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«La doctrine des degrés de vertus chez Plotin», conf. L. Brisson (Philosophie éthique et politique, Séminaire des doctorants, Sorbonne)

«La doctrine des degrés de vertus chez Plotin», conf. L. Brisson (Philosophie éthique et politique, Séminaire des doctorants, Sorbonne)

Publié le par Romain Bionda (Source : Adélaïde Gregorio Fins)

Philosophie Éthique et Politique

Séminaire des doctorants.

Première séance Luc Brisson (CNRS-ENS) "La doctrine des degrés de vertus chez Plotin"

En Grèce ancienne on parle de la vertu des yeux, des oreilles, des chevaux. Dans tous ces emplois, le terme aretésert non seulement à désigner une fonction – voir pour les yeux, entendre pour les oreilles, et courir pour les chevaux –, mais surtout à indiquer la réalisation optimale, l'excellence de cette fonction. Dans l'usage courant du terme, aretédésigne ce que l'homme fait de plus accompli, ce qui implique la détermination de la fin objective qu'il doit chercher à atteindre. La plupart des philosophes de l'Antiquité ont écrit un traité Sur les vertus. Plotin (+ 203-270) ne déroge pas à la règle. Mais son traité 19 (Enn. I 2) présente la particularité de distinguer trois degrés de vertu qui correspondent, chacune, à une tradition philosophique : les vertus civiques renvoient à l'aristotélisme, les vertus purificatrices au stoïcisme et les vertus contemplatives aux platonisme, les Formes correspondantes en étant les modèles : et à chaque degré de vertus on retrouve les vertus cardinales de Platon ( – 428-348) dans la Républiquedéfinies différemment. Dans la Sentence32, Porphyre (+ 324-305 ?), un disciple de Plotin, commente ce traité, en faisant cependant des Formes des vertus des vertus à part entière, les vertus paradigmatiques, ouvrant ainsi la porte à une multiplication des degrés de vertu dans les Écoles néoplatoniciennes d'Athènes et d'Alexandrie. Commentant la fin du traité Sur la Républiquede Cicéron (- 106-43), Macrobe (né en + 370), dans son Commentaire du Songe de Scipion, reprend cette doctrine, mais en opposant les vertus politiques propres aux hommes politiques aux vertus purificatrices et de l'âme purifiée propres aux philosophes, et en faisant des vertus paradigmatiques à Dieu. Par son intermédiaire, cette doctrine des degrés de vertus est transmise au Moyen âge où Alexandre de Halès, Bonaventure, Albert le Grand et surtout Thomas d'Aquin se la réapproprie en la situant dans un contexte chrétien.