « textes-phares » ou d’auteurs reconnus comme des « autorités », l’édition et la libraire participent par des moyens qui lui sont propres à la détermination de la « valeur » de l’oeuvre. C’est à ces divers moyens de promotion de la littérature, qui vont de la présentation matérielle du livre aux stratégies de vente de l’oeuvre ainsi qu’à la marketisation de l’auteur, que l’on s’intéressa ici en explorant les trois champs de réflexion suivants :

1. De l’oeuvre au « classique » : procédés éditoriaux de consécration

On s’intéressera aux moyens par lesquels l’acte de publication et les stratégies de vente contribuent à consacrer certaines oeuvres et à en faire des classiques : étude des critères qui concourent à la sélection des oeuvres, procédés d’intitulation du texte et de construction de l’image d’auteur, discours péritextuels et épitextuels visant à faire la promotion de l’oeuvre, procédés de présentation matérielle de l’ouvrage tels le choix du format, la qualité de l’ouvrage, l’appartenance à une collection, la présentation de l’ouvrage en oeuvre intégrale ou en extraits, etc…

Seront privilégiées les contributions examinant un vaste corpus d’un point de vue synchronique ou diachronique, visant à mettre en valeur l’émergence, au sein d’un contexte éditorial précis, d’oeuvres destinées au statut de « classique ». On cherchera notamment à mettre en valeur comment un tel procédé de consécration, qui relève de la singularisation, peut venir s’inscrire au sein de stratégies de publication et de diffusion conditionnant la réception de l’oeuvre au point d’en déterminer parfois les conditions mêmes de production.

2. Le devenir des classiques : procédés de canonisation et de réactualisation éditoriales

Il s’agira également de se demander comment une oeuvre  qui accède à la consécration et se voit ainsi canonisée est dans le même temps reformulée, réécrite, réactualisée en fonction des divers publics et finalités auxquels elle est destinée. En somme, dans quelle mesure le procédé de classicisation, qui vise à donner une même oeuvre, estimée justement pour sa singularité, à des publics-cibles différents, souligne-t-il l’adaptabilité de l’oeuvre à ses divers lectorats ?

On étudiera notamment les stratégies éditoriales qui visent à perpétuer le succès des oeuvres élues : révisions textuelles, modernisation orthographique, intégration à des anthologies, à des manuels scolaires, produits dérivés… On s’intéressera également aux différentes stratégies marchandes qui visent à déterminer des publics-cibles bien différenciés : spécialistes, public « éclairé », grand public, public scolaire… On envisagera aussi le rôle des institutions (école, université), de la presse mais aussi de la réception du public dans la canonisation des classiques.

3. La classicisation anticipée des textes : du classique au best-seller

On examinera enfin les pratiques de classicisation éditoriale qui relèvent de l’art d’anticiper sur l’intégration d’un ouvrage aux « classiques ». Dans cette perspective, le classique n’est plus un livre qui fait consensus ; c’est le consensus (son succès, par exemple), qui fait le classique, suivant un procédé d’inversion chronologique (la canonisation intervient avant la publication du texte).

On s’intéressera alors au processus même de la classicisation éditoriale et aux procédés  marketing qui permettent à l’éditeur de positionner l’ouvrage contemporain qu’il publie comme un classique, dès sa parution. On pourra aussi s’interroger sur les adaptations qu’une telle conception du produit « classique » impose aux stratégies auctoriales. On pourra encore réfléchir à la portée d’une classicisation publicitaire des oeuvres par le biais de l’illustration, de la couverture, des jeux de collection et de tout le protocole commercial qui vise à assurer la diffusion et la vente du classique devenu best-seller.

Les propositions de contribution sont à envoyer à anne.reach-ngo@uha.fr avant le 15 janvier 2012, accompagnées d’un titre et d’un résumé, des coordonnées postales et institutionnelles de leur auteur ainsi que d’une brève présentation biobibliographique. Les articles acceptés (à la fin du mois de janvier) seront à rendre pour le 30 juin 2012 au plus tard et ne dépasseront pas les 40 000 caractères, espaces compris.

Date-limite de remise des propositions : 15 janvier 2012

Acceptation au 31 janvier 2012

Date-limite de remise des articles acceptés : 30 juin 2012