La nomination de Milo Rau à la direction du théâtre national de Gand en 2018 marque l’entrée du "metteur en scène le plus controversé de sa génération" (selon Der Freitag) dans une phase d’historicisation de son propre travail. Alors que l’International Institute for Political Murder continue à produire trois projets par an, toujours au croisement du théâtre et du cinéma, le dramaturge suisse multiplie les publications en anglais, en allemand ou en néerlandais. La récente parution aux éditions de l’Arche de Vers un réalisme global, recueil d’entretiens et de conférences adossés au déjà classique Manifeste de Gand, marque un jalon important. Du côté de la recherche en études théâtrales, l’intérêt ne tarit pas non plus. Les Presses du réel donnaient récemment la parole à Milo Rau dans un ouvrage collectif consacré au "cinquième mur" et aux formes performatives contemporaines. Les œuvres et interventions de M. Rau constituent de véritables laboratoires théoriques et pratiques pour penser la question du témoignage dans le difficile processus de représentation de l’Histoire, ou encore la problématique esthétique et politique de la violence en tant que narration vécue par les spectateur.trices.