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Appels à contributions
Le secret incarné. Le corps humain entre médecine et sciences secrète (revue Arcana Naturae)

Le secret incarné. Le corps humain entre médecine et sciences secrète (revue Arcana Naturae)

Publié le par Marc Escola (Source : Thibaut Rioult)

[English version below]

Appel à contributions

Le secret incarné.

Le corps humain entre médecine et sciences secrètes

Revue Arcana Naturae, numéro thématique 8 (2027)

De la Renaissance jusqu’aux seuils du XXe siècle, le corps humain n’a jamais été un simple objet biologique, mais un véritable « secret incarné » et un nœud conceptuel au carrefour de la connaissance scientifique et du savoir occulte. Le corps a souvent été perçu comme le plus grand des secrets de la Nature. Pendant des siècles, l’enquête sur le corps a représenté un champ de bataille et de collaboration entre les disciplines. Ce numéro thématique de la revue Arcana Naturae se propose d’explorer la longue durée et la profonde complexité de cette relation, en analysant comment le corps est devenu le principal territoire épistémologique partagé et disputé entre la médecine et les sciences secrètes. On prêtera particulièrement attention au corps-signe (entre manifestation et dissimulation), au corps-médium (laboratoire de forces occultes) et au corps-science (épistémologie corporelle et communautés de savoir).

Appel à contributions

De la Renaissance au XIXe siècle, le corps humain fut le lieu où les théories se heurtaient à l’expérience. Conçu comme un "secret incarné," le corps, souvent considéré comme le plus grand des secrets de la Nature, était le lieu de manifestation matérielle des forces occultes, célestes et naturelles.

Ce numéro thématique d’Arcana Naturae vise à étudier le corps comme territoire épistémologique partagé et disputé entre la médecine et les traditions relevant de la physiognomonie, de la magie, de l’alchimie et de la connaissance occulte sur la longue durée. De l’Humanisme de la Renaissance imprégné des théories antiques de Galien et d’Hippocrate jusqu’à la fin du XIXe siècle, nous explorerons comment le corps a servi de catalyseur et de laboratoire, en déterminant les convergences et les divergences de disciplines telles que la physiognomonie (lecture des signes corporels), la médecine (soins et diagnostics) et la magie naturelle (manipulation des vertus occultes). Une attention particulière sera accordée au modèle de l’Homme Microcosme, qui a servi de cadre pour décoder les correspondances entre le corps et l’univers.  Analysés sur la longue durée, on prêtera également attention à l’évolution de ces pratiques et à leurs métamorphoses en criminologie, psychiatrie et psychosomatique durant le XIXe siècle.

Nous sollicitons des contributions qui analysent comment l’enquête sur le corps a structuré les pratiques de la connaissance, l’éthique de la divulgation et les modèles expérimentaux durant cette vaste période historique.

Les contributions devront se concentrer sur les manières dont le corps a généré une « science des secrets » singulière entre 1400 et les seuils du XXe siècle, en s’inscrivant dans les axes et nœuds conceptuels suivants :

1. Le corps-signe, entre manifestation et dissimulation

  • Le corps comme texte : L’évolution de la physiognomonie, de la cranioscopie et de la chiromancie comme systèmes de décryptage des signes et leur persistance en tant que pratiques diagnostiques et pronostiques.
  • Typologies corporelles du XIXe siècle : La permanence des méthodologies physiognomoniques dans la criminologie (ex. Lombroso), l’anthropologie physique et la psychiatrie (ex. la recherche de stigmates dégénératifs) comme nouvelle approche du "secret" du corps déviant.
  • Esthétique et pouvoir : L’utilisation des typologies corporelles pour la taxonomie sociale, le jugement moral et les pratiques judiciaires à travers les siècles.

2. Le corps-médium, laboratoire de forces occultes (médecine, magie et psyché)

  • Expérimentation et transfert d’énergie : Le corps comme champ d’action pour les pratiques de magie naturelle (et sa transformation ultérieure en magnétisme et forces occultes), visant à manipuler ou transférer les forces (ex. alchimie, imagination, spiritus, fluide, magnétisme animal, mesmérisme, médiumnité).
  • La force de l’esprit : Le passage de l’enquête sur les fluides corporels à l’analyse des forces intérieures (hypnose, hystérie, spiritualisme) et l’établissement de la psychiatrie comme discipline traitant du secret "caché" (mais effectif) du corps.
  • Tension entre théorie médicale, empirisme et occultisme : L’équilibre entre les théories médicales enseignées (Galien, Hippocrate, etc.), l’empirisme de la médecine anatomique et clinique, et la recherche de qualités occultes (du vitalisme aux premières théories psychosomatiques). Ces tensions épistémologiques pourront également être explorées dans leurs déclinaisons sociales : charlatans, « empiriques », chirurgiens, médecins, etc.

3. Le corps-science, épistémologie corporelle et communautés de savoir

  • Divulgation et vulgarisation : Le rôle du mage, du médecin, du scientifique dans la médiation de l’accès aux secrets du corps entre les communautés académiques, les publications populaires (ex. littérature des Secreti et almanachs) et les cercles ésotériques (ex. théosophie).
  • Le rôle des savoirs périphériques : L’interaction entre les théories académiques et les connaissances pratiques, magiques et populaires liées au corps (par exemple, les guérisseurs, rebouteux, « panseurs de secrets »).
  • Le corps sacré et ses proportions : L’étude des proportions corporelles illustre la manière dont le corps devient un instrument de connaissance partagée. Entre mesures scientifiques, canons esthétiques et interprétations symboliques, les dimensions du corps ont servi à codifier l’harmonie, évaluer la santé ou inférer des traits moraux, tout en circulant entre communautés savantes, praticiens et cercles ésotériques.
  • Secrets des mains : Les mains sont l’un des lieux privilégiés de l’expression du secret. Dans de nombreuses traditions, elles deviennent un instrument de transmission occulte — main lulliste, codage gestuel ou signes initiatiques — permettant de communiquer des savoirs cachés ou de manipuler des forces invisibles.

Règles de soumission

Résumé : Les chercheurs intéressés sont invités à soumettre un résumé (max 600 mots), accompagné d’une brève notice biographique (max 300 mots).

Date limite d’envoi des propositions résumées : 30 mai 2026.

Notification d’acceptation : 30 juin 2026.

Soumission de l’article pour revue en double aveugle : 28 février 2027.

Longueur des articles : Entre 30.000 et 50.000 caractères espaces inclus (notes et bibliographie incluses). Veuillez suivre les normes éditoriales d’Arcana Naturae.

Contact : Veuillez envoyer votre proposition à : arcana.revue@gmail.com.

Donato Verardi & Thibaut Rioult 

 Call for Contributions

The Incarnate Secret: The Human Body 

Between Medicine and Secret Sciences

Arcana Naturae Journal, Thematic Issue 8 (2027)

From the Renaissance up to the thresholds of the 20th century, the human body was never a simple biological object, but a genuine “incarnate secret” and a conceptual nexus at the crossroads of scientific knowledge and occult lore. The body has often been perceived as the greatest of Nature’s secrets. For centuries, the inquiry into the body represented a battlefield and a point of collaboration between disciplines. This thematic issue of the Arcana Naturae Journal proposes to explore the long duration and deep complexity of this relationship, analyzing how the body became the primary epistemological territory shared and disputed between medicine and the secret sciences. Particular attention will be paid to the body-as-sign (between manifestation and dissimulation), the body-as-medium (a laboratory for occult forces), and the body-as-science (corporeal epistemology and knowledge communities).

 
Call for Contributions

From the Renaissance to the 19th century, the human body was the site where theories collided with experience. Conceived as an "incarnate secret," the body, often considered the greatest of Nature’s secrets, was the material manifestation of occult, celestial, and natural forces.

This thematic issue of Arcana Naturae aims to study the body as an epistemological territory shared and disputed between medicine and traditions relating to physiognomy, magic, alchemy, and occult knowledge over the longue durée. From Renaissance Humanism steeped in the ancient theories of Galen and Hippocrates up to the end of the 19th century, we will explore how the body served as a catalyst and a laboratory, determining the convergences and divergences of disciplines such as physiognomy (the reading of corporeal signs), medicine (care and diagnostics), and natural magic (the manipulation of occult virtues). Specific attention will be paid to the Microcosm Man model, which served as a framework for decoding the correspondences between the body and the universe. Analyzed over the long term, attention will also be paid to the evolution of these practices and their metamorphoses into criminology, psychiatry, and psychosomatics during the 19th century.

We invite contributions that analyze how the inquiry into the body structured knowledge practices, the ethics of disclosure, and experimental models during this vast historical period.

Contributions should focus on the ways in which the body generated a unique "science of secrets" between 1400 and the thresholds of the 20th century, by engaging with the following conceptual axes and nodes:

1. The Body-as-Sign: Between Manifestation and Dissimulation

  • The Body as Text: The evolution of physiognomy, cranioscopy, and chiromancy as systems for deciphering signs and their persistence as diagnostic and prognostic practices.
  • Corporeal Typologies of the 19th Century: The permanence of physiognomic methodologies in criminology (e.g., Lombroso), physical anthropology, and psychiatry (e.g., the search for degenerative stigmata) as a new approach to the "secret" of the deviant body.
  • Aesthetics and Power: The use of corporeal typologies for social taxonomy, moral judgment, and judicial practices throughout the centuries.

2. The Body-as-Medium: A Laboratory for Occult Forces (Medicine, Magic, and Psyche)

  • Experimentation and Energy Transfer: The body as a field of action for natural magic practices (and their later transformation into magnetism and occult forces), aiming to manipulate or transfer forces (e.g., alchemy, imagination, spiritus, fluid, animal magnetism, Mesmerism, mediumship).
  • The Force of the Mind: The shift from the investigation of corporeal fluids to the analysis of inner forces (hypnosis, hysteria, spiritualism) and the establishment of psychiatry as a discipline dealing with the "hidden" (but effective) secret of the body.
  • Tension Between Medical Theory, Empiricism, and Occultism: The balance between taught medical theories (Galen, Hippocrates, etc.), the empiricism of anatomical and clinical medicine, and the search for occult qualities (from vitalism to early psychosomatic theories). These epistemological tensions may also be explored in their social variations: charlatans, "empirics," surgeons, physicians, etc.

3. The Body-as-Science: Corporeal Epistemology and Knowledge Communities

  • Disclosure and Popularization: The role of the mage, the physician, and the scientist in mediating access to the body’s secrets between academic communities, popular publications (e.g., Secreti literature and almanacs), and esoteric circles (e.g., Theosophy).
  • The Role of Peripheral Knowledge: The interaction between academic theories and practical, magical, and popular knowledge related to the body (for example, healers, bone-setters, "secret healers").
  • The Sacred Body and its Proportions: The study of corporeal proportions illustrates how the body becomes an instrument of shared knowledge. Between scientific measurements, aesthetic canons, and symbolic interpretations, the body’s dimensions served to codify harmony, assess health, or infer moral traits, circulating among scholarly communities, practitioners, and esoteric circles.
  • Secrets of the Hands: The hands are one of the privileged sites for the expression of the secret. In many traditions, they become an instrument of occult transmission—Lullian hand, gestural coding, or initiatory signs—allowing for the communication of hidden knowledge or the manipulation of invisible forces.
     
    Submission Guidelines
  • Abstract: Interested researchers are invited to submit an abstract (max 600 words), accompanied by a brief biographical note (max 300 words).
  • Deadline for Abstract Submission: May 30, 2026.
  • Notification of Acceptance: June 30, 2026.
  • Full Article Submission for Double-Blind Review: February 28, 2027.
  • Article Length: Between 30,000 and 50,000 characters (including spaces, notes, and bibliography). Please follow the editorial guidelines of Arcana Naturae.
  • Contact: Please send your proposal to: arcana.revue@gmail.com.
     

Donato Verardi & Thibaut Rioult