Actualité
Appels à contributions
Le Roi-Grenouille ou Henri-de-Fer des Grimm : quelle destinée dans la littérature de jeunesse?

Le Roi-Grenouille ou Henri-de-Fer des Grimm : quelle destinée dans la littérature de jeunesse?

Publié le par Marc Escola (Source : Christiane Connan-Pintado et Catherine Tauveron)

 

Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, CELIS (EA 4280) et Maison des Sciences de l'Homme

 

 

COLLOQUE INTERNATIONAL

« LE ROI-GRENOUILLE OU HENRI-DE-FER »  DES  GRIMM (KHM1) :

QUELLE DESTINEE DANS LA LITTERATURE DE JEUNESSE ?

Clermont-Ferrand, les 12, 13 et 14 octobre 2016

 

APPEL A COMMUNICATIONS

Le colloque se propose de faire le point sur la destinée et le mode de présence (ou d’absence) du conte des Grimm intitulé « Le roi-grenouille » dans la littérature de jeunesse d’hier et d’aujourd’hui, en France et ailleurs. Le choix du « Roi-grenouille » peut se justifier de plusieurs manières :

Considéré par les Grimm comme « le plus ancien et le plus beau » des contes, il est placé en position inaugurale dès la première édition des Kinder- und Hausmärchen (1812) et ne changera pas de place tout au long des rééditions. Une telle position le rend emblématique de l’ensemble du projet des auteurs. Cependant, en France, du moins, il n’a fait l’objet d’aucune étude critique ample et approfondie. Le conte fait partie de ceux qui dérangent. Sa dimension sexuelle est évidente, bien que  les Grimm se soient employés à la gommer au fil des versions. Si évidente que son premier traducteur en anglais,  Edgar Taylor (1823), a pris sur lui d’effacer ce que la scène du lit pouvait avoir de troublant et qu’il a donné lieu à un nombre important   de réécritures érotiques pour adultes, aux Etats-Unis notamment. Il est toujours possible de le lire innocemment comme un conte didactique montrant qu’il est important et gratifiant à terme de tenir ses promesses, mais c’est oublier que celui qui impose à la jeune fille  la conjonction rebutante avec la grenouille n’est autre que le père, que la projection de la grenouille contre le mur est un acte de violence inouï et  que, comme le remarque Maria Tatar, « les protagonistes des contes atteignent rarement leurs objectifs en observant des codes déontologiques stricts. » Conséquence ou non de ce qui précède, le conte est peu réédité en singleton dans sa version originale mais est la source d’innombrables réécritures à destination de l’enfance. Sans avoir bénéficié, comme « Blanche-Neige », du vecteur disneysien[1], « Le roi-grenouille » semble l’un des contes les plus connus et, dans le même temps et paradoxalement, le plus mal connu des contes connus. Le baiser final accordé par la jeune fille à la grenouille (et l’heureuse transformation qui s’en suit)  paraît à tout un chacun un fait établi, alors même qu’il ne figure pas dans le conte. Dans la mémoire  collective, partagée par le plus grand nombre des « réécriveurs », ne reste du conte, le plus souvent, que ce qui ne s’y trouve pas : la scène fantasmée et hollywoodienne du baiser, dont l’origine reste obscure. Ont disparu le puits et la balle,  le père régisseur de la sexualité de sa fille,  le dégoût et la rébellion violente de la jeune fille contre la proposition indécente de la grenouille, et pour finir, corps et biens,  le fidèle Henri et ses cerceaux de fer.

Il s’agit de se demander comment la littérature pour la jeunesse, ici et ailleurs, parvient à composer avec un tel conte, emblématique mais dérangeant, perdu de vue dans sa version originale et cependant continûment présent dans la mémoire collective. Sans faire l’économie d’un éclairage historique préalable  (Etude des variantes apportées par les frères Grimm d’une édition à une autre et de leurs éventuels commentaires – Etude de l’ensemble des traductions françaises du XIXe siècle  et de leur mode de présence éditoriale : recueil ou singleton, paratexte, illustrations), les questions possibles peuvent se décliner comme suit :

- Aujourd’hui, sous quelles formes et avec quelle ampleur le conte est-il réédité à destination de la jeunesse ? (Hors d’Allemagne) quelles traductions ? quelles adaptations ? quelles illustrations accompagnatrices qui mettent au jour quelles interprétations ?

- Quelles sont les formes – génériques, éditoriales, médiatiques  (albums, petits romans, pièces de théâtre, poèmes, bandes dessinées, cinéma…) – et  les enjeux des réécritures attestées du conte ? Quel degré de fidélité au conte-source ? L’arrière-plan textuel est-il le conte source même, sa version fantasmée ou encore les réécritures précédentes, dans un phénomène général de réécriture des réécritures ? Quelles reconfigurations, altérations, réorientations ou renforcements éventuels de la portée symbolique du conte source ?

- Quelle réception chez le lectorat enfantin visé ? Le conte est-il adapté aux préoccupations de la petite enfance, comme le supposent les programmes français pour l’école qui le recommandent pour le cycle 2 (5-6-7 ans) ? Quelles lectures, pour guider la réception des élèves et en amont la conduite de leurs enseignants, dans les documents pédagogiques disponibles ?

 

Comité d'organisation

Christiane Connan-Pintado,  TELEM EA 4195, Université Bordeaux-Montaigne

Catherine Tauveron, CELLAM, Université Rennes 2

Pascale Auraix Jonchière, (directrice) CELIS, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

Frédéric Calas, CELIS, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

 

Comité scientifique

Sandra Beckett (Brock University, Canada)

Ruth Bottigheimer (Université Stony Brook, USA)

Maria Tatar, (Université de Harvard, USA)

Jack Zipes, (Université du Minnesota, USA)

Nelly Chabrol Gagne (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France)

Martine Hennard Dutheil de la Rochère (Université de Lausanne, Suisse)

Bernhard Lauer (Directeur du musée des frères Grimm à Kassel, Allemagne)

Elvira Luengo (Université de Saragosse, Espagne)

 

Les communications de 30 minutes se feront en français ou en anglais. Les propositions (titre et résumé d'une dizaine de lignes), accompagnées d'une rapide biobibliographie, sont à adresser avant le 15 janvier 2016 à

christiane.connan-pintado@orange.fr

ctauveron@orange.fr

 

Les réponses du comité scientifique seront données fin février.

 

[1] « La princesse grenouille », produit tardif de la firme Disney, en 2009, n’a, par ailleurs,  guère eu de succès.