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Livre d’artiste : nouvelle approche, création, discours, recherche.

Livre d’artiste : nouvelle approche, création, discours, recherche.

Publié le par Emilien Sermier (Source : Serge Chamchinov)

Journée d'étude

Livre d’artiste : nouvelle approche, création, discours, recherche

 

Parmi les méthodes qui s’efforcent de renouveler l’approche du livre d’artiste, la méthode auto-analytique utilisant les outils de la critique génétique, issue de la recherche sur les manuscrits, les esquisses, etc., crée un chemin innovant pour l’étude actuelle sur la genèse de l’art. La journée d'étude du 23 septembre est composée d’une conférence et d’une table ronde.   

Nota bene: Cette journée d'étude est adressée à des professionnels du livre (conservateurs des bibliothèques et des musées, universitaires, chercheurs, étudiants des Beaux Arts) ainsi qu'à tout public intéressé aux nouvelles tendances du "livre d'artiste" et les méthodes d'analyse de ce phénomène de l'art.

 

Première partie de la journée d'étude

10h 15 -10h 45 : Conférence de Claire Illouz, Pourquoi faire des livres ? Discours autocritique axé sur l’aspect de la genèse du livre d’artiste dans l’œuvre du peintre-graveur. Avec projection de diapositives et d’un film.

Résumé de la conférence

En se considérant comme un peintre graveur faisant des livres, Claire Illouz explique sa démarche artistique, en présentant d’abord son usage du concept « livre d’artiste », qui correspond plutôt à l’expérience des œuvres diverses « en dialogue », ayant forme du livre et s’adaptant à tous les styles graphiques et plastiques, à l’édition limitée avec gravures originales.

Depuis 1997 ses livres, trouvant des nouvelles formes, aboutissent à une relation très profonde avec son travail pictural proprement dit, au point que chaque activité en est arrivée peu à peu à s’appuyer sur l’autre. Ses gravures supposent une lecture qui demande un lent et difficile déchiffrage. 

Tous ces livres sont imprimés en typographie au plomb mobile, sur papier BFK Rives, Lana ou Johannot. Leur structure est généralement dans la tradition du « cahier libre » à la française. Un livre se lit, il doit être saisi, tenu en main et manipulé. Il doit pouvoir se conserver et mérite donc des matériaux testés : papier, encre d’imprimerie, encre de Chine, carton, textile, colle, plexi, rhodoïd, gouache…

10h 45 - 11h 00 : Débats

Seconde partie de la journée d'étude

11h 00- 11h 45 : Table ronde Livre d’artiste ultra-contemporain, tendances et perspectives

Modérateur : Serge Chamchinov. Participants de la table ronde : Anne Arc, Philippe Mathy, Yves Namur

Présentation scientifique de la table ronde

Le livre d’artiste est considéré comme un médium pluridisciplinaire et multifonctionnel. L’écriture et la peinture s’y croisent. Souvent les livres d’artiste sont créés grâce à la collaboration entre un artiste et un poète ou entre plusieurs artistes et poètes, donnant naissance à plusieurs voies génétiques. Or le livre d’artiste n’est pas seulement un objet-œuvre final de création, dont le geste et la pensée de l’artiste-auteur sont fixés sur le support du livre, le livre d’artiste est aussi une œuvre qui est destinée à coordonner un discours antérieur et un discours à venir. Il comporte en lui-même sa propre genèse, son identité autographique, mais aussi ce qui se constitue dans le futur, c’est-à-dire en se projetant vers l’avenir en tant qu’action artistique programmée par l’artiste.

 

Ces propos ouvrent la discussion autour des thématiques suivantes :

– Poésie dans le livre d’artiste d’aujourd’hui : collection « Laboratoire du livre d’artiste » ;

– « xxisiècle sur le Bateau Ivre » : défi du livre d’artiste ;

– « Sphinx blanc » : nouveau mouvement dans le domaine du livre d’artiste.

 

11h 45 - 12h : Débats

 

 

Axes de discours pendant la table ronde

1. "Le xxisiècle sur le Bateau ivre"

Ce projet suppose la réalisation d’un livre d’artiste collectif qui réunira les contributions des nombreux poètes et artistes autour du poème Le Bateau ivre d’Arthur Rimbaud.

Le titre de l’œuvre est 100 Ver[re]s du Bateau ivre ou unter S[i]egel des Trunkenen Schiffes. Ce livre sera présenté sous la forme d’un portfolio (45 x 70 cm) qui peut être transformé dans une installation spatiale. En ce qui concerne le textuel, le livre regroupera 25 traductions par des poètes d’aujourd’hui, dans 25 langues étrangères, du poème Le Bateau ivre d’Arthur Rimbaud (une strophe / une traduction). Quant au composant visuel du livre, il sera présenté par des interprétations graphiques d’une centaine d’artistes qui implantent l’idée rimbaldienne comme point de départ pour la création actuelle. Le sens vertical des pages pourra permettre de les installer dans l’espace comme des éléments représentant les voiles d’un bateau. Le projet a été initié par l’Association « LAAC : Livre d’artiste & art contemporain » (Granville) et lancé en décembre 2012 avec l’aide communicative de la Maison internationale de la poésie Arthur Haulot (Bruxelles). La première étape du travail est visible les 21, 22 et 23 septembre 2013, lors de la biennale Biblioparnasse : un livre unique (peint et calligraphié) de Serge Chamchinov avec les textes de 25 traductions des strophes du poème Le Bateau ivre.

 

2. « Ligature »

« Ligature » c’est la seule et première revue critique française entièrement consacrée à la problématique du livre d’artiste, son histoire et ses tendances. Elle a été créée en juin 2012 (à parution biannuelle), a pour objectif principal d’ouvrir le discours sur l’actualité du livre d’artiste en France et en Europe, livre d'artiste qui, par son principe, est un genre d’art plastique et graphique utilisant le support du livre. Regroupant des œuvres rares et précieuses, il est considéré au xxisiècle comme faisant partie du patrimoine contemporain. Il implique plusieurs aspects de l’art conceptuel, minimal, d’avant-garde et de l’édition de création. En s’appropriant l’espace du livre, l’artiste crée un système de tableaux imbriqués, comme s’il opérait un langage des formes et des couleurs. Pour l’artiste, la création du livre est une expérimentation liée à ce langage, dont les signes visuels se construisent et s’organisent en une œuvre finale. Porteur d’une valeur esthétique et intellectuelle, le livre d’artiste est un terrain d’actions artistiques novatrices, et ce tout en perpétuant la tradition de l’art du livre des époques précédentes. Trois numéros ont paru à ce jour (juin, novembre 2012, juin 2013). Ils représentent une palette très variée du livre d’artiste d’aujourd’hui. Le quatrième numéro est presque entièrement consacré à la Biennale Biblioparnasse, son histoire et sa conception.

 

2. « Sphinx blanc »

Le « Sphinx blanc » est un nouveau mouvement artistique qui expérimente à différents niveaux le livre d’artiste. Selon le « Sphinx blanc », un aspect important du travail artistique sur le livre d’artiste est lié à l’intériorisation par l’artiste de l’art du livre en tant que point de départ pour son expérimentation avec le livre. Le mouvement « Sphinx blanc » initie une étape dans le discours sur l’art contemporain et notamment sur le livre d’artiste. Ce mouvement se distingue de deux visions contradictoires sur le livre d’artiste, dont l’une le rattache à la bibliophilie et l’autre aux idées de l’art conceptuel pour, dans ces deux cas, ne pas reconnaître l’autonomie réflective et méthodologique du livre d’artiste. Le « Sphinx blanc » remet l’accent sur la dominante de l’artiste-auteur dans le processus de création de l’œuvre-livre. Le travail d’artistes d’aujourd’hui comme Anne Arc, Serge Chamchinov, Barbara Beisinghoff, Andreas Hegewald, Dietrich Lusici, Max Marek, Hermann Rapp, Bernard Foucher, Yves Piquet, Alain Bar est proche des idées et principes du mouvement « Sphinx blanc ».

 

4. « Laboratoire du Livre d’Artiste »

La collection « Laboratoire du livre d’artiste » (LLA), fondée en 2008 par Serge Chamchinov, représente un lieu de  d’expérimentation plastique et graphique sur la matière du livre. Le Laboratoire apporte sa contribution aux recherches autour du livre d’artiste, autour de sa définition, de ses fonctions, de ses capacités et de sa perception. Les livres réalisés à ce jour par le biais du Laboratoire entrent dans un système d’interrogations théoriques et pratiques concernant les domaines de la linguistique, de la poésie visuelle, de l’art conceptuel et de l’art minimal. Toute la collection présente une méthode spécifique élaborée au sein du Laboratoire afin d’avoir la possibilité d’éclairer le livre d’artiste comme un genre autonome de l’art contemporain.

Le Laboratoire a plusieurs axes de recherche, d’où ses nombreuses sections qui mettent l’accent sur tel ou tel aspect du travail. Actuellement la collection comporte 13 sections. Tous les volumes du Laboratoire sont liés par les thèmes internes. Dans leur ensemble, ces volumes créent une œuvre polyphonique, pluridisciplinaire et multifonctionnel, une œuvre en mouvement qui se renouvèle grâce à l’expérience perpétuelle avec le livre.

Certains volumes du  « Laboratoire du Livre d’Artiste » sont créés grâce à la collaboration entre un artiste et un poète ou entre plusieurs artistes, donnant naissance à plusieurs voies génétiques. Chaque exemplaire est unique et comporte des documents originaux. L’œuvre finale est faite en série et représente elle-même son propre dossier génétique.

Les livres du « Laboratoire » se trouvent dans une vingtaine de fonds publics en France, en Allemagne, en Belgique, en Suisse et aux États-Unis.

 

Présentation des intervenants de la table ronde

Anne Arc (Anna Rykounova-Samson), poète, artiste, traductrice, a participé à 50 livres d’artistes créés en France et en Allemagne, directrice du Musée-nomade européen du livre d’artiste (MELA). Médiéviste, docteur ès lettres de l’université des sciences humaines de Moscou (RGGU). Lauréate en 2006 de la Maison des Sciences de l’Homme (Paris), elle a effectué ses recherches anthropologiques à Berlin, sous la direction de Horst Wenzel (université d’Humboldt), et ensuite à Paris, sous la direction de Jean-Claude Schmitt (École des hautes études en sciences sociales, EHESS) ; elle prépare actuellement une thèse de doctorat sur le livre d’artiste à l’université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis.

Serge Chamchinov, artiste, peintre, auteur-concepteur de plus de 200 livres d’artiste, fondateur en 2008 de la collection « Laboratoire du livre d’artiste ». Son travail artistique est reconnu en Europe, son œuvre est référencée dans l’ouvrage Six Siècles de l’art du livre / De l’incunable au livre d’artiste (Pascal Fulacher, éd. Citadelle & Mazenod, Musée des lettres et manuscrits, Paris, 2012, p. 286-287). Les livres créés par Serge Chamchinov se trouvent dans une cinquantaine de collections publiques spécialisées dans le livre d’artiste en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse et aux États-Unis. Docteur ès lettres de l’université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, il est rédacteur en chef de la première revue critique du livre d’artiste Ligature (fondée en 2012). Il est initiateur de la Biennale internationale des Livres d’artistes Biblioparnasse.

Claire Illouz. Artiste, graveur, a suivi ses études à Paris, Taipei et Kyoto. Vit et travaille en région parisienne. Expositions personnelles depuis 1981 : Paris, Kyoto, Montpellier. A participé à de nombreux salons collectifs spécialisés sur la gravure et le livre d’artiste, entre autres : Triennale mondiale de l’Estampe à Chamalières, salon de la Bibliophilie contemporaine « Pages » à Paris, « ARTexpo » à New York, salon de la Biblio-philie « Caractères » à Bruxelles, Rencontres in-ternationales de l’édition de création à Marseille, galerie La Hune à Paris, galerie Jacques Lévy à Paris. Prix « Graver maintenant 2012 », Prix de la Fondation Paul-Louis Weiller 2012. La même année Claire Illouz a été invitée à l’American University of Paris pour le discours « Why Artist’s Books ? »

Philippe Mathy, membre du comité de rédaction du Journal des Poètes et de la Maison internationale de la poésie Arthur Haulot (Bruxelles). Philippe Mathy a fondé avec son épouse une galerie d’art, d'exposition et de rencontre, « Le Front aux vitres », où il accueillait poètes et plasticiens. Poète, il a publié notamment Le Sable et l’olivier, préfacé par J.-M.G. Le Clézio (éd. Cheyne, 1992, 1999), Monter au monde, (éd. Rougerie, 1994), Un automne au creux des bras, illustrations d’André Ruelle (éd. L’herbe qui tremble, 2009), Barque à Rome, notes romaines, illustrations d’André Ruelle (idem, 2011). Prix de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1978 et 1996, Prix Charles Vildrac en 1988, Prix Georges Perros en 2009.

Yves Namur, médecin, poète, éditeur, membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Ses livres sont traduits dans une quinzaine de langues et ont reçu de nombreux prix parmi lesquels le Prix Tristan Tzara, le Prix Louise Labé, le prix littéraire de la Communauté française, le prix international Eugène Guillevic, le Prix Mallarmé (2012) pour La Tristesse du figuier (éd. Lettres Vives). Son recueil Ce que j’ai peut-être fait (idem) est paru en 2013, préfacé par Lionel Rey. Le livre d’artiste Les Oiseaux de décembre a été créé en 2012 dans la collection « Laboratoire du livre d’artiste ».

 

 

 

Bibliographie sélective (récente)

a) Publication des matériaux de la table ronde dans :

Bulletin n°1 (juillet 2013), "Actualités du livre d'artiste" : Biblioparnasse-IV; éditions du Musée-nomade du livre d'artiste, EAN 9791091274234

Ligature, revue critique du livre d'artiste, numéro spécial, septembre 2013; éditions de l'association "Livre d'artiste et art contemporain", EAN9791091274210

b) Article critique sur Claire Illouz dans : Revue Arts et Métiers du Livre (N° de juillet - Août 2013)

c) Article critique sur le "Laboratoire du livre d'artiste" dans: Grapê, Revue de l’art typographique, n°55, juillet 2013

 

Contacts:

Serge Chamchinov, artlibrisasso@yahoo.fr

Anna Samson, museedulivre@hotmail.fr