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Journée d'étude : "Le passé qui ne veut pas passer : le(s) discours nationaliste(s) en Europe" (Mulhouse)

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Hugo Doucelin)

Journée d’étude

« Le passé qui ne veut pas passer[i] : le(s) discours nationaliste(s) en Europe »

 

Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes (ILLE EA 4363)

Université de Haute-Alsace, Mulhouse, France

23 avril 2020

 

PRÉSENTATION

Après un recul qui suit les guerres du XXe siècle, le discours nationaliste ressurgit avec une nouvelle ampleur dans les années 2000. Aujourd’hui, les mouvements séparatistes et les tensions à caractère nationaliste persistent en Europe centrale, mais surtout dans l’espace ex-soviétique où les mouvements remettent au goût du jour les discours et la symbolique identitaires du siècle passé.

Ruth Wodak remarque que de nos jours, l’identité nationale se transforme en une identité transnationale, dite européenne[ii]. Cependant, malgré les réflexions portant sur l’identité européenne, l’interculturalité et le transculturel, les mouvements nationalistes reprennent progressivement leur force. Ainsi, il devient possible de parler de discours nationaliste à double facette : le discours nationaliste pan-européen et le discours nationaliste qui est propre à chaque pays ou région. Dans cette dualité, certains se positionnent en tant que protecteurs de l'identité nationale contre les flux migratoires qui représentent un danger. D’autres se nomment défenseurs de toute l’Europe traditionnelle chrétienne. En effet, des rubriques dans la presse quotidienne nous renseignent sur l’apparition et l’activité des organisations européennes, des partis politiques nationalistes, des mouvements néo-nazis. Les noms de ces mouvements évoquent des notions telles que nation, identité, Europe, patrie, union/coalition, front, combat, résistance, indépendance, liberté, race. Ainsi, la notion de « nation » reste au centre de la polémique. Comme l’indique Greta Komur-Thilloy, ce terme introduit par de grands pays impériaux était basé sur la langue commune[iii]. Cependant, les mouvements nationalistes d’aujourd’hui se concentrent plutôt sur la religion, les traditions et l’identité culturelle avant d’aborder la notion de « nation ».

En s’attachant à l’héritage du siècle passé, les mouvements nationalistes construisent leur discours et utilisent les mêmes arguments, les mêmes idées et les mêmes supports de communication. Ainsi, un parti politique italien d’extrême droite réutilise des affiches de propagande de la Deuxième guerre mondiale dans sa politique anti-migratoire. En Russie et dans quelques autres pays de l’Europe de l’Est, des mouvements néo-nazis mettent à profit les symboles du Troisième Reich dans la construction de leur message. C’est ainsi que l’hostilité contre certaines confessions transparaît dans leur discours. Selon le Figaro, l’antisémitisme est en hausse de 74 % en France en 2018[iv].

Nous vivons à une époque où le discours nationaliste polarise à nouveau le monde entre ‘nous’ et ‘les autres’ en s’appuyant sur les différences culturelles, linguistiques, ou encore religieuses. L’Autre est identifié comme ennemi, mais cet ennemi est multiple comme le remarque à juste titre Luigi Zoja qui trace le lien entre l’« ennemi juif », l’« ennemi soviétique » et la « menace islamiste[v] ».

Face à la pluralité de menaces, leur caractère religieux et la formation de l’identité européenne, est-il toujours légitime de parler du discours nationaliste ? Y a-t-il d’autres termes possibles pour le définir ? Qu’est-ce qu’on entend aujourd’hui par ce terme ? Sa signification est-elle toujours la même ? Quel est le rapport qu’il entretient avec le discours « identitaire » ? Quelles sont les zones de contact entre ces discours ?

En nous interrogeant sur ces questions, nous proposons une journée d’étude autour des axes suivants :

  • La réflexion sur le caractère dit « nationaliste » du discours. Est-il toujours légitime de parler du discours nationaliste dans le contexte d’hostilité basée sur les différences culturelles et/ou religieuses ?
  • Quels sont les liens entre le discours nationaliste d’aujourd’hui et le discours nazi/fasciste ?
  • Quelles sont les techniques discursives de représentation de l’Autre dans le discours politique et médiatique d’aujourd’hui ?
  • La haine fait-elle partie du discours nationaliste ? Quelles sont les stratégies de la mise en discours de la haine ?
  • Comment s’effectue la construction discursive de l’identité de l’ennemi ?
  • Y a-t-il des contradictions entre la construction discursive de l’identité européenne transnationale et celle du discours nationaliste ?

Envoi des propositions :

Les propositions de communication de 300 mots environ accompagnées d’une note biobibliographique du contributeur de 50-80 mots (avec adresse électronique) en français ou en anglais seront à adresser à Maria Shvetsova (maria.shvetsova@uha.fr) et Tatiana Musinova (tatiana.musinova@uha.fr) avant le 1er février. Les réponses seront envoyées pour le 15 février.

 

Frais d’inscription : 50 euros (30 euros pour les doctorants).

Pas de frais d’inscription pour les enseignants et doctorants de l’UHA.

 

Comité d’organisation

Maria SHVETSOVA, doctorante ILLE, Université de Haute-Alsace, France

Adel AHADRI, doctorant ILLE, Université de Haute-Alsace, France

Hugo DOUCELIN, doctorant ILLE, Université de Haute-Alsace, France

Tatiana MUSINOVA, Maître de conférences, ILLE, Université de Haute-Alsace, France

Greta KOMUR-THILLOY, Professeure des universités, ILLE, Université de Haute-Alsace, France

 

BIBLIOGRAPHIE

ADERSON B. (1991) Imagined Communities: Reflexions on the Origins and Spread of Nationalism. London, Verso.

BUNZL M. (2007) Anti-Semitism and Islamophobia: Hatreds Olds and News in Europe. Chicago, IL, Prickly Paradigm Press.

CALABRESE L., VENIARD M. (2018) Penser les mots, dire la migration. Louvain-La-Neuve, Académia.

CHARAUDEAU P. (dir.) (2013) La conquête du pouvoir. Opinion, Persuasion, Valeurs, les discours d’une nouvelle donne politique. Paris, L’Harmattan.

CHECKEL J., KATZENSTEIN P. (2009) European Identity. Cambridge, Cambridge University Press.

CHOULIARAKI L., MORSING M. (eds) (2001) Media, Organizations and Identity. Basingstoke, Palgrave.

COX M., SHEARMAN P. (2000) ‘After the fall: The extreme nationalism in the post-communist Russia’, in HAINSWORTH, P. (ed.), The Politics of Extreme Right: From the Margins to the Mainstream, London, Pinter.

DELANTY G., WODAK R. & JONES P. (eds.) (2011) Migration, Identity, and Belonging. 2nd edn. Liverpool, Liverpool University Press.

DELANTY G. & KUMAR K. (eds.) (2006) The SAGE Handbook of Nations and Nationalism. London, SAGE.

GELLNER, J. (1983) Nations and Nationalism. Oxford, Blackwell.

Human Rights First (2014) ‘WE are not Nazis, but…’: The Rise of Hate Parties in Hungary and Greece and Why America Should Care. New York, Human Rights First.

KLOCH Z., « Language and Social Change. Public Communication, Nation and Identity », Psychology of Language and Communication. Vol. 16, no. 3, pp. 253-267.

KOMUR-THILLOY, G., CELLE A. (dir.) (2010) Le discours du nationalisme en Europe. Paris, L’Improviste.

L’HEUILLET H. (2017) Tu haïras ton prochain comme toi-même. Paris, Albin Michel.

LUIGI Z. (2018) Paranoïa : la folie qui fait l'histoire. Paris, Les Belles Lettres.

MUSOLFF A. (2010) Metaphor, Nation, and the Holocaust. London, Routledge.

RICHARDSON J. E., WODAK R. (2009) ‘The impact of visual racism: Visual arguments in Political leaflets of Austrian and British far-right parties’, Controvercies. 6 (2): 45-77.

SCHORI LIANG C. (2007) Europe for the Europeans: the Foreign and Security Policy of the Populist Radical Right. London, Ashgate.

WODAK R. (2015) The Politics of Fear: What Right-Wing Populist Discourses Mean, Los Angeles, SAGE Publications Ltd.

 

NOTES

[i] Le titre d’un article d’Ernst Nolte publié en 1986 dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

[ii] WODAK Ruth, The Politics of Fear: What Right-Wing Populist Discourse Mean ?, SAGE, 2015, p. 77.

[iii] KOMUR-THILLOY Greta, « Du repli nationaliste à l’ouverture européenne : le cas de la Pologne », dans Komur-Thilloy et Celle (dir.), Le discours du nationalisme en Europe, Paris, Improvista, 2008, p. 76.

[iv] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/02/11/01016-20190211ARTFIG00202-la-justice-saisie-apres-plusieurs-inscriptions-antisemites-a-paris.php [consulté le 29/11/2019].

[v] LUIGI Zoja, Paranoï  : la folie qui fait l'histoire, Paris, Les Belles Lettres, 2018, p. 419-425.