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Literaport. Revue annuelle de littérature francophone, n° 9 :

Literaport. Revue annuelle de littérature francophone, n° 9 : "Le respect dans la littérature française et francophone"

Publié le par Marc Escola (Source : Anna Kaczmarek-Wiśniewska)

Literaport, revue annuelle de littérature francophone

N° 9 (2022) : "Le respect dans la littérature française et francophone"
                                                                       

            Étant donné que le respect se place parmi les principes fondateurs de ce que des croyances, des traditions forgent par des habitudes de pensée, nous voudrions vous proposer le respect comme le cible de la réflexion dans le neuvième numéro de notre revue annuelle Literaport. Il y a des leçons, des leçons spirituelles, des leçons d’ironie, de tolérance qui peuvent essayer de sauver ce qu’on peut. Dans La promesse de l’aube, Romain Gary évoque sa stupeur quand sa mère admirative levait la main sur lui pour la première fois. Ayant appris qu’elle avait été insultée par les collègues de son fils qui n’a pas réagi, elle l’a giflé avec ce commentaire : « la prochaine fois que ça t’arrive, qu’on insulte ta mère devant toi, je veux qu’on te ramène à la maison sur des brancards […], en sang […]. Même s’il ne te reste pas un os intact » [1]. Jean Giraudoux est allé plus loin en constatant que « Les nations comme les hommes, meurent d’imperceptibles impolitesses ».        

            Dans notre monde de plus en plus incohérent, menaçant et menacé, qui va vers la catastrophe, l’homme lettré est captif dans le passé à la fois lumineux et suffocant. Les plaques posées sur tant de maisons européennes n’évoquent pas seulement l’excellence artistique, littéraire, philosophique ou politique. Elles commémorent des siècles de massacres et de souffrance, de haine et de sacrifices humains. 

            D’autre part, l’homme d’aujourd’hui, c’est souvent l’homme-dieu. Devenant Dieu entièrement centré sur lui-même et sur son bien-être, il a perdu, dans sa vanité, la curiosité de l’autre, la curiosité du monde (F. Nietsche, J. Derrida,  Y. Harrari). La consommation qui, dans la société moderne, est devenue « la morale de notre monde » (J. Baudrillard), est en train de détruire les bases de l’être humain, c’est-à-dire « l’équilibre que la pensée européenne, depuis les Grecs, a maintenue entre les racines mythologiques et le monde du logos ».

            Et pourtant, la dépression, une des maladies les plus fréquentes de notre temps, a des causes complexes, ce dont parle Julia Kristeva :

                "[...] blessures narcissiques, carence de la relation maternelle, absence d’idéaux paternels, etc. Toutes  conduisent le sujet déprimé à déconsidérer les liens : les liens du langage pour commencer ( le déprimé  ne parle pas, il ne croit pas à la communication, il s’enferme dans le sience et les larmes, l’inaction et  l’immobilité), les liens de la vie pour finir (le culte de la mort et le suicide s’ensuivent). On observe de plus en plus aujourd’hui que la dépression individuelle est aussi l’expression d’une détresse sociale :  perte de travail, chômage de plus ou moins longue durée, humiliations professionnelles, pauvreté,  absence  d’idéaux et de perspectives" [2].

            En plus, les flux migratoires créent les difficultés que nul n’ignore, et un sentiment d’insécurité, voire de persécution. Cependant, d’autres civilisations apportent d’autres conceptions de l’être humain. Selon Kristeva, il faut leur laisser leur place, par-delà la mondialisation en cours, pour corriger  cette mondialisation par la diversité. Car « la diversité des modèles culturels est le seul gage de respect pour cette ‘humanité’, dont nous n’avons pas de définition autre que l’hospitalité, alors que l’uniformisation technique et robotique en est, de toute évidence, la plus facile et la plus immédiate trahison »[3]. L’hospitalité dans la diversité exige une prise en considération d’autres logiques, d’autres libertés, pour rendre chaque façon d’être plus multiple, plus complexe.

            N’oublions pas les problèmes de « déchets humains » décrits par Zygmunt Bauman, ceux qui    

            "[...] pèsent toujours plus lourdement sur la culture moderne, consumériste et fluide, de l’individualisation. Ils saturent tous les secteurs les plus importants de la vie sociale, tendant à dominer les stratégies de vie et à colorer les activités les plus importants de la vie, les aménant générer leurs propres déchets sui generis :  relations humaines mort-nées, impropres, invalides ou non viables, portant aussitôt la marque de la perte imminente" [4].

            N’oublions pas non plus la liberté, ses deux conceptions qui s’appuient sur les traditions grecque, juive et chrétienne demeurant, malgré les impasses et les horreurs bien connues, notre valeur suprême (Kant, Heidegger).

            Les pierres d’angle restent importantes car tous tenons à certains principes, certaines valeurs, et il est vital, dans « un univers en proie à un fondamentalisme meurtrier, de réaffirmer certaines convictions et audaces de l’âme » (G. Steiner). Ainsi, la réflexion autour du respect qui paraît un sujet pertinent, pourrait s’organiser, entre autres, autour des thèmes suivants :

- le respect des droits de l’homme,

- le respect de la femme, de l’enfant, des parents,

-  l’impact des préjugés et de la discrimination,

-  le sens des reponsabilités éthiques…

            Les textes retenus par le Comité scientifique seront publiés en 2022. Nous attendons vos contributions pour le 15 mars 2022. Les articles sont à envoyer à l’adresse suivante : literaport@uni.opole.pl.

Les consignes éditoriales figurent sur notre site Internet : http://literaport.wfil.uni.opole.pl, onglet "Pour les auteurs".

                                                                                                            

 
[1] R. Gary, La Promesse de l’aube, Paris, Gallimard, 1980, p. 166.
[2] J. Kristeva, Diversité, c’est ma devise, [in] Diversité et culture, Paris, Cultures France, 2007, p. 11.
[3] Ibid., p.19.
[4] Z. Bauman, Vies perdues. La modernité et ses exclus, Paris, Payot & Rivages, 2006, p. 21.