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Matière et esprit du journalisme : le discours de la forme dans la presse, de la Gazette à Internet

Matière et esprit du journalisme : le discours de la forme dans la presse, de la Gazette à Internet

Publié le par Marc Escola (Source : Adeline Wrona)

APPEL À COMMUNICATION

Matière et esprit du journalisme :
le discours de la forme dans la presse, de la Gazette à Internet


Colloque organisé par
l'Université de Reims et le Celsa Paris-Sorbonne
les 11 et 12 mars 2010, à la Médiathèque de Troyes



    Laboratoire des formes et des discours, la presse enregistre depuis sa création les évolutions techniques et culturelles qui affectent les modes de l'échange intellectuel. D'une « révolution » l'autre, le journal, la « feuille », le quotidien, le site d'information réservent des espaces éditoriaux à la mise en discours des contraintes liées à la diffusion du discours journalistique, et à « l'objet journal » lui-même.  Ce colloque prendra pour objet ces métadiscours médiatiques, où se formule le regard que les journalistes eux-mêmes portent sur les spécificités et sur les mutations de l'outil qu'ils utilisent. Il s'agit de s'interroger sur la permanence, dans la presse, d'un discours de la forme, qui occupe des espaces variés, et se reconfigure au fil des mutations historiques.

Beaucoup d'études ont été consacrées, au cours des dernières décennies, à l'histoire du livre en tant qu'objet matériel. Les chercheurs se sont ainsi intéressés à la fois aux conditions de production et de diffusion des ouvrages, et à leur présentation proprement dite (évolution des formats, des supports, de la mise en page, des procédés d'impression etc.). L'arrivée de l'électronique a certainement contribué pour partie à ce mouvement d'intérêt : comme le constatait récemment Michel Melot, on a voulu connaître davantage, pour mieux le protéger, cet « objet sensible que l'on croyait menacé  ».

L'histoire matérielle du journalisme a elle aussi fait l'objet d'ouvrages et de manifestations scientifiques ces dernières années. Toutefois, la pratique métadiscursive des journalistes eux-mêmes a rarement été envisagée de manière systématique. Or, la prise en compte de ce métadiscours nous paraît primordiale, à une époque où le succès de la presse gratuite et plus encore le développement d'Internet imposent au journalisme des transformations majeures. Les acteurs de ce nouveau média comme les journalistes de la presse papier sont évidemment amenés à juger, au sein même de leurs écrits, des mutations qui affectent à la fois leurs pratiques rédactionnelles et la relation qu'ils entretiennent avec le public. Il nous semble en outre possible de montrer que, depuis l'apparition de la presse, les journalistes ont toujours dû s'interroger sur les potentialités de l'objet journal comme sur les contraintes qui pèsent sur lui. La question du support et de la présentation matérielle a en effet joué un rôle déterminant dans l'histoire du journalisme, et ce bien avant l'apparition des nouvelles technologies de l'information. Ainsi, sous l'Ancien Régime, la naissance d'une nouvelle catégorie de périodiques s'est en général accompagnée du choix d'un format et d'une présentation spécifiques. L'exemple de la France est de ce point de vue très révélateur dans la mesure où, aux trois grands journaux à privilège créés au XVIIe siècle , correspondent un support et une mise en page distincts. De même, l'irruption au siècle suivant d'un journalisme au ton nouveau, plus libre et plus personnel, s'est caractérisée par le recours à la forme fragile et légère de la feuille volante. Ce lien entre forme, format et contenu s'est maintenu au XIXe siècle, lorsque la presse écrite a connu sa montée en puissance, et au XXe siècle, lorsqu'elle a dû affronter la concurrence de nouveaux médias. Ce  métadiscours apparaît même aujourd'hui comme un enjeu pour tous les producteurs de l'information, puisque les discours à propos de l'internet prétendent que ce dernier deviendrait le média global, enchâssant et incorporant l'ensemble des formes médiatiques déjà instituées.


     Le rapport du support à la forme a donc été historiquement déterminant : la colonne de l'article, le rez-de-chaussée de la Une, les pavés ou les bandeaux… Au-delà de la contrainte formelle, des cadres physiques dans lesquels s'inscrit l'information, ce sont les formes journalistiques, au sens rhétorique du terme, qui se sont déployées (articles, feuilletons, brèves…). La forme a ainsi déterminé une pratique à travers un “sens formel”. Nous voudrions, dans le cadre de ce colloque, envisager l'imprégnation du discours journalistique par cette conscience de la forme. Quelle conscience les praticiens (journalistes, maquettistes, typographes…) ont-ils du “sens formel” qu'ils élaborent, comment l'abordent-ils ? Le journalisme est-il vraiment cet atelier d'écriture culturel si souvent évoqué à propos d'Internet ? Comment dès lors envisager les enjeux du “sens formel” de la pratique journalistique ?

    Compte tenu des limites d'une telle manifestation, il ne saurait être question de prendre en compte l'ensemble des médias, et les interventions se cantonneront aux médias écrits, de la presse papier à Internet. Les problématiques abordées s'organiseront autour de thématiques transversales et transhistoriques. Voici quelques unes des questions qui pourraient être traitées (mais la liste est évidemment loin d'être exhaustive) :
-    les innovations : comment les praticiens du journal justifient-ils les choix de support, de mise en page, les modifications apportées à l'organisation rubricale et plus largement à la présentation matérielle ?
-    les contraintes :  dans quelle mesure les journalistes se font-ils l'écho des difficultés de production et de diffusion de leurs écrits (qu'il s'agisse de contraintes économiques ou techniques, qui peuvent par exemple affecter la qualité de l'impression, rendre difficile le respect d'une publication régulière, perturber la  diffusion du journal etc.) ?
-    la place réservée à l'illustration : quels discours tiennent les praticiens du journal sur le difficile réglage des relations entre texte et image ?
-    le journal et le livre, l'espace du livre dans le journal : dans quelle mesure les journalistes évoquent-ils la proximité que l'objet-livre et l'objet-journal ont longtemps entretenue, avant que la presse ne se constitue en média autonome ? Évoquent-ils en outre les espaces que le livre et la littérature ont continué d'occuper dans le journal (romans-feuilletons, rubriques de critique littéraire etc.) ?
-    la réponse aux attaques formulées à l'encontre des supports de l'écriture journalistique. Comment les journalistes réagissent-ils aux critiques dont leur média est l'objet de la part de lecteurs, d'auteurs mais aussi de praticiens d'autres médias ? On peut penser ici aux  réponses que les journalistes apportent lorsque sont dénoncés la volatilité et le caractère éphémère de leurs écrits. On peut penser également aux attaques actuelles des journalistes de la presse papier contre la presse internet, et aux réponses formulées par les rédacteurs des sites d'information.

Modalités pratiques
Les communications proposées ne devront pas excéder 25 minutes.

Calendrier
Les propositions devront être adressées avant le 15 novembre 2009 (titre, mots-clés, résumé en 3000 signes maximum) ; les réponses seront adressées aux auteurs le 1er décembre 2009.
Le colloque se tiendra les 11 et 12 mars 2010 à la Médiathèque de Troyes.


Responsables du comité d'organisation
Adeline Wrona, adeline.wrona@celsa.paris-sorbonne.fr
Alexis Lévrier, alexis.levrier@univ-reims.fr

Comité scientifique

Françoise Gevrey (Professeur, Université de Reims)
Nathalie Preiss (Professeur, Université de Reims)
Evanghelia Stead (Professeur, Université de Reims)
Marie-Eve Thérenty (Professeur, Université de Montpellier 3)
Yves Jeanneret (Professeur, Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse).
François Moureau (Professeur, Université de Paris-Sorbonne, Paris 4)
Denis Ruellan (Professeur, Université Rennes 1)
Jean Sgard (Professeur, Université Stendhal, Grenoble 3)
Emmanuël Souchier (Professeur, Celsa Paris-Sorbonne, Paris 4)
Jean-François Tétu (Professuer, Université de Lyon 3)